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XVIIIe Colloque International d’Études Francophones de Timişoara CIEFT (Timişoara, Roumanie)

XVIIIe Colloque International d’Études Francophones de Timişoara CIEFT (Timişoara, Roumanie)

Publié le par Marc Escola (Source : Claudiu Gherasim)

XVIIIe Colloque International d’Études Francophones de Timişoara CIEFT

Université de l’Ouest de Timişoara, Roumanie les 21-22 mars 2025 

Racine(s) 

1. Argumentaire 

Dans le texte des Psaumes où les frontières de l’humain sont constamment mises  à l’épreuve et en rapport avec le Divin, il y a des renvois (Livre des Psaumes 1 : 3, Segond  2021) aux racines comme source et héritage lorsque l’Empereur David y parle de l’arbre  planté près d’une source d’eau : celui-ci est moult fleurissant, toujours vert, prêt à offrir  généreusement de l’ombre aux passants abrités sous son feuillage. La source donne  toujours et uniquement ce qu’elle a : de l’eau fraîche, douce et propre ou, parfois, des eaux  salées, mauvaises et génératrices de maux, etc. ; la source rejaillit généreuse : elle se  renouvelle, elle renouvelle les autres, et tout autour d’elle se renouvelle. L’arbre poussé  près d’une source d’eau peut générer un bouquet d’arbres, une forêt, donc ses racines sont  génératrices de vie, d’abondance et de richesse. 

Le concept de racine(s) est central dans les réflexions humanistes, interrogeant  notre rapport à la mémoire collective, à l’identité culturelle et à la recherche de sens dans  un monde en constante transformation. Cette exploration trouve écho chez maints  intellectuels qui ont théorisé des modèles symboliques autour de la figure de l’arbre,  étroitement liés au concept de racine. Par exemple, Carl Gustav Jung (Les Racines de la  conscience, 1954) associe « l’arbre philosophique » à la croissance intérieure et à  l’individuation, où les racines plongent dans l’inconscient collectif pour nourrir  l’épanouissement personnel. De plus, Jean-Jacques Wunenburger (2002, 13-25)  introduit l’idée de « l’arbre aux images », une métaphore de la création imaginaire où les  racines culturelles génèrent des représentations nouvelles. Enfin, « l’arborescence  mythique » proposée par Frédéric Monneyron et Joël Thomas (Mythes et littérature, 2019) évoque l’arbre comme lien symbolique entre le mythe et la littérature, dont les  racines constituent l’arrière-plan mythique des récits littéraires.

Translaté dans le domaine des sciences humaines, ce motif culturel engendre une  palette féconde d’interprétations et d’applications possibles à la littérature, à la  linguistique, à la traductologie et aux sciences connexes. Les racines se développent en  rhizomes, en plusieurs directions et génèrent, à leur tour, d’autres noyaux de racines  nouvelles. Cet enchaînement constitue un réseau polyphonique destiné à négocier le  rapport entre « la mémoire et la littérature » (Compagnon 2009) et à continuer la  réflexion sur les pouvoirs récupérateurs de la littérature. Sans avoir une prise de position  paradigmatique ou tranchante, mais sous forme de relectures et/ou réécritures, la  littérature française et les littératures francophones semblent se laisser traverser par le  motif de la racine, métamorphosé en un véritable dispositif esthétique et multiplié dans  mille et un thèmes littéraires, liés entre eux. 

Sans prétentions exhaustives, nous suggérons quelques pistes possibles à développer dans l’étude suivie des racines :  

En littérature 

❖ Explorer la mémoire des origines, la mémoire ancestrale et la mémoire  immémoriale, soit individuelle, soit collective. L’héritage revendiqué, ouvertement ou en sourdine, par les écrivains de l’extrême contemporain, sous-tend autant une  démarche d’affirmation de l’identité littéraire qu’un laborieux processus de décorticage et de négociation de l’identité individuelle. 

❖ Investiguer la racine comme noyau des familles et la remise en question des  origines : les lignages, les relations familiales réussies et/ou ratés. Les porteurs et  les transmetteurs des racines sont les parents et/ou géniteurs, personnages  romanesques et/ou personnes réelles dont la mission serait de fouiller le passé  familial dans le but de réaliser le retour dans le passé historique, social, religieux,  moral, etc., remontant à leurs origines. 

❖ Examiner et illustrer les notions de déracinement, d’enracinement (territorial), d’enracinerrance (Jean-Claude Charles 1980, 2000) : enraciner/déraciner : comment les réaliser dans les trames littéraires et quelles en sont les  conséquences ? Et puis à quoi ça sert ? 

❖ Mettre sous la loupe la problématique du retour (réel ou imaginaire) aux sources,  aux origines, tout comme les métaphores des racines dont les écrivains se servent afin de construire une diégèse de ce type. 

❖ Mettre en lumière le syncrétisme entre synergie et tension : le(s) processus d’hybridation culturelle dans les œuvres littéraires modernes. Comment les racines culturelles régionales se mêlent-elles à des influences globales pour créer des formes nouvelles de récits ? Préservation ou modification des racines historiques/culturelles originelles ? 

❖ Souligner le rôle des mythes qui peuvent offrir des explications sur l’origine, sur  les racines des phénomènes, sur la fondation des temples, des édifices religieux ou civils. L’Histoire et la mythologie sont à l’épreuve de la littérature : la réécriture et  la transmission de la mémoire collective/des mythes anciens.  

En critique littéraire / en sciences connexes 

❖ Faire appel aux études génétiques concernant la ‘naissance’ de l’œuvre littéraire, les racines des textes littéraires ; des éléments de la genèse et de l’ecdotique ; l’« épitexte » (Genette 1987), utilisé pour désigner des ressources explicatives  situées à l’origine, à l’extérieur du livre : interviews, entretiens, correspondances, journaux intimes, etc.  

❖ Faire appel à et exploiter la féconde connexion de la littérature avec la  psychogénéalogie : l’individu « sans racines » se voit forcé de reconstituer son arbre  généalogique. 

❖ Faire appel aux études épistémo-critiques : mettre sous la loupe les origines de  l’être humain, relié à son ascendance à travers des liens de sang et d’un héritage  transmis d’une génération à l’autre. 

❖ Analyser et inventorier les manifestes littéraires / linguistiques qui enracinent une  nouvelle mouvance esthétique / littéraire. 

❖ Faire appel aux études anthropologiques afin de connaître les racines d’une société c’est recenser la population, les racines des maux et des guerres, la racine des  coutumes, des métiers (la lignée des métiers). 

❖ Faire appel à la critique postcoloniale pour examiner comment les œuvres littéraires traitent les thèmes de l’entre-deux (Homi Bhabha 1994), de racines  culturelles et d’héritage dans un contexte du colonialisme, de la colonisation et de  la décolonisation. 

En linguistique  

❖ Considéré stricto sensu, le terme racine incite à des réflexions lexicologiques.  Dans une visée diachronique, on pourra envisager la racine comme élément  commun à tous les mots d’une famille, ce qui conduira à la reconstitution des  familles historiques. Cette réunion lexicale sur des bases étymologiques servira  à retrouver « les relations existant à un moment donné entre les mots d’une  même famille » (Grevisse & Goosse, Le bon usage, 16e éd., 2016, § 143). 

❖ Dans une approche comparative (du français avec les autres langues romanes),  la racine commune permettra de rapprocher et de mettre en parallèle les  familles lexicales ayant un même étymon, d’observer leur étendue, leur  évolution et leur diversification respective. 

❖ D’un point de vue synchronique, le terme racine est à mettre en rapport avec la notion ‘radical’ des mots : les variations des radicaux dans une même famille  sont déterminées par des facteurs phonétiques (accentuation) et/ou morphologiques (flexion). Leur étude conduira à relever les régularités dans les alternances des formes phoniques ou graphiques et, comme conséquence, de  rationaliser l’apprentissage de l’écrit par les natifs, mais aussi par les étrangers.

❖ L’étude des racines lexicales mènera également à la question des doublets, qu’il  sera intéressant d’envisager dans une perspective comparative (avec les autres langues romanes). 

❖ En syntaxe, la phrase racine (Abeillé & Godard (dir.), La Grande Grammaire  de la langue française, 2021) est toujours associée à un acte de langage et  constitue un énoncé. Le fait d’appliquer le critère des actes de langage à l’analyse  des phrases permet-il toujours d’identifier les phrases racines ? Quels sont les  types de phrases racines ? Quelles sont leurs relations avec les autres phrases et  avec les propositions ? 

Lato sensu, le mot racine peut être interprété comme « l’origine » ou « la cause »  des phénomènes, des changements, voire des accidents en matière de langue.  Comparer l’état originel et l’état actuel de n’importe quel phénomène langagier,  observer les transformations phonétiques, morphologiques ou syntaxiques  manifestées au cours du temps révèleront les mécanismes fins de l’évolution de  la langue. 

En traductologie 

❖ Histoire de la traductologie (origines, sources et racines dans le but de surprendre  son évolution) ; origine et évolution des études sur la traduction en Roumanie ;

❖ Enracinement des œuvres traduites dans une autre culture (œuvres littéraires qui  s’enracinent dans l’espace d’une autre langue-culture) ; 

❖ Relation fonctionnelle entre les textes source (texte de départ) et cible (texte  d’arrivée) ; 

❖ Problématique de la retraduction. 

2. Comité scientifique 

Eugenia ARJOCA-IEREMIA, Professeur des Universités, Université de l’Ouest de  Timişoara, Roumanie 

Georgiana BADEA, Professeur des Universités, Université de l’Ouest de Timişoara

Katalin BÓDI, Maître de Conférences HDR, Université de Debrecen, Hongrie

Mohamed DAOUD, Professeur des Universités HDR, Université d’Oran, Algérie

Klaus-Dieter ERTLER, Professeur des Universités, Université de Graz, Autriche

Katarzyna GADOMSKA, Professeur des Universités HDR, Université de Silésie,  Pologne 

Elena GHIŢĂ, Maître de Conférences, Université de l’Ouest de Timişoara

Margareta GYURCSIK, Professeur des Universités, Université de l’Ouest de Timişoara

Ramona MALITA, Professeur des Universités, HDR, Université de l’Ouest de Timişoara 

Ioana MARCU, Maître-assistante, Université de l’Ouest de Timişoara

Trond Kruke SALBERG, Professeur des Universités, Université D’Oslo, Norvège

Nathalie SOLOMON, Professeur des Universités, Université de Perpignan « Via  Domitia », France 

Eugenia TĂNASE, Maître-assistante, Université de l’Ouest de Timişoara

Maria ȚENCHEA, Professeur des Universités, Université de l’Ouest de Timişoara

Estelle VARIOT, Maître de Conférences, Université Aix-Marseille AMU France

3. Organisateurs 

Chaire de Français du Département des Langues Romanes de l’Université de l’Ouest  de Timişoara, Roumanie ; 

Centre d’Études Romanes de Timişoara CSRT ; 

Centre d’Études Francophones ; 

Centre d’Études ISTTRAROM Translationes. 

Présidente du colloque : Ramona MALITA (Université de l’Ouest de Timişoara, Roumanie)  

Secrétaire du colloque : Claudiu GHERASIM (Université de l’Ouest de Timişoara) 

4. Propositions de communication 

Les propositions de communication devront comprendre les éléments suivants :

❖ les coordonnées précises de l’auteur ou des auteurs : nom(s), prénom(s), affiliation ou  lieu d’exercice, statut (professeur, chercheur, doctorant, etc.) ; 

❖ le titre de la communication ; 

❖ l’objectif de la communication, l’originalité du sujet, la méthode utilisée, les résultats  obtenus (350 mots, références bibliographiques non comprises) ; 

❖ cinq mots-clés ; 

❖ une notice biobibliographique de chaque auteur (80-100 mots) indiquant les publications représentatives, les centres d’intérêt, etc.  

Les propositions de communication sont à envoyer avant le 15 février 2025, à l’adresse suivante : claudiu.gherasim@e-uvt.ro

L’avis du comité scientifique sera communiqué aux auteurs des propositions le 1er mars 2025. 

5. Présentation orale des communications : le temps prévu pour chaque  communication est de 20 minutes, suivies d’une discussion de 10 minutes. 

6. Frais d’inscription au colloque 

60 euro (à régler avant le 1er mars 2025) 

70 euro (à régler avant le 15 mars 2025 ou sur place) 

20 euro pour les doctorants 

7. Calendrier

Le 15 février 2025 : remise des résumés 

Le 1er mars 2025 : avis du comité scientifique  

Les 21-22 mars 2025 : dates du colloque 

Pour toute question sur le colloque, merci de contacter : claudiu.gherasim@e-uvt.ro.

8. Publication 

La publication d’une sélection de communications présentées est prévue, après le  colloque, dans les revues « Agapes francophones », « Dialogues francophones » et  « Translationes ».  

Les communications seront publiées sous réserve d’acceptation par le comité scientifique.