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Genre et sexualité dans les expositions des collections muséales (revue exPosition)

Genre et sexualité dans les expositions des collections muséales (revue exPosition)

Publié le par Marc Escola (Source : Quentin Petit Dit Duhal)

Ce prochain numéro de la revue exPosition est produit en collaboration avec le Groupe de recherche et de réflexion CIÉCO, dans le cadre du Partenariat Des nouveaux usages des collections dans les musées d’art (CRSH 2021-2028) − https://cieco.co/fr. Il est dirigé par Quentin Petit Dit Duhal, dans le cadre d’un stage postdoctoral financé par le Partenariat et réalisé à l’Université du Québec en Outaouais.

Si l’histoire des communautés LGBTQIA+ (Lesbienne-Gay-Bi-Trans-Queer-Intersexe-Asexuel-et tous les autres) est incluse dans des sections de musées de société, il en existe peu qui leur soient consacrés exclusivement, tels que le Schwules Museum à Berlin (1985), le Unstraight Museum à Stockholm (2011), le GLBT History Museum de San Francisco (2011) et la Queer Britain à Londres (2022). Dans le domaine plus particulier de l’art, les institutions spécialisées sont en cours de développement à l’échelle internationale (le Leslie-Lohman Museum of Gay and Lesbian Art à New York a acquis le statut de musée en 2011, et QUEERCIRCLE a ouvert en juin 2022 à Londres), mais n’existent guère en France. Si de nombreux musées et des projets scientifiques français (l’Université d’été de la Bibliothèque Kandinsky « Draguer » le musée et ses sources : la queerness face aux archives ou le projet de recherche Queering the Exhibition – Queering the Archive mené à l’école nationale supérieure d’Art de Bourges) ont entamé des réflexions sur les rapports de genre et de sexualité dans la création artistique, on n’observe néanmoins que de rares pratiques de queerisation sur le terrain. Les personnes LGBTQIA+ étant une minorité confrontée à une discrimination structurelle, ce projet de numéro cherche ainsi à comprendre le rôle que les expositions de collections muséales dans le monde jouent dans la représentation de la société et des groupes marginalisés.

Ce numéro utilise le concept de « genre », mais aussi de « queer », comme outils d’analyse des normes de genre et de sexualité, dans le sens verbal de « queering » pour saisir les stratégies et dispositifs présentant les objets d’une manière qui conteste les discours hétéronormatifs irriguant le récit institutionnel. Si l’historien de l’art Patrik Steorn affirme, dans un article traduit pour le numéro 30 de Culture & Musées consacré aux Musées au prisme du genre en 2017 (sous la direction de Charlotte Foucher-Zarmanian et Arnaud Bertinet), qu’appliquer le concept du queer au musée est un oxymore, en ce qu’il échappe à tout ce qui enferme et à tout ce qui a une valeur d’autorité (Steorn, 2010), « queeriser le musée » reviendrait à l’interroger en tant qu’espace savant, c’est-à-dire à tenter de saisir les raisons et manières dont les savoirs qui y sont produits ne prennent pas en compte le genre et la sexualité des artistes. Pourtant, l’institution muséale pourrait servir d’espace de changement de société (Sanders III, 2007), moyennant un travail sur les données biographiques et les pratiques artistiques exposées (certaines d’entre elles comme la performance et les pratiques textiles ont été historiquement appropriées par des groupes marginalisés), ainsi qu’un travail de développement de pratiques de conservation, comme la mise en valeur de la sexualité des artistes et l’utilisation du queer comme outil d’analyse (Barendregt, 2017). Ainsi, le thème du numéro 45 du Journal of Museum Education de 2020 se concentre sur la fonction éducative du musée et du travail de ses médiatrices et médiateurs dans le contexte états-unien : « queeriser » le musée serait bien plus qu’établir une discussion autour des histoires LGBTQIA+ et viserait à déconstruire les normes qui régissent la visibilité et l’inclusion (Prottas, 2020). La même année, Nikki Sullivan et Craig Middleton invitent à s’éloigner de la muséologie traditionnelle à travers un processus ouvert et situé qui, dans l’expographie, la production de savoir et l’engagement du public, donne à comprendre les objets conservés comme des outils pour sortir des normes assignées (Middleton et Sullivan, 2020). Ce numéro cherche ainsi à comprendre la manière dont les dispositifs de médiation et de valorisation des collections que l’on peut qualifier de « queer », c’est-à-dire qui critiquent les rapports de genre et de sexualité, modifient les discours présents au sein des expositions de collections muséales.

Les propositions pourront être soumises à Quentin Petit Dit Duhal, directeur de ce numéro jusqu’au 31 mars à l’adresse suivante : quentinpetitdd@hotmail.fr. Ces textes prendront la forme d’un résumé de 3 000 signes maximum, contenant un titre – même provisoire – et une problématique précise. Les propositions pourront être envoyées en français ou en anglais (une traduction est possible en cas d’acceptation des textes finalisés).

En cas d’avis positif (courant avril 2025), l’auteur·ice s’engagera à remettre son article entièrement rédigé (30 000 signes maximum, espaces et notes incluses) en s’assurant impérativement du respect des normes de la revue pour le 30 juin 2025.

Une fois reçu, le texte sera anonymé et soumis à une évaluation en double aveugle assurée par les membres du comité de rédaction et les expert·es extérieure·es formant le comité de lecture propre à chaque numéro. À l’issue du processus d’évaluation, l’auteur·ice recevra les avis argumentés de ses deux relecteur·ices, ainsi que celui du directeur du numéro. Son texte pourra être accepté, soumis à des corrections mineures ou majeures, ou refusé.

Retour des évaluations par les relecteur·ices :  début novembre

Retour des modifications par les auteur·ices :  30 janvier 2026

Dernières relectures et mises en ligne :  printemps 2026

Orientations bibliographiques

Barendregt L., Queering the Museum. How do queering strategies in museums change the representation of queer people?, mémoire de master en Gender Studies sous la dir. De Vassiliki Belia, Utrecht University, 2017, 1 vol.

Bishop C., Radical Museology or, What’s ‘Contemporary’ in Museums of Contemporary Art?, Londres, Koenig Books, 2013.

Boucher M., Fraser M., Lamoureux J. (dir.), Réinventer la collection. L’art et le musée au temps de l’évènementiel, Montréal, Presses de l’Université du Québec, 2023.

Hendrikx B. (dir.), Queer Exhibition Histories, Amsterdam, Valiz, 2023.

Middleton C., Sullivan N., Queering the Museum, Abingdon, Routledge, 2020.

Mills R., « Theorizing the Queer Museum », Museums & Social Issues, vol. 3, n° 1, 2008, p. 41-52.

Prottas N., « Queering the Museum in a (Slightly) Broader Context », Journal of Museum Education, vol. 45, n° 4, 2020, p. 357-358.

Reilley M., Curatorial Activism: Towards an Ethics of Curating, Londres, Thames & Hudson, 2018.

Robenalt E., The Queer Museum. Radical Inclusion and Western Museology, Londres, Routledge, 2024.

Sanders III J. H., « Queering the Museums », Culture work. A Periodic Broadside for Arts and Culture Workers, vol. 11, n° 1, 2007, p. 125-130.

Steorn P., « Du queer au musée : Réflexions méthodologiques sur la manière d’inclure le queer dans les collections muséales », Culture & Musées, n° 30, 2017, p. 31-49 (traduction de Steorn P., « Queer in the museum. Methodological reflections on doing queer in museum collections », Lambda Nordica, vol. 3-4, 2010, p. 119-143).