Actualité
Appels à contributions

"Les enfants et adolescent.es LGBTIQ+ dans les mondes francophones, XXe & XXIe siècles. Normes, pratiques & représentations" (revue Contemporary French Civilization)

Publié le par Marc Escola (Source : Régis Revenin)

Dossier spécial de la revue Contemporary French Civilization

"Les enfants et adolescent.es LGBTIQ+ dans les mondes francophones, XXe & XXIe siècles.

Normes, pratiques & représentations".

Coordination du dossier thématique : 

Maxime Foerster & Régis Revenin.

mfoerster@mail.smu.edu ; regis.revenin@u-paris.fr 

  —

Les débats contemporains sur l’accompagnement psychologique et médical des enfants et adolescent.es trans ont donné plus de visibilité à ces mineur.es et à leur quête identitaire[1]. De Ma vie en rose (Berliner, 1997) à Petite fille (Lifshitz, 2020), en passant par Tomboy (Sciamma, 2011), les représentations des enfants et adolescent.es trans montrent à quel point les questions de différence, de stigmatisation, et finalement de normes sociales, se mettent en place très tôt, dès l’enfance[2].  

C’est la question plus globale des représentations et des réalités des enfants et adolescent.es queers, c’est-à-dire en décalage vis-à-vis de leurs pair.es par leur identité de genre[3], leurs désirs[4], leur façon d’être au monde, dans les aires francophones, tout au long des 20e et 21e siècles, qui sera le fil conducteur de notre réflexion, autour de quelques questions et thématiques (non-exhaustives) :

-Les représentations des enfants et adolescent.es LGBTIQ+ sont-elles récentes, ou sont-elles déjà visibles au cours du 20e siècle dans la littérature, les arts, les sciences humaines et sociales, la médecine, les sciences du psychisme, dans le droit ?

-Quel est l’impact de deux “institutions” en particulier – la famille et l’école – sur les parcours biographiques des mineur.es LGBTIQ+ ?

-Quel est l’impact de l'État et du droit dans les vies des mineur.es LGBTIQ+ ? Comment le droit parvient-il à la fois à protéger ces mineur.es réputé.es plus vulnérables que leur.es pair.es et en même temps à organiser leur autonomie ? 

-Que disent les représentations des enfants et des jeunes LGBTIQ+ de nos sociétés contemporaines, sur la façon dont elles.ils sont très tôt soumis.es aux normes d’identité de genre, sur la discipline qui s’exerce contre celles.ceux qui ne respectent pas ces lois implicites ?

-Est-ce que les représentations des enfants et adolescent.es LGBTIQ+ sont l’illustration de la théorie du subalterne, c’est-à-dire qu’elles.ils sont représenté.es par des adultes qui parlent en leur nom et les privent de leur voix et de leur authenticité ? Dans ce cas, faut-il attribuer un statut particulier aux autobiographies ?

-Comment ces normes et ces représentations s’articulent-elles avec les réalités vécues par les enfants et jeunes LGBTIQ+ ? 

-Quelle est leur capacité d’agency et d’empowerment ?

-Comment la puberté affecte-t-elle les adolescent.es LGBTIQ+ ? 

-Comment s’articulent en particulier les questions d’identité sexuelle et d’identité de genre chez les enfants et adolescent.es queers ?

-Le cas échéant, quel est l’impact des violences sexuelles subies au cours de l’enfance sur la fabrique de leur identité sexuelle et de genre ? 

-Comment les mineur.es LGBTIQ+ se fabriquent-elles.ils des socialisations sexuelles à elles.eux, en dehors de l'hétérosexualité obligatoire[5] ? En luttant contre quelles injonctions, en se référant à quels modèles, en choisissant quelles identifications ? 

-Comment s’organisent notamment leurs socialisations amicales et amoureuses ? 

Considérant que l’enfance est un âge de la vie[6], un rapport social aussi, éminemment inscrits dans des processus culturels, historiques et politiques[7], nous concevons ce dossier de façon diachronique, des débuts du 20e à nos jours, à partir d’un territoire propice à la langue française (États et régions de la Francophonie). L’approche est intersectionnelle – les jeunes LGBTIQ+ au prisme du genre et de l’orientation sexuelle, mais aussi au croisement d’autres rapports de pouvoir tels que l’âge (“domination adulte”[8]), la classe sociale, les origines, la religion, le handicap ou encore les apparences physiques. 

L’approche est pluridisciplinaire – anthropologie, éducation, cinéma, french studies, histoire, littérature, sociologie, sciences juridiques et politiques… –, encourageant, sans exclusive néanmoins, les approches comparatistes et le croisement des champs du savoir. 

Les articles peuvent être écrits en français ou en anglais. Le dossier comportera cinq à dix articles, de 5.000 à 6.000 mots chacun, en interligne double, sans note de bas de page mais avec des citations bibliographiques, en nombre raisonnable, insérées entre parenthèses dans le texte lui-même, conformément à la norme MLA. 

Les propositions d’article, d’une à deux pages, rédigées sous un format Word, doivent être adressées aux deux coordinateurs du dossier. Elles doivent nécessairement comprendre un titre, mentionner clairement une problématique de recherche et indiquer les terrains, archives ou corpus sur lesquels elle s’appuie. Une très courte notice bio-bibliographique de l’auteur ou de l’autrice de la proposition sera également jointe.

—   

Échéancier : 

•Date limite pour l’envoi d’une proposition d’article (une à deux pages, avec CV) :  2 mars 2025.

•Notification aux auteurs et autrices sélectionné.es de leur participation au dossier : fin mars 2025.

•Deadline pour l’envoi des articles (5.000 à 6.000 mots, en interligne double, sans note de bas de page mais avec des citations bibliographiques, en nombre raisonnable, entre parenthèses dans le texte lui-même, conformément à la norme MLA) : 1er septembre 2025.

•Double évaluation anonyme : septembre 2025-avril 2026. 

•Soumission finale des articles (après le retour des expertises) : avril-juin 2026.

•Publication du dossier thématique : automne 2026.

Biographie des coordinateurs du dossier thématique : 

Maxime Foerster enseigne la littérature française et les études des minorités sexuelles à la Southern Methodist University (SMU), à Dallas, dans le Texas. Ses travaux portent sur la différence des sexes et les représentations des minorités sexuelles dans la culture française. Il est l’auteur de plusieurs livres dont une histoire des transgenres en France (Elle ou lui ?, La Musardine, 2012) et a récemment co-dirigé un dossier spécial sur les représentations du VIH/SIDA dans la France du 21e siècle pour la revue Contemporary French Civilization (vol. 46 no. 2, 2021)

Régis Revenin est docteur en Histoire de l'Université Paris 1-Panthéon Sorbonne et enseignant-chercheur en Sciences de l’éducation à Université Paris Cité, où il occupe la fonction de Vice-Doyen Égalité Diversité Inclusion de la Faculté Sociétés & Humanités. Chercheur au Cerlis, ses travaux ont trait à l’histoire de l’éducation, des jeunes et de la jeunesse, à l’histoire du genre et de la sexualité dans la France contemporaine. Il est l'auteur de nombreux articles, chapitres et ouvrages, et a notamment publié en 2015 Une histoire des garçons et des filles. Amour, genre et sexualité dans la France d’après-guerre (éd. Vendémiaire, 2015). Certaines de ses publications sont accessibles en ligne : https://cv.archives-ouvertes.fr/regis-revenin Il est membre du comité de rédaction de la Revue d’histoire de l’enfance "irrégulière" (https://www.cairn.info/revue-d-histoire-de-l-enfance-irreguliere.htm).


 
[1] Gaëlle Larrieu & Claire Vandendriessche, « Vers l’émancipation des enfants et adolescent·es trans et intersexes », Mouvements, 115, 2023, p.99-109.
[2] Nicoletta Diasio et al. dir., Corps et préadolescence. Intime, privé, public, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2022.
[3] Hélène Buisson-Fenet et al. dir., Des jeunes à la marge ? Transgressions des sexes et conformité de genre dans les groupes juvéniles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019. 
[4] Gabriel Girard, « Les jeunes gais des années 2000 : une population vulnérable ? », dans Véronique Blanchard et al. dir., Les jeunes et la sexualité. Initiations, interdits, identités (XIXe - XXIe siècle), Paris, 2010, Éditions Autrement, p. 339-351 ; Wilfried Rault, « Parcours de jeunes gays dans un contexte de reconnaissance : Banalisation des expériences ou maintien des singularités ? », Agora débats/jeunesses, 57, 2011, p. 7-22 ; Natacha Chetcuti-Osorovitz & Annie Velter, « Premières socialisations des jeunes lesbiennes et gays en France sous le prisme des rapports de genre », Sextant, 35, 2018, p. 131-149. 
[5] Adrienne Rich, « Compulsory Heterosexuality and Lesbian Existence », Signs: Journal of Women in Culture and Society, 1980, 5, p. 631-660.
[6] Notamment Olivier Galland, « Adolescence, post-adolescence, jeunesse. Retour sur quelques interprétations », Revue française de sociologie, 42, 2001, p. 611-640 ; Michel Bozon & Juliette Rennes dir., « Histoire des normes sexuelles. L’emprise de l’âge et du genre ». Clio. Femmes, Genre, Histoire, 42, 2015, p. 7-23 ; Juliette Rennes, « Déplier la catégorie d’âge. Âge civil, étape de la vie et vieillissement corporel dans les préjudices liés à l’“âge” », Revue française de sociologie, 60, 2019, p. 257-284. 
[7] Notamment Jean-Noël Luc, L’invention du jeune enfant au 19e siècle, de la salle d’asile à l’école maternelle, Paris, Belin, 1997 ; Ludivine Bantigny, Le plus bel âge ? Jeunes et jeunesse en France de l'aube des Trente Glorieuses à la guerre d'Algérie, Paris, Fayard, 2007.
[8] Claire Batailler et al. dir., « Interroger la domination adulte », Mouvements. Des idées & des luttes, 115, 2023.