The time is out of joint.
« Parole théâtrale, parole de Hamlet devant le théâtre du monde, de l’histoire et de la politique. L’époque est hors de ses gonds. Tout, à commencer par le temps, paraît déréglé, injuste ou désajusté. Le monde va très mal, il s’use à mesure qu’il prend de l’âge. »
En 1993, quatre ans après la chute du mur de Berlin, et en plein triomphe de la démocratie libérale, Jacques Derrida écrit un livre intempestif sur l’héritage de
Marx. Il n’est pas question d’un ralliement tardif au marxisme mais d’un retour de Marx et de tous ceux qui l’ont habité sous forme de spectres dans le nouvel ordre du monde. Il s’agit d’une déconstruction, fidèle à un certain esprit du marxisme, du moins à l’un d’entre eux car il y en a plus d’un. La réconciliation est possible entre une idée devenue spectrale et un apprendre à vivre enfin, entre un temps disjoint et un temps de longue durée. Pour veiller à l’avenir et penser ce qu’il peut encore advenir, il faut laisser ou rendre la parole aux fantômes ; ils nous rappelleront toujours à notre responsabilité.
Prise de position, geste politique, propos de résistance à l’État mondial, déconstruction du droit international. Tout y est. Lire Spectres de Marx trente ans après sa parution, c’est aussi s’entretenir avec le spectre de Jacques Derrida, saisir l’idée d’une possible révolution à venir.
Cette nouvelle édition est augmentée d’un débat inédit avec Étienne Balibar, tenu le 1er février 1994 au Collège international de Philosophie, de corrections in-texte de Jacques Derrida, et d’extraits de correspondances.
Né en Algérie en 1930, Jacques Derrida est l’auteur d’une œuvre monumentale, au centre de laquelle se trouve le concept de « déconstruction ».
Devenu le philosophe français le plus étudié dans le monde, il meurt à Paris fin 2004.
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On peut lire sur nonfiction.fr un article de C Ruby sur cet ouvrage…