Programme de rencontres :
dialogue entre chercheur.e.s, écrivain.e.s et artistes.
Des plantes, des animaux et des « guerres »
Deuxième semestre de l’année universitaire 2024-2025
EHESS, 54 bld. Raspail, 75006, Paris
Organisé par Mara Magda Maftei, LAP | UMR 8177 CNRS-EHESS[1]
en collaboration avec Chiara Palermo & Emmanuel Picavet, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Dans la continuité du programme de l’année dernière intitulé « Les utopies que nous vivons », le programme de cette année propose une réflexion, lors d’un dialogue interdisciplinaire entre chercheur.e.s, écrivain.e.s et artistes plasticiens, sur les formes d’écritures et formes d’expressions artistiques articulées autour du vivant humain et non-humain dans le discours (non)occidental contemporain. En intégrant les travaux de Etienne Bimbenet (animalité / humanité), Hervé Brunon (discours des plantes), William Catton & Riley Dunlap (espèces interdépendantes), Philippe Descola (nature / culture), Donna Haraway (concept de « sympoiesis »), Tim Ingold (formes de vie conçues en fluidité), Baptiste Morizot (concept de diplomatie interespèces des interdépendances), … nous réfléchirons, avec les invités des quatre séances, à l’étude des formes littéraires et artistiques autour du vivant animal, végétal, au processus de refonte des relations entre espèces (plus ou moins modifiées dans le laboratoire), aux objets vivants et humains. Si l’anthropocentrisme et l’écocentrisme remontent à Karl Marx (John Bellamy Foster, Marx’s Ecology. Materialism and Nature, 2000), qu’apporte de nouveau aujourd’hui ce non-dualisme ?
Afin de reconsidérer dans la culture occidentale le statut du vivant non-humain, faudrait-il développer un langage, des formes d’écriture et des formes institutionnelles représentatives (cf. Vinciane Despret, Autobiographie d’un poulpe, 2019 ; Baptiste Morizot, Manières d’être vivants, 2020 ; Camille de Toledo, Le fleuve qui voulait écrire, Les auditions du parlement de Loire, 2021) ? Les œuvres littéraires et artistiques créées dans un réseau intertextuel participent à l’émergence d’une réflexion critique, caractérisée par une dimension idéologique, mais aussi poétique sous l’impact des enjeux technoscientifiques et écologiques. L’introduction du vivant non-humain dans les champs linguistiques et juridiques des humains renoue également avec l’engagement face à un discours politique porté par une nature dont le statut est évolutif, mais s’opposant toujours aux normes institutionnalisées par la société.
Le programme aborde la production des savoirs et leurs importations dans la fiction et dans l’art qui s’intéressent au vivant lors d’un dialogue interdisciplinaire avec différents chercheur.e.s, écrivain.e.s et artistes plasticiens. Quelles formes littéraires et quel genre résultent d’une démarche fictionnelle engagée dans le traitement d’un sujet débattu auparavant par les seuls scientifiques, philosophes et qui porte désormais sur des minuscules personnages et un dialogue interespèce (Wilfried N’Sondé, Héliosphéra, fille des abysses, 2022), sur des personnages modifiés par des catastrophes écologiques (Mireille Gagné, Frappabord, 2004), de leurs langages qui s’expriment par des indices ? Les frontières en fluidité entre vivants humains et non-humains produisent des formes de vie hybrides (Laure Gauthier, Mélusine reloaded, 2024) et imposent une réorganisation des relations de pouvoir que les humains entretiennent entre eux (Mathieu Larnaudie, Trash Vortex, 2004) et avec les « créatures » qu’ils produisent eux-mêmes (François-Régis de Guenyveau, Simulacre, 2024) ou auxquelles ils empruntent des organes (Catherine Rémy, Hybrides, transplanter des organes de l’animal à l’humain, 2024). Tout cela impose de nouvelles formes de pouvoir sur lesquelles spéculent les fictions signées par les écrivain.e.s invité.e.s. Bien que les pratiques consistant à mobiliser les outils revendiqués par les sciences sociales (enquêtes, entretiens, témoignages) remontent au XIXe siècle, la fiction contemporaine, qui s’intéresse aux subjectivités émergentes et à leurs formes d’expression et de pouvoir, défie les frontières disciplinaires et s’empare des formes de réflexion analytique revendiquées, en général, par des chercheurs.e.s.
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Dans la peau d’une bête. Les enjeux historiques et anthropologiques du perspectivisme contemporain – 16 janvier, AS1-23, de 16h à 19h
Etienne Bimbenet, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Nicolas Jaoul, LAP, CNRS-EHESS
L’écrivaine Mireille Gagné, Frappabord, Éditions La Peuplade, 2024
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Plantes, déchets et différentes espèces - 6 février AS1_08 de 16h à 19h
Hervé Brunon, CNRS, Centre André Chastel
L’écrivaine Laure Gauthier, Mélusine reloaded, Éditions Corti, 2024
L’écrivain Mathieu Larnaudie, Trash Vortex, Actes Sud, 2024
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Le vivant, les sciences et la fiction - 6 mars AS1-08 de 16h à 19h
Roland Lehoucq, SciencesPo, Paris
L’écrivain François-Régis de Guenyveau, Simulacre, Fayard, 2024
L’artiste Stéphane Trois Carrés
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Plusieurs cultures, différentes manières d’envisager le vivant - 3 avril - AS1-23 de 16h à 19h
Catherine Rémy, CEMS, CNRS-EHESS
L’écrivain Wilfried N’Sondé, Femme du ciel et des tempêtes, Éditions Actes Sud, 2021 ;
Héliosphéra, fille des abysses, Arles, France, Actes Sud, coll. « Mondes sauvages », 2022
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[1] Contact magda.maftei@ehess.fr