Actualité
Appels à contributions
Le chemin de Damas. Colloque Graphè 2025 (Arras)

Le chemin de Damas. Colloque Graphè 2025 (Arras)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : J.-M. Vercruysse)

 Au sein de l’axe TransLittéraires du centre de recherche Textes et Cultures (UR 4028) à l’université d’Artois, les colloques annuels Graphè ont pour objet d’étude la Bible et son influence sur le patrimoine culturel, littéraire et artistique des nations. L’exploration de cet horizon intertextuel est menée dans trois domaines principaux : la Bible en tant que littérature, la Bible et les productions littéraires et esthétiques, et enfin la Bible comme champ d’études épistémologiques et herméneutiques. 

LE CHEMIN DE DAMAS

Jeudi 13 et vendredi 14 mars 2025

Université d’Artois, pôle d’Arras 

            Envoyé en mission par le grand prêtre de Jérusalem, le pharisien Saül de Tarse se dirigeait vers Damas avec quelques compagnons pour persécuter les sectateurs de Jésus de Nazareth. En chemin, il est subitement jeté à terre, aveuglé par une lumière éblouissante. La voix de Jésus l’interpelle : « Pourquoi me persécutes-tu ? ». Conduit jusqu’à Damas, il demeure durant trois jours dans l’obscurité de sa cécité. Puis, un juif chrétien averti par Dieu au cours d’une vision, Ananias, lui impose les mains pour qu’il recouvre la vue, et le baptise. Le revirement est immédiat et total. Saül, que l’on appellera aussi Paul, proclamera désormais que Jésus ressuscité, fils de Dieu, est le Messie. Il se met à prêcher dans les synagogues de Damas. L’épisode est relaté à trois reprises dans les Actes des apôtres (Ac 9, 22, 26) et évoqué dans les épîtres pauliniennes (notamment Ga 1, 15-16).

            Que le chemin de Damas ait conduit à une adhésion à la nouvelle religion ou à une vocation d’un Saül qui n’a pas renié sa période juive, il entraîne un « retournement personnel » déterminant pour l’apôtre des Gentils et pour le christianisme naissant. Augustin nous explique que « la voix venue du ciel a terrassé le persécuteur et a fait surgir le prédicateur : elle a tué Saül et vivifié Paul ». On sait que les épîtres pauliniennes ont été déterminantes dans la conversion de l’évêque d’Hippone. Cette grâce divine est mise en scène depuis le théâtre médiéval, dans le Mystère des Actes des Apôtres d’Arnoul Gréban (deuxième journée), jusqu’au Saül de Tarse du poète O. V. de L. Milosz (1913).

            Comme l’écrit Marie-Françoise Baslez : « Paul restera la figure emblématique d’un type de conversion, brutale, immédiate, totale, dont l’image fulgurante a frappé les esprits ». Quelle est la portée de cette valeur d’exemplarité : éthique, pédagogique, pastorale, édifiante ? Jean Chrysostome écrit sept panégyriques sur Paul dont un consacré à sa conversion (v. 390). Bossuet, à son tour, en rédigera un pour souligner la faiblesse de l’apôtre face à la puissance divine (1657). La lumière, aveuglante et révélatrice, se révèle différemment dans la littérature moderne. Pour Victor Hugo, « le chemin de Damas est nécessaire à la marche même du progrès (…) Le progrès se fera par une suite d’éblouissements ». Dans Les Désarçonnés, Pascal Quignard convoque Paul pour réfléchir sur les « tout à coup » de l’existence humaine quand Emmanuel Carrère, dans Le Royaume, nous dévoile les sentiments et les émotions qui animent Saül.

            La scène a donné lieu à de nombreuses représentations picturales : les miniatures des manuscrits sont souvent narratives ; Michel Ange souligne la peur qui s’empare de Paul et de ses compagnons dans la chapelle Pauline du Vatican et Caravage réserve une place prépondérante au cheval qui n’est pas mentionné dans les Écritures et n’apparaît qu’au XIIe siècle.

            « Trouver son chemin de Damas » est devenu proverbial et l’expression désigne aujourd’hui un moment de révélation, un tournant subit et décisif dans une vie, un changement complet d’idée ou d’orientation. Mais nombreux sont les « chemins de Damas » – certains rocailleux, d’autres embourbés, d’autres encore sombres et incertains. Au regard des sources bibliques et apocryphes, dans une perspective diachronique et une démarche interdisciplinaire, l’appel à communications porte sur les récritures littéraires et artistiques que l’épisode fondateur du chemin de Damas lié à Paul a suscitées dans la culture occidentale afin de retracer les grandes étapes de sa réception.

Les actes seront publiés dans le numéro Graphè 34 à l’Artois Presses Université.

Les propositions de communications (titre, court résumé et bref C.V.) sont à envoyer avant le 30 août 2024 à : jmarc.vercruysse@univ-artois.fr