De la table à l’écrit : imaginaire et représentations littéraires de la nourriture (APFUCC 2025)
De la table à l’écrit : imaginaire et représentations littéraires de la nourriture
Atelier organisé dans le cadre du colloque annuel de l’Association des Professeur.e.s de Français des Universités et Collèges Canadiens (APFUCC)
27-30 mai 2025
Responsables :
Sanda Badescu (Université de l’Île-du-Prince-Édouard) et Juliette Valcke (Université Mount Saint Vincent)
Les pelletées de moutarde enfournées dans la bouche de Gargantua ; la salle à manger crasseuse du Père Goriot de Balzac ; la recherche du rahat loukoum par le quatrième Roi mage dans Gaspard, Melchior, Balthazar de Michel Tournier ; l’obsession de la nourriture dans La danse juive de Lise Tremblay, le chocolat vert de M. Omochi dans Stupeur et tremblements d’Amélie Nothomb ou encore le contraste de la traditionnelle pêche à la truite et des guimauves dans Manikanetish de Naomi Fontaine : les exemples d’œuvres littéraires où le monde de la nourriture joue un rôle significatif abondent. De fait, la nourriture est langage et s’affirme en ce sens dans les littératures de toutes les époques et de toutes les cultures.
Cet atelier propose par conséquent d’explorer les nombreuses thématiques liées à la nourriture dans le monde littéraire francophone. La question de la nourriture en tant que marqueur identitaire retiendra ainsi l’attention. En effet, la nourriture de même que les actes de manger et de boire constituent à la fois des besoins fondamentaux et les manifestations d’une diversité basée sur des croyances, des coutumes, des préférences, des choix de tout ordre : ce que l’on mange, comment, où, quand et en quelle compagnie représentent en ce sens des signes. Dans les œuvres littéraires, la description de certains plats ou menus, celles d’activités comme la chasse et la pêche ou encore les représentations de marchés et magasins d’alimentation permettent de fait aux auteurs d’ancrer leurs textes dans la réalité d’une époque ou d’un monde et d’affirmer leurs buts. Il suffit de penser aux œuvres du courant naturaliste ou à celles des minorités et diversités contemporaines autochtones pour s’en convaincre.
La nourriture est liée au corps et aux cinq sens, et avant tout au goût : selon Michel Serres, les termes homo sapiens font même de nous une « bête à saveur » (Michel Serres, Les cinq sens. Philosophie des corps mêlés, Paris, Grasset et Fasquelle, 1985, p. 167). Elle convoque donc le plaisir, mais aussi le déplaisir et même le danger. Les scènes de banquet (Lettres de Madame de Sévigné), d’abus de nourriture (Gargantua), d’empoisonnement (Madame Bovary) ou d’enivrement (L’assommoir) soulignent le rapport ambigu de l’acte de consommer avec le corps.
Le rapport corps/nourriture reflète en outre les modes de pensée des époques de même que la volonté de présenter une idée : à partir du 20e siècle, de pair avec d’autres caractéristiques corporelles comme la maigreur, les modes capillaires ou les piercings, il contribuera graduellement à l’affirmation de la diversité et de l’inclusion. Dans La grosse femme d’à côté est enceinte, Michel Tremblay accole ainsi à l’obésité une valeur positive liée à la figure maternelle et nourricière, tandis que d’autres dénoncent la honte associée à l’obésité et à l’acte de manger : en se cachant pour croquer un morceau de chocolat, la narratrice de L’hiver de pluie, de Lise Tremblay, connaît ainsi un plaisir honteux et solitaire, un plaisir interdit.
La connotation sexuelle de la consommation de nourriture mérite également qu’on s’y attarde. De la sensualité gourmande à la sexualité, il n’y a en effet qu’un pas et nombre d’auteurs n’ont pas attendu Sigmund Freud pour le franchir. Dans la même veine, on pourra s’interroger sur la représentation de la bouche dans les œuvres littéraires, organe qui sert à la fois à parler, embrasser, manger.
Enfin, la nourriture comme déclencheur mémoriel constitue également un topos connu ; si la madeleine de Proust en représente l’archétype, on le retrouve aussi dans diverses œuvres de la francophonie. L’odeur du café, de Dany Laferrière, s’impose en ce sens à l’esprit.
Cet atelier vise ainsi à explorer les diverses représentations des aliments et des breuvages dans le monde littéraire francophone ainsi que toute symbolique liée à l’acte de consommer, de préparer et de partager un repas.
La publication d’une sélection de communications remaniées est envisagée par les responsables de l’atelier.
Autres pistes possibles :
. Métaphores et langage alimentaire ou quand on « dévore des yeux » ;
. Autrice et auteurs : différences ou ressemblances dans les représentations de la nourriture ;
. Nourriture et littérature jeunesse : identité, plaisirs et interdits ;
. La figure de l’ogre dans la littérature (ex. Charles Perrault, Amélie Nothomb) ;
. La nourriture comme affirmation autochtone : entre tradition et modernisme ;
. Représentations et symbolique de la chasse et de la pêche ;
. Représentations des corps et nourriture : de la condamnation à l’inclusion ;
. La nourriture et les diktats sociaux : l’étiquette et les bonnes manières à table en littérature ;
. Banquets et spectacles dans la littérature (ex. Madame de Sévigné, « Lettre à Madame de Grignan », 26 avril 1671) ;
. Mère nourricière, lait maternel : la femme, les enfants et la nourriture ;
. Le marché comme lieu de rencontre (ex. Émile Zola, Le ventre de Paris) ;
. La table comme lieu de rencontre, d’amour et de conflit (ex. Nadine Bismuth, Un lien familial) ;
. Famille, partage et nourriture dans les œuvres littéraires ;
. Dérèglements psychologiques liés à la nourriture (ex. Amélie Nothomb, Nelly Arcan) ;
. Diversité, figure de l’Autre et nourriture en littérature ;
. Nourriture et mythologies ;
. Sociabilité, convivialité, partage autour du boire et du manger ;
. Discours narratif : discours lié au boire et au manger ;
. Besoin de manger, besoin d’écrire : parallèles ;
. Faim et soif, manque et désir.
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Bibliographie
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Informations pratiques
Le colloque annuel 2025 de l’APFUCC sera en personne. Les communications devront être en français.
L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il faut également régler les frais de conférence de l’APFUCC. De plus amples informations seront envoyées à ce sujet.
Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication au colloque, sauf si vous soumettez également pour un atelier conjoint en tant que membre d'une autre association, ou si vous soumettez une proposition pour l'atelier de développement professionnel (atelier 1)
Veuillez soumettre votre proposition (titre, résumé de 250-300 mots, adresse, affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots) directement sur le site Fourwaves avant le 15 décembre 2024.
Pour soumettre sur le site, rendez-vous sur la page principale (https://event.fourwaves.com/fr/colloque2025apfucc/pages) puis cliquez sur « soumission ».
Pour toute information/question : juliette.valcke@msvu.ca