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Corbière et Cie (Florence & Paris)

Corbière et Cie (Florence & Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Francesco Vignoli)

Appel à communications

Corbière et Cie (Florence/Paris)

Colloque international (Florence, 21 février 2025 / Paris, 14 novembre 2025)

Responsables scientifiques :

Michela Landi (Université de Florence) ; Henri Scepi (Sorbonne Nouvelle) ; Francesco Vignoli (Université de Florence)

Partenaires :

Société des Études Romantiques et Dix-neuviémistes (SERD) ; Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle (CRP19)

 

Alors je chanterais (faux, comme de coutume)

Et j’irais me coucher seul dans la trouble brume :

Éternité, néant, mort, sommeil, ou réveil

(« Sous un portrait de Corbière », vv. 14-16)

 

– Moi, – cœur eunuque, dératé

De ce qui mouille et ce qui vibre...

Que me chante leur Liberté,

À moi : toujours seul. Toujours libre

(« Paria », vv. 5-8)

Il y a 50 ans, Tristan Corbière (1845-1875) était encore « un poète à inventer » : ainsi l’avait défini Carlo Bo dans une réflexion parue à l’occasion du centenaire de sa naissance en 1945. Après plus d’un demi-siècle, la situation a heureusement évolué et aujourd’hui le poète breton est désormais sorti de son oubli littéraire. Pour lui rendre hommage lors du sesquicentenaire de sa mort, l’Université de Florence et l’Université Sorbonne Nouvelle organisent – avec le soutien de la SERD et du CRP19 – un colloque intitulé Corbière et Cie. Comme l’intitulé le suggère, la journée vise à explorer les multiples connexions que le poète entretient avec le milieu littéraire, au cours de sa courte vie. En effet, en dépit de l’image qu’il donne de soi-même dans son œuvre, « ce solitaire est ouvert sur autrui », comme l’avait bien vu Christian Angelet. 

Dans les dernières années, plusieurs colloques et journées d’étude ont été consacrés à Tristan Corbière. Yann Mortelette et Jean-Luc Steinmetz ont organisé un colloque les 3 et 4 mars 2017 à l’Université de Bretagne occidentale, évènement suivi par une journée d’études à l’Université Rennes 2 (dirigée par Esther Pinon et Xavier Bourdenet) le 22 janvier 2020 et par un colloque en lignée organisée par Jean-Marc Hovasse et Henri Scepi (CELLF19-21 et CRP19) dans la même période. 

Les deux journées d’étude, qui se dérouleront entre Paris et Florence, se proposent non seulement d’ouvrir pour la première fois à l’Italie – et donc à une perspective européenne – les études corbiériennes mais aussi de mettre en lumière d’autres aspects du « chevalier errant de la Triste figure », comme Laforgue s’amusait à l’appeler. Suivant l’idée selon laquelle « la poésie de Corbière est profondément relationnelle, peut-être jusque dans les ascèses de solitude […] », comme l’observe à juste titre Benoît Houzé dans le dernier numéro des Cahiers Tristan Corbière (2024) justement intitulé Relations, l’idée pivot de ce projet est de relire l’image de « Tristan » ainsi que sa production à partir des figures et des textes constituant le riche milieu du poète. Notre intention est d’explorer cet espace relationnel dans toutes ses formes : socio-historiques, symboliques, intertextuelles, interdisciplinaires. 

Le colloque, en deux journées, propose la bipartition thématique suivante

Journée 1 (Florence, 21 février 2025) : Tristan Corbière peintre-poète : textes et images 

Journée 2 (Paris, 14 novembre 2025) : Autour de Corbière : le milieu social et littéraire

1. Tristan Corbière peintre-poète : textes et images

Lors de la première journée il sera question de l’œuvre poétique et picturale de Corbière dans une perspective hypertextuelle, comparatiste et interartistique. S’il est convenu de considérer désormais Les Amours jaunes comme un palimpseste citationnel, il s’agira de se demander, par exemple, dans quelle mesure Corbière s’appuie-t-il à d’autres sources pour bâtir son œuvre ; quels sont les voix qu’il privilégie, et si elles appartiennent ou non à son entourage. Une attention particulière mérite l’œuvre picturale de Corbière :  puisqu’elle est encore presque inconnue aux chercheurs, toute proposition de communication portant sur le sujet et notamment sur le traitement corbiérien de la caricature est la bienvenue. Nous invitons aussi les chercheurs à réfléchir autour des sources non littéraires des Amours jaunes : elles sont peu étudiées et une analyse des éléments picturaux et musicaux dans cet ouvrage pourrait s’avérer très profitable.

2. Autour de Corbière : le milieu social et littéraire

Dans le cadre de la deuxième journée, nous nous intéressons à la manière dont Corbière se rapporte à son milieu : famille, amis, collègues, poètes, artistes. Comment l’espace social et littéraire influence-t-il son écriture et se rend-il visible dans son œuvre ?  Toute étude portant sur les fréquentations de Corbière seront les bienvenues. C’est le cas par exemple d’Armida Cucchiani, la femme dont Tristan était amoureux. Une autre piste de lecture s’intéresse aux relations entre Corbière et d’autres artistes contemporains. Il s’agirait ici de mettre en valeur les affinités et/ou les différences entre Corbière et les autres artistes fréquentant le même milieu.  Semblablement, il serait souhaitable d’explorer les éventuels apports, dans la vie et la production de Corbière, d’autres « milieux » symboliques, appartenant à d’autres lieux et d’autres époques.

Modalités de soumission

Les propositions de communication, en français, doivent comporter un titre, un résumé et une courte notice biographique. Elles doivent être envoyées avant le 15 septembre 2024 à Francesco Vignoli (francesco.vignoli@unifi.it). Le comité scientifique se prononcera au sujet des propositions retenues avant le 15 novembre 2024. Les communications sont acceptées uniquement en français.

Bibliographie indicative

Amara, Marie-France, Tristan Corbière, Huysmans, Laforgue : une écriture à rebours, thèse de doctorat, Université de Nancy, 1992.

Angelet, Christian, La poétique de Tristan Corbière, Bruxelles, Palais des Académies, 1961.

Balcou, Jean, « De Baudelaire à Corbière : Des tableaux parisiens aux scènes de rue », RHLF, 118e année, no 1, pp. 67-72.

Bernardelli, Giuseppe, « I materiali e le fonti », Tre studi su Tristan Corbière, Udine, Gianfraco Angelico Benvenuto Pensiero, 1981, pp. 60-73.

—, La poesia a rovescio. Saggio su Tristan Corbière, Milano, Vita e Pensiero, 1981.

Bertetti, Fabrizio, « La Femme dans la poésie symboliste française. Les poètes mineurs », Italies, no. 3, 1999, pp. 276-297.

Billy, Dominique, La Conquête du Parnasse par Tristan Corbière, Paris, Garnier, 2023.

Bogliolo, Giovanni, Corbière e le sue maschere, Urbino, Quattro venti, 1984.

Burch, Francis, Tristan Corbière : l’originalité des Amours jaunes et leur influence sur T. S. Eliot, Paris, Nizet, 1970.

Déchanet-Platz, Fanny, « L’insomnie créatrice chez Musset, Hugo, et Corbière », Dix-neuf : Journal of the Society of Dix-Néuviemistes, 16e année, no. 3, 2012, pp. 271-282.

Gleize, Jean-Marie, « Le lyrisme à la question. Tristan Corbière », Poésie et figuration, Paris, Seuil, 1983, pp. 104-123.

Gondolle, Sophie, « Corbière et La Landelle écrivains de la mer », RHLF, 118e année, no 1, pp. 57-66.

Guyaux, André, « Spleen et dérision chez Tristan Corbière », Atti del XV convegno della società universitaria per gli studi di lingua e letteratura francese, 1990, pp. 129-134.

Houzé, Benoît, « Éditorial », Cahiers Tristan Corbière (désormais CTC), no. 5, 2022.

Ischi, Stéphane, « Charles Cros et Tristan Corbière, itinéraires parallèles », CTC, no. 2, 2019, pp. 67-82.

Jannini, Pasquale Aniel, Introduzione alla lettura de Les Amours jaunes di Tristan Corbière, Edizioni dell’Ateneo, Roma, 1969.

––, Un altro Corbière, Roma, Bulzoni Editore, 1977.

Lair, Samuel, « Corbière et les peintres : esquisse d’un état des lieux », RHLF, 118e année, no 1, pp. 17-24.

Loubier, Pierre, « Deux flâneurs, parallèlement. Paul Verlaine, Tristan Corbière », Revue Verlaine, no. 17, 2020, pp. 91-103.

Martinelli, Lorella, Retorica e argomentazione nelle Amours jaunes di Tristan Corbière, Bologna, Carocci, 2018.

Meitinger, Serge, « L’ironique antiromantique de Tristan Corbière », Littérature, 13e année, no. 51, 1983, pp. 41-58.

Mortelette, Yann, « Corbière, Hugo et les poètes du Parnasse », RHLF, 118e année, no. 1, pp. 71-84.

Poupart, René, « Tristan Corbière et Antonio Nobre : affinités spirituelles, suggestions poétiques, rapports intertextuels », Études de philologie romane et d'histoire littéraire offertes à Jules Horrent à l'occasion de son soixantième anniversaire, Liège, J.-M. D'Heur et N. Cherubini Éditeurs, 1980, pp. 779-90.

Rannou, Pascal, De Corbière à Tristan : Les Amours jaunes, une quête de l’identité, Paris, Champion, 2019 [2006].

Roger, Thierry, La Muse au couteau. Lecture des Amours jaunes de Tristan Corbière, Rouen, Presses de l'Université de Rouen et du Havre, 2019.

Roset, Coralie, « De l’Alfred mussé dans du Tristan ? », CTC, no. 5, 2022, pp. 165-183.

Rousselot, Jean, Tristan Corbière, Paris, Éditions Pierre Seghers, 1951.

Saliou, Kevin, « Corbière et Lautréamont : deux maudits ? », RHLF, 118e année, no 1, pp. 97-106.

Scepi, Henri, « Corbière et Laforgue », RHLF, 118e année, no. 1, pp. 85-96.

Steinmetz, Jean-Luc, « Corbière en vue. Perspectives de recherche », RHLF, 118e année, no 1, p .12.

––, « Tristan Corbière et ses bohèmes », Bohème sans frontière, Rennes, PUR, 2010, pp. 163-171.

––, Tristan Corbière : une vie à-peu-près, Paris, Fayard, 2011.

Stückemann, Frank, « Marcelle chez Marcelin. Nina de Villard (1843-1884) et Tristan Corbière dans La Vie parisienne », CTC, no. 5, 2022, pp. 257-311.

Veillet, Gabrielle, « De la parrêsia de la philosophie cynique à la rage des « chiens de plume ». Corbière et Ducasse ou la poétique du (rire) factice », CTC, no. 5, 2022, pp. 85-104.

Viselli, Antonio, « Dante objet d’occasion. « Raccrocs » et la descente aux Enfers de Tristan Corbière », CTC, no. 1, 2018, pp. 121-145.