« Psycho-tropes: Les drogues fictives de la littérature »
Journée d’étude du 24 sept. 2025
Université Paul Valéry-Montpellier III
Organisée par Jean-Christophe Valtat, UPV3
RIRRA21, Programme « Littérature et Nouveaux Médias »
Entre la mystérieuse drogue qui transporte le loup de steppes de Hermann Hesse dans le théâtre magique de l’analyse jungienne, le « Soma » et le « Moksha » d’Aldous Huxley dans, respectivement, Brave New World et Island, le « Dawamesk B2 » de Witckiewicz dans Insatiabilité , le « Moloko-Plus » de Anthony Burgess dans A Clockwork Orange, les « Can-D » et « Chew-Z » de Philip K. Dick dans The Three stigmata of Palmer Eldritch, chez le même auteur la « substance D » dissociative dans A Scanner Darkly, l’ « épice » au centre politique, commercial et spirituel, de l’univers de Dune, le « Vurt » de Jeff Noon dans le roman éponyme, la littérature moderne et post-moderne abonde en psychotropes fictifs, au point d’en constituer sinon un cliché, du mois un trope récurrent.
Fondées sur une longue tradition de drogues plus ou moins mythiques, tel le fameux soma védique, ou le Nepenthès homérique, ces substances se référent parfois à mots couverts à de substances réelles tout en tentant de se délester de certaines de leurs connotations culturelles (on songe à la drogue anonyme, proche du LSD, dans Besuch auf Godenholm de Jünger) ou bien, plus fréquemment encore, inventent des effets inédits.
Ces psychotropes fictifs peuvent d’abord nous faire réfléchir sur l’imaginaire et les discours des « drogues » dans la culture, dans toute leur diversité et leurs ambiguïtés: danger, évasion, hédonisme, adaptation aux conditions de la vie sociale, économie criminelle, domination et libération, le rapport entre marges et centre (sociaux, ethniques, géographiques), utopies et dystopies, thérapie, théories neurologiques de la perception et de la cognition, exploration d’autres plans de conscience et accès à la spiritualité, notamment dans le contexte de la « Renaissance psychédélique ».
Mais ils peuvent aussi être étudiés en eux-mêmes dans leur usages fonctionnels, qu’il s’agisse de procédés poétiques et narratifs permettant le passage d’un monde fictionnel à l’autre, de représentations figurées de la vie intérieure, de références aux effets des nouveaux médias (par exemple, ceux de la réalité virtuelle), la motivation de nouvelles formes d’écriture censées rendre compte de ces « expériences », ou de commentaires métapoétiques sur la nature de la fiction ou de la création littéraire.
Sans nous interdir d’étudier l’histoire de ce trope, nous nous intéresserons plus particulièrement aux périodes modernes et contemporaines, à travers tous les genres fictionnels.
La journée d’étude aura lieu le 24/09/2025 à l’Université Paul Valéry-Montpellier III
Les propositions de communication, d’une page environ, en français ou en anglais, accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique sont à envoyer à jean-christophe.valtat@univ-montp3.fr
d’ici le 30 juin 2025.
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Between the mysterious drug that transports Hermann Hesse’s Steppenwolf in the magical theater of Jungian analysis, Aldous Huxley's “Soma” and “Moksha” in Brave New World and Island respectively, Witckiewicz's “Dawamesk B2” in Insatiability, the “Moloko-Plus” in Burgess’s A Clockwork Orange, Philip K. Dick's “Can-D” and “Chew-Z” in The Three Stigmata of Palmer Eldritch, or the same author's dissociative “substance D” in A Scanner Dark. Burgess’ “Moloko-Plus” in A Clockwork Orange, the “spice” at the political, commercial and spiritual center of the Dune universe, Jeff Noon's “Vurt” in the novel of the same name - modern and post-modern literature abounds in fictional psychotropic drugs, to the point of making them, if not a cliché, at least a recurring trope.
Based on a long tradition of more or less mythical drugs, such as the famous Vedic soma, or the Homeric Nepenthes, these substances sometimes refer to real substances in veiled terms, while attempting to shed some of their cultural connotations (think of the anonymous LSD-like drug in Jünger's Besuch auf Godenholm) but also, even more frequently, invent novel effects.
These fictional psychotropic drugs can first help us reflect on the imaginary and discourses of “drugs” in culture, in all their diversity and ambiguities: danger, escapism, hedonism, adaptation to the conditions of social life, criminal economy, domination and liberation, the relationship between margins and center (social, ethnic, geographical), utopia and dystopia, therapy, neurological theories of perception and cognition, exploration of other planes of consciousness and access to spirituality, particularly in the context of the psychedelic renaissance.
But they can also be studied in their own right for their functional uses, whether as poetic and narrative devices enabling passage from one fictional world to another, as figurative representations of inner life, as intermedial references to the effects of new media (for instance virtual reality), as motivation for new forms of writing meant to account for these “experiences”, or as metapoetical commentaries on the nature of fiction or literary creation.
While allowing communications on the history of this trope, we'll be focusing on the modern and contemporary periods, across all fictional narrative genres.
The study day will take place on 24/09/2025 at Université Paul Valéry-Montpellier III.
Proposals for papers, approximately one page in length, in French or English, accompanied by a brief bio-bibliographical note, should be sent to jean-christophe.valtat@univ-montp3.fr by June 30, 2025.