Études françaises, n° 59-3 : "L’éthos intime de l’écrivain. Autour du journal et de la correspondance" (dir. Arnaud Bernadet, Ian Byrd & Élisabeth Chevalier)
Études françaises, volume 59, numéro 3
« L’éthos intime de l’écrivain. Autour du journal et de la correspondance »
Numéro préparé par Arnaud Bernadet,
avec la collaboration de Ian Byrd et d’Élisabeth Chevalier
Notion labile, inséparable de l’avènement de l’individu moderne et de son for intérieur, l’intime ne se confond pas pour autant avec la catégorie du privé par opposition au public. En régime littéraire, il s’inscrit certainement dans ce que Philippe Lejeune appelle « l’espace autobiographique », mais il peut prendre des formes aussi diverses que les journaux, carnets, notes ou correspondances. Dans tous les cas, il a pour vocation de dire vrai sur soi-même.
Avec le déploiement de l’intime, on assiste à l’émergence de ce que Michel Foucault reconnaissait dans son séminaire sur L’herméneutique du sujet (1982) sous l’espèce d’une « fonction éthopoiétique », l’écriture devenant l’« opérateur de la transformation de la vérité en êthos ». Plus encore qu’à une fonction, l’écriture de soi renvoie à une poétique définie globalement comme éthique du discours, articulant étroitement le sujet de l’énonciation et le sujet de la conduite (conduite de soi devant les autres). Si la parole « vaut engagement » ou « vaut lien », c’est que cette valeur découle de sa qualité artistique même. En croisant des œuvres de la tradition française et québécoise, de Benjamin Constant à Jeanne Lapointe et Marie Uguay, c’est cette question que les articles réunis dans ce dossier tâchent d’explorer.
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Sommaire
Arnaud Bernadet, Ian Byrd, Élisabeth Chevalier, Présentation. L’éthos intime de l’écrivain. Autour du journal et de la correspondance, p. 5-16.
Jean-Marie Roulin, Pour une pragmatique de l’éthos intime. Le cas des journaux de Benjamin Constant, p. 17-32.
Ian Byrd, L’utopie intime dans le Journal de Jules Michelet. Éthopoiétique d’un imaginaire, p. 33-51.
Françoise Simonet-Tenant, Catherine Pozzi et Mireille Havet, prosatrices de l’intime dans la France de l’entre-deux-guerres, p. 53-67.
Mylène Bédard, L’intime dans les interstices de la confrontation et du silence. Réflexions sur l’éthos amical dans la correspondance de Jeanne Lapointe, p. 69-82.
Stéphanie Bernier, L’écriture du deuil et de la nature dans le « Journal du Bord du Lac » d’Alfred DesRochers (1966-1967), p. 83-103.
Louis-Daniel Godin, Le journal intime comme espace d’un ratage revendiqué. Le mausolée des amants d’Hervé Guibert, p. 105-121.
Élisabeth Chevalier, Du poème au journal. Espoir et « tragique quotidien » chez Marie Uguay, p. 123-142.
Sara Buekens, L’ambiance du virtuel dans Congo Inc. Le testament de Bismarck d’In Koli Jean Bofane, p. 145-162.
Table des illustrations, p. 173.