
Grégoire ou le bon pécheur en contexte européen. Textes, circulation et réécritures (XIIe–XVIIe siècles)
Grégoire ou le bon pécheur en contexte européen
Textes, circulation et réécritures (XIIe–XVIIe siècles)
Colloque international – Clermont-Ferrand, 10–12 juin 2026
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Version française (deutsche Version siehe unten – English version see below)
La légende de la Vie du pape Grégoire relate un double inceste ainsi qu’une longue et pénible pénitence permettant au héros de se laver de son péché et de racheter la faute de ses parents. L’action se situe en Aquitaine et dévoile comment Grégoire, fruit d’un inceste adelphique et abandonné aux flots par sa mère, est recueilli et élevé par un abbé, puis quitte le monastère pour devenir chevalier. Il délivre une comtesse, dont le château est assiégé par un comte, et l’épouse. Après avoir découvert que cette dame n’est autre que sa propre mère, il fait pénitence sur une île où il demeure enchaîné à une pierre pendant dix-sept ans, avant d’être désigné par un ange pour devenir pape à Rome.
Cette légende apparaît sous sa forme littéraire en langue d’oïl au milieu du XIIe siècle et nous est conservée à travers six manuscrits et un fragment. L’auteur anonyme semble avoir composé son texte en octosyllabes dans le domaine des Plantagenêts : B1 proviendrait d’Angleterre tandis que A1 aurait plutôt été composé dans le sud-ouest de la France. Si ce saint apocryphe ne doit pas être confondu avec Grégoire le Grand, il est possible que la notoriété de ce dernier ait joué un rôle dans le succès de la légende, d’autant qu’il fut le premier moine à devenir pape. L’auditoire auquel la légende s’adresse est sans doute issu de la noblesse aquitaine ou anglo-normande. Il n’est pas interdit de penser que le thème de l’inceste ait pu avoir une résonnance particulière à une époque où des rumeurs reprochent à Aliénor d’Aquitaine d’avoir eu, lors de son séjour à Antioche en 1148, des relations incestueuses avec son oncle, Raymond de Poitiers. Quoi qu’il en soit, ce thème est assez répandu tant dans les textes hagiographiques qu’historiographiques, et permet à l’Église de défendre son éthique matrimoniale face à une société féodale parfois moins regardante sur les liens du sang.
Le récit du bon pécheur connaîtra tout au long du Moyen Âge un succès indéniable comme en témoignent les nombreuses réécritures dans les différentes langues européennes, telles que l’allemand, l’anglais, l’espagnol, le hongrois, l’irlandais, l’islandais, le latin, le néerlandais, le polonais, le russe et le suédois.
L’une des réécritures les plus marquantes de cette légende est celle qui a été rédigée par Hartmann von Aue à la fin du XIIe siècle. Elle a été conservée dans six manuscrits plus ou moins complets ainsi que dans sept fragments. Elle a également été à l’origine de nombreuses autres versions, notamment celle des Gesta Romanorum qui s’est diffusée à travers toute l’Europe. Si Hartmann conserve la trame narrative du texte français, il l’amplifie considérablement et en accentue la dimension religieuse.
À cette réécriture en langue allemande vient s’ajouter une version en moyen-anglais conservée dans quatre manuscrits dont le plus ancien date de la fin du XIIIe siècle. Cette version suit la trame du récit français en l’abrégeant fortement.
Il est impossible de savoir si la légende française remonte à un archétype aujourd’hui perdu, à une légende byzantine ou, plus probablement, si son origine est à chercher dans des sources à la fois diffuses et nombreuses. On songera bien entendu à l’histoire d’Œdipe telle qu’elle était connue au Moyen Âge (notamment à travers le Roman de Thèbes) ou à la légende apocryphe de la vie de Judas, qui rapporte que celui-ci a été mis à l’eau par ses parents puis sauvé par un pêcheur avant d’être amené à tuer son père et à épouser sa mère. D’autres textes traitant de l’inceste peuvent présenter des motifs communs, ainsi en est-il de la Manekine de Philippe de Beaumanoir où la main de Joïe est retrouvée miraculeusement dans le ventre d’un poisson. Enfin, la légende de Grégoire n’est pas sans rappeler celle de saint Métron qui, après avoir découvert l’inceste qu’il a commis involontairement, s’enchaîne devant la basilique de Vérone, jette la clé des chaînes dans l’Adige, et ne met un terme à sa pénitence qu’au bout de sept ans, après que la clé a été retrouvée dans le ventre d’un poisson.
C’est dans la perspective de la diffusion européenne de la légende que le colloque s’intéressera au texte en langue d’oïl et à ses réécritures produites du XIIe au XVIIe siècle. Il prendra place, en outre, dans un contexte de recherche renouvelé : les textes sont au centre des projets d’éditions numériques développés d’une part à la Bibliothèque Universitaire de Heidelberg (« Vie de saint Grégoire – digital », « Gregorius – digital »), d’autre part à l’Université de Strasbourg (« Gregorius Digital – Estrades »). Il sera ainsi l’occasion de réfléchir, à partir de mises en récit diverses d’une matière commune, à de nouvelles approches d’ordres philologique, poétique et comparatiste, y compris dans la perspective des humanités numériques.
Proposition de pistes à explorer par les communications :
1. Approches philologiques, codicologiques et éditoriales
Les contributions pourront explorer les textes à travers leur tradition manuscrite (manuscrits et fragments) et s’intéresser aux questions relatives à la transmission, à la codicologie ou la paléographie. On pourra, par exemple, analyser la langue et le style d’un manuscrit ou d’un fragment donné, étudier le lien entre texte et codex en tenant compte des apports de la « nouvelle codicologie » ou encore, s’il s’agit d’un recueil, interpréter le récit étudié en lien avec ses co-textes. Les contributions pourront également porter sur les pratiques d’édition, qu’il s’agisse des éditions imprimées, du XIXe siècle (Victor Luzarche, Karl Lachmann, Fritz Schultz) à nos jours (Henrik Bastiaan Sol, Burghart Wachinger, Volker Mertens), ou sur des éditions numériques évoquées ci-dessus, dont il s’agit d’interroger le potentiel pour l’analyse des textes.
2. Mises en forme et contextes de la matière
Les contributeurs pourront étudier des textes individuels en articulant leurs analyses autour de questions centrales comme, par exemple, celle du genre littéraire (influence de la chanson de geste ? / légende courtoise et aristocratique ou exemplum ?) ou autour de l’étude de certains motifs tels que la géographie, l’eau ou les lieux. Les contributions pourront également explorer les enjeux théologiques des textes. Une attention particulière pourra être portée au vocabulaire religieux employé, aux notions de Providence et de libre arbitre, de rédemption et de pardon, ou encore à la question de la culpabilité et à l’idée de felix culpa. L’analyse pourra mettre en lumière le traitement du personnage du bon pécheur : dans quelle mesure cette figure est-elle condamnée ou, au contraire, revalorisée, voire idéalisée ? Elle pourra également permettre de porter un regard nouveau sur le contexte socio-historique et culturel : que nous disent les textes sur les notions de chevalerie, noblesse, vassalité et parenté ? Comment les auteurs ou adaptateurs traitent-ils le rôle de l’argent ou la représentation de la pauvreté ? Que nous révèlent les lieux ou la géographie sur le sens des textes ? Des parallèles pourront être établis avec d’autres œuvres médiévales abordant les mêmes thèmes. On pourra notamment songer aux légendes hagiographiques traitant de l’inceste ou mettant en scène des figures de saints pécheurs : légende d’Albanus, légendes de Judas (Vita Judae) ou de saint Métron.
3. Circulation et transferts des textes
Les contributions s’inscrivant dans ce troisième axe pourront s’intéresser à la dimension européenne de l’œuvre du XIIe au XVIIe siècle et à sa diffusion, également à travers les Gesta Romanorum ou d’autres recueils de légendes hagiographiques. Les versions en langues allemande, anglaise, espagnole, hongroise, irlandaise, islandaise, latine, néerlandaise, polonaise, russe ou encore suédoise pourront être analysées dans une perspective comparatiste, intertextuelle et interculturelle susceptible de mettre en évidence leurs caractéristiques et leurs perspectives propres, mais aussi les phénomènes de transferts, de circulation et de réécriture des textes. Les contributions pourront notamment aborder les questions de l’amplificatio ou de l’abbreviatio : dans quelle mesure les transferts et transformations modifient-ils le sens des textes par des ajouts, le développement ou l’omission de certains passages ? Dans quelle mesure remodèlent-ils la matière, lui confèrent-ils des significations nouvelles, et en révèlent-ils toutes les potentialités ? Une attention particulière pourra être portée au contexte historique et religieux dans lequel elles ont apparu. Une cartographie des manuscrits pourra également être établie. Les contributions permettront ainsi de s’interroger sur les raisons du succès persistant du récit et sur les contextes – culturels, sociologiques, historiques – favorisant sa diffusion.
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Les propositions, d’une page maximum, accompagnées d’une brève bio-bibliographie, sont à envoyer conjointement à Françoise Laurent (francoise.laurent@uca.fr) et à Patrick del Duca (patrick.del_duca@uca.fr) d’ici le 1er septembre 2025. Les communications pourront être faites en français, en allemand ou en anglais. Le colloque se tiendra à Clermont-Ferrand du 10 au 12 juin 2026 (le recours à la visio-conférence ne peut être qu’exceptionnel). Une publication des actes est également prévue.
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Deutsche Fassung
Grégoire oder der gute Sünder im europäischen Kontext
Texte, Überlieferung und Übertragungen (12.–17. Jahrhundert)
Internationale Tagung – Clermont-Ferrand, 10.–12. Juni 2026
Die Legende vom Leben des Papstes Gregorius erzählt von einem doppelten Inzest sowie einer langen und schmerzhaften Buße, die es dem Helden ermöglicht, sich von seiner Sünde zu reinigen und die Schuld seiner Eltern zu sühnen. Die Handlung spielt in Aquitanien und zeigt, wie Gregor – aus einem geschwisterlichen Inzest geboren und von seiner Mutter den Fluten überlassen – von einem Abt aufgenommen und erzogen wird. Später verlässt er das Kloster, um Ritter zu werden. Er befreit eine Gräfin, deren Burg von einem Grafen belagert wird, und heiratet sie. Nachdem er entdeckt hat, dass diese Frau niemand anderes als seine eigene Mutter ist, leistet er Buße auf einer Insel, wo er siebzehn Jahre lang an einen Stein gekettet bleibt. Ein Engel eröffnet ihm schließlich, dass er dazu bestimmt ist, Papst in Rom zu werden.
Diese Legende erscheint in literarischer Form um die Mitte des 12. Jahrhunderts in der „langue d’oïl“. Sie ist uns durch sechs Handschriften und ein Fragment überliefert. Der anonyme Autor hat den Text wahrscheinlich im Einflussbereich der Plantagenets verfasst: B1 stammt vermutlich aus England, während A1 eher im Südwesten Frankreichs entstanden sein könnte. Obwohl dieser apokryphe Heilige nicht mit Gregor dem Großen verwechselt werden sollte, ist es möglich, dass dessen Bekanntheit eine Rolle für den Erfolg der Legende spielte, zumal Gregor der Große der erste Mönch war, der Papst wurde. Das Publikum, an das sich die Legende richtete, war wahrscheinlich der aquitanische oder anglo-normannische Adel. Vielleicht fand das Thema des Inzests besondere Resonanz, weil gerade in dieser Zeit das Gerücht kursierte, Eleonore von Aquitanien habe während ihres Aufenthalts in Antiochia im Jahr 1148 ein inzestuöses Verhältnis zu ihrem Onkel Raimund von Poitiers gehabt. Wie dem auch sei, dieses Thema war sowohl in hagiografischen als auch historiografischen Texten weit verbreitet und erlaubte der Kirche, ihre ethischen Vorstellungen von der Ehe gegen eine feudale Gesellschaft zu behaupten, die oft weniger streng mit Blutsverwandtschaft umging.
Die Erzählung vom Guten Sünder erfreute sich während des gesamten Mittelalters großer Beliebtheit, wie die zahlreichen Übertragungen in verschiedene europäischen Sprachen zeigen, darunter Deutsch, Englisch, Spanisch, Ungarisch, Irisch, Isländisch, Latein, Niederländisch, Polnisch, Russisch und Schwedisch.
Eine der bemerkenswertesten Bearbeitungen der Legende stammt von Hartmann von Aue und wurde Ende des 12. Jahrhunderts verfasst. Sie ist in sechs mehr oder weniger vollständigen Handschriften sowie in sieben Fragmenten überliefert. Zudem war sie die Grundlage für zahlreiche weitere Bearbeitungen, darunter die der Gesta Romanorum, die sich in ganz Europa verbreitete. Obwohl Hartmann die narrative Struktur des französischen Textes beibehält, erweitert er ihn erheblich und betont dabei die religiöse Dimension des Werks.
Neben Hartmanns Bearbeitung gibt es eine mittelenglische Version, die in vier Handschriften erhalten ist, von denen die älteste aus dem späten 13. Jahrhundert stammt. Diese Version folgt der Erzählstruktur des französischen Textes, kürzt sie jedoch stark.
Es lässt sich nicht eruieren, ob die französische Legende auf eine heute verlorene ‚Urfassung‘, auf eine byzantinische Legende oder – was wahrscheinlicher ist – auf vielfältige und weit verstreute Quellen zurückgeht. Denkbar ist ein Bezug zur Geschichte des Ödipus, wie sie im Mittelalter (insbesondere über den französischen Roman de Thèbes) bekannt war, oder an die legendarische Erzählung vom Leben des Judas, die berichtet, dass dieser von seinen Eltern ausgesetzt und von einem Fischer gerettet wurde, bevor er seinen Vater tötete und seine Mutter heiratete.
Andere Texte, die das Thema des Inzests behandeln, weisen ähnliche Motive auf. So findet sich etwa in der Manekine von Philippe de Beaumanoir das Motiv, bei dem die Hand von Joïe auf wundersame Weise im Bauch eines Fisches wiedergefunden wird. Schließlich erinnert die Gregorius-Legende an die vom Heiligen Metro von Verona, der sich nach Entdeckung des unwissentlich begangenen Inzestes vor der Basilika von Verona anketten lässt. Er wirft den Schlüssel seiner Ketten in die Etsch und beendet seine Buße erst nach sieben Jahren, als der Schlüssel im Bauch eines Fisches wiedergefunden wird.
Im Rahmen der europäischen Verbreitung der Legende konzentriert sich die Tagung auf den Text in der „langue d’oïl“ sowie auf seine Übersetzungen und Bearbeitungen, die zwischen dem 12. und 17. Jahrhundert entstanden sind. Sie findet in einem erneuerten interdisziplinären Forschungskontext statt: Die Texte stehen im Mittelpunkt digitaler Editionsprojekte, die einerseits an der Universitätsbibliothek Heidelberg (« Vie de saint Grégoire – digital », « Gregorius – digital »), andererseits an der Universität Straßburg (« Gregorius Digital – Estrades ») entwickelt werden.
Die Tagung bietet somit die Gelegenheit, auf der Grundlage unterschiedlicher Erzählfassungen einer gemeinsamen Thematik über neue Ansätze in den Bereichen Philologie, Poetik und Komparatistik nachzudenken – auch im Hinblick auf das Potential der Digital Humanities.
Themenvorschläge:
1. Philologische, kodikologische und editorische Ansätze
Die Beiträge können die Texte im Hinblick auf ihre handschriftliche Überlieferung (Handschriften und Fragmente) untersuchen und sich mit Fragen zur Kodikologie oder Paläographie befassen. Beispielsweise könnten Sprache und Stil einer bestimmten Handschrift oder eines Fragments analysiert werden. Ebenso könnte man in der Perspektive der „neuen Kodikologie“ den Zusammenhang zwischen Text und Kodex untersuchen. Handelt es sich um eine Sammelhandschrift, so ließe sich die Erzählung in Verbindung mit der jeweiligen Textgemeinschaft interpretieren.
Ebenso können die Beiträge editorische oder texterschließende Praktiken in den Mittelpunkt stellen, sei es in Bezug auf gedruckte Editionen – von denjenigen des 19. Jahrhunderts (Victor Luzarche, Karl Lachmann, Fritz Schultz) bis zu den modernen Ausgaben (Henrik Bastiaan Sol, Burghart Wachinger, Volker Mertens) – oder auf die oben genannten digitalen Editionen. Insbesondere soll das Potential der digitalen Editionen für die Textanalyse reflektiert werden.
2. Gestaltung und Kontexte des Stoffes
Von besonderem Interesse sind nach wie vor gattungsgeschichtliche und werktypbezogene Fragestellungen: Wurde die Erzählung von der Chanson de geste beeinflusst? Handelt es sich um eine höfische und aristokratische Legende oder eher um ein exemplum? Ebenso ließe sich nach der Bedeutung bestimmter Motive fragen, etwa nach der Symbolik des Wassers oder der Geografie. Ein weiterer Schwerpunkt der Beiträge könnte auf den theologischen Aspekten der Werke liegen: dem religiösen Vokabular, den Konzepten von Vorsehung und freiem Willen, dem Komplex von Schuld, Vergebung, Erlösung sowie der felix culpa. Wichtig sind schließlich figurenbezogene Analysen (Inwieweit wird die Figur des ‚armen Sünders‘ verurteilt, aufgewertet oder sogar idealisiert?) und neue Einblicke in sozio-historische und kulturelle Kontexte des Werkes: Welche Vorstellungen von Rittertum, Adel, Vasallität und Verwandtschaft vermitteln die Texte? Wie gehen die Autoren oder Bearbeiter mit der Rolle des Geldes oder der Darstellung von Armut um? Vergleiche mit anderen mittelalterlichen Texten, die ähnliche Themen behandeln, sind ebenfalls sehr willkommen. Zu denken wäre hier an hagiographische Legenden über Inzest oder Geschichten über „heilige Sünder“, etwa die Legende von Albanus, die Vita Judae (Judaslegende) oder die Legende vom Heiligen Metro von Verona.
3. Verbreitung der Texte und Transferprozesse
Die europäische Dimension des Gregorius, also die Verbreitung und Wirkung des Werkes zwischen dem 12. und 17. Jahrhundert, ist im Blick etwa auf die Gesta Romanorum oder andere Sammlungen hagiographischer Legenden bisher noch wenig untersucht. Es wäre daher fruchtbar, die verschiedenen Fassungen des Werkes in vergleichender, intertextueller und interkultureller Perspektive zu analysieren, um die jeweiligen Spezifika der Phänomene von Transfer, Zirkulation und Transformation herauszuarbeiten. Besonderes Augenmerk könnte auf die Fragen der amplificatio oder abbreviatio gelegt werden: Inwieweit verändern Übertragungen und Bearbeitungen den Sinn der Texte, indem sie bestimmte Stellen ergänzen, ausarbeiten oder weglassen? In welchem Maße formen sie den Stoff um, verleihen ihm neue Bedeutungen und bringen sein Deutungspotential zur Entfaltung? Ein besonderes Interesse könnte den kulturellen, soziologischen, religiösen Kontexten gelten, in denen die unterschiedlichen Versionen entstanden sind, um die Faktoren aufzudecken, die den anhaltenden Erfolg der Erzählung und ihre Verbreitung begünstigt haben.
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Vortragsvorschläge mit kurzem Exposé (max. 1 Seite) und bio-bibliographischer Notiz werden bis zum 1. September 2025 erbeten an:
Françoise Laurent (francoise.laurent@uca.fr)
Patrick del Duca (patrick.del_duca@uca.fr)
Die Vorträge können auf Französisch, Deutsch oder Englisch gehalten werden. Das Kolloquium findet vom 10. bis 12. Juni 2026 in Clermont-Ferrand statt (Teilnahme per Videokonferenz ist nur in Ausnahmefällen möglich). Eine Veröffentlichung der Tagungsbeiträge ist geplant.
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English Version
Gregory, or the Good Sinner in the European Context
Texts, Circulation, and Retellings (12th–17th Centuries)
International Conference – Clermont-Ferrand, June 10–12, 2026
The Legend of the Life of Pope Gregory recounts a double incest and a long, arduous penance that allows the hero to cleanse himself of his sin and atone for his parents’ transgression. The story takes place in Aquitaine and follows Gregory, born of an incestuous union between siblings and abandoned to the waters by his mother. He is rescued and raised by an abbot before leaving the monastery to become a knight. Gregory later saves a countess, whose castle is under siege by a count, and marries her. After discovering that she is, in fact, his own mother, he undertakes a harsh penance on an island, where he remains chained to a rock for seventeen years before an angel designates him as the next Pope in Rome.
This legend first appears in literary form in the langue d’oïl in the mid-12th century and has been preserved in six manuscripts and one fragment. The anonymous author seems to have composed this text in octosyllabic verse within the Plantagenet realm: B1 is believed to originate from England, while A1 was likely composed in southwestern France. While this apocryphal saint should not be confused with Gregory the Great, the latter’s renown may have contributed to the legend’s success – especially since he was the first monk to become pope. The audience for this legend was likely the Aquitanian or Anglo-Norman nobility.
It is possible that the theme of incest resonated in an era when rumours surrounded Eleanor of Aquitaine, accusing her of having an incestuous relationship with her uncle, Raymond of Poitiers, during her stay in Antioch in 1148. Regardless, this theme was widespread in both hagiographic and historiographic texts, allowing the Church to reinforce its marital ethics in contrast to a feudal society that was sometimes less concerned about blood relations.
The tale of the Good Sinner enjoyed undeniable success throughout the Middle Ages, as evidenced by its numerous retellings in various European languages, including German, English, Spanish, Hungarian, Irish, Icelandic, Latin, Dutch, Polish, Russian, and Swedish.
One of the most significant retellings of this legend is the version written by Hartmann von Aue at the end of the 12th century. This version has been preserved in six more or less complete manuscripts as well as in seven fragments. It also served as the basis for many later adaptations, most notably the Gesta Romanorum, which spread throughout Europe. While Hartmann retains the narrative structure of the French text, he significantly expands it and emphasises its religious dimension.
In addition to this German adaptation, there is also a Middle English version, preserved in four manuscripts, the oldest of which dates back to the late 13th century. This version follows the structure of the French narrative but is considerably shortened.
It is impossible to determine whether the French legend originates from a now-lost archetype, a Byzantine legend, or – more likely – if it draws from multiple diffuse and varied sources. One naturally thinks of the story of Oedipus as it was known in the Middle Ages (notably through the French Roman de Thèbes) or the apocryphal legend of Judas’s life, which recounts how he was cast into the water by his parents, rescued by a fisherman, and later came to kill his father and marry his mother.
Other texts dealing with incest also present common motifs. For example, in La Manekine by Philippe de Beaumanoir, the hand of Joïe is miraculously found inside a fish’s belly. Similarly, the legend of Gregory recalls that of Saint Metron, who, after discovering that he had unknowingly committed incest, chained himself before the basilica of Verona, threw the key into the Adige River, and only ended his penance after seven years when the key was found inside a fish’s belly.
It is within the framework of the European dissemination of the legend that the conference will focus on the text in “langue d’oïl” and its retellings produced between the 12th and 17th centuries.
Moreover, the event will take place in the context of renewed research, as these texts are at the heart of digital edition projects currently being developed, notably at the University Library of Heidelberg (« Vie de saint Grégoire – digital », « Gregorius – digital »), and also at the University of Strasbourg (« Gregorius Digital – Estrades »).
This conference will provide an opportunity to explore various narrative adaptations of a common material, fostering new philological, poetic, and comparative approaches, including those within the framework of digital humanities.
Suggested Topics for Presentations:
1. Philological, Codicological, and Editorial Approaches
Contributions may examine the texts through their manuscript tradition (manuscripts and fragments) and address questions related to transmission, codicology, or paleography. For example, one could analyse the language and style of a given manuscript or fragment, study the relationship between text and codex by incorporating insights from “new codicology,” or, in the case of a compilation, interpret the text in connection with its co-texts. Contributions may also focus on editorial practices, from printed editions – ranging from the 19th century (Victor Luzarche, Karl Lachmann, Fritz Schultz) to the present day (Henrik Bastiaan Sol, Burghart Wachinger, Volker Mertens) – to digital editions, as mentioned above, questioning their potential for text analysis.
2. Narrative Forms and Contexts
Contributors may examine individual texts, structuring their analyses around key questions such as literary genre (influences from the chanson de geste? / courtly and aristocratic legend or exemplum?) or specific narrative motifs, such as geography, water, or places. Contributions may also explore theological dimensions, paying particular attention to the religious vocabulary, concepts of Providence and free will, redemption and forgiveness, or the notion of guilt and the idea of felix culpa. Analyses may also shed light on the representation of the Good Sinner: To what extent is this figure condemned, rehabilitated, or even idealised? How do these texts reflect socio-historical and cultural contexts? What do they reveal about chivalry, nobility, vassalage, and kinship? How do authors or adapters treat the role of money and the representation of poverty? What can the settings and geography tell us about the deeper meanings of these texts? Comparisons with other medieval works addressing similar themes are encouraged, particularly hagiographic legends involving incest or saintly sinners, such as the legend of Albanus, the legends of Judas (Vita Judae), or the legend of Saint Metron.
3. Circulation and Transmission of Texts
Contributions in this section may explore the European dimension of the work from the 12th to the 17th century, as well as its dissemination – including through the Gesta Romanorum and other hagiographic legend collections. Versions in German, English, Spanish, Hungarian, Irish, Icelandic, Latin, Dutch, Polish, Russian, and Swedish may be analysed through a comparative, intertextual, and intercultural lens, highlighting their distinct characteristics and perspectives, as well as processes of textual transfer, circulation, and transformation. A particular focus may be placed on amplificatio and abbreviatio: To what extent do transfers and retellings alter the meaning of the texts through additions, expansions, or omissions? How do these adaptations reshape the material, give it new meanings, and reveal its full interpretative potential? Special attention may also be given to the historical and religious contexts in which these versions emerged. Additionally, a mapping of the manuscripts could be developed. Through these investigations, contributions will reflect on the persistent success of the narrative and the cultural, sociological, and historical contexts that facilitated its widespread diffusion.
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Submission Guidelines
Please send your proposals (maximum one page) together with a short bio-bibliography to Françoise Laurent (francoise.laurent@uca.fr) and Patrick del Duca (patrick.del_duca@uca.fr) by September 1, 2025.
Presentations may be given in French, German, or English.
The conference will take place in Clermont-Ferrand from June 10 to 12, 2026 (remote participation will only be considered in exceptional cases). A publication of the proceedings is planned.
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Bibliographie indicative – Auswahlbibliographie – Indicative bibliography
Archibald, Elizabeth, Incest and the Medieval Imagination, Oxford, Clarendon Press, 2001.
Averseng, Hélène, De venin et d’anvie. Réécritures de Judas dans la littérature française du Moyen Âge, thèse de doctorat, Université d’Angers, 2022.
Closson, Marianne / Raviez, François (éd.), Les amours entre frère et sœur. L’inceste adelphique du Moyen Âge au début du XIXe siècle, Paris 2020 (Masculin / féminin dans l’Europe moderne, 25).
del Duca, Patrick, « Le diable et la critique de la société courtoise dans Gregorius de Hartmann von Aue », in : Diables et spectres. Croyances et jeux littéraires, articles réunis par Françoise Knopper et Wolfgang Fink, Cahier d’Etudes Germaniques 62 (2012), p. 25-57.
Ernst, Ulrich, Der ‚Gregorius‘ Hartmanns von Aue. Theologische Grundlagen – legendarische Strukturen – Überlieferung im geistlichen Schrifttum, Köln / Weimar / Wien 2002.
Flores Martín, Mercedes, « De la Vie du pape Saint Grégoire al teatro áureo español : historia de una leyenda europea », in : María Gracia Caballos Bejano, Inmaculada Illanes Ortega, Carmen Ramírez Gómez, Anna Raventós (éd.), La cultura del otro : español en Francia, francés en España Universidad de Sevilla, 2006, p. 65-74.
Hallich, Oliver, Poetologisches, Theologisches. Studien zum ‚Gregorius‘ Hartmanns von Aue, Frankfurt am Main / Berlin / Bern 1995.
Knapp, Fritz Peter, « Grégoire / Gregorius », in : Geert H. M. Classens / Fritz Peter Knapp / Hartmut, Kugler (éd.), Historische und religiöse Erzählungen, Berlin / Boston, De Gruyter, 2014 (GLMF IV), p. 385-408.
Kohushölter, Sylvia, Die lateinische und deutsche Rezeption von Hartmanns von Aue ,Gregorius‘ im Mittelalter. Untersuchungen und Edition, Tübingen 2006.
Guerreau-Jalabert, Anita, « Inceste et sainteté. La Vie de saint Grégoire en français (XIIe siècle) », in : Annales 1988 (43-6), p. 1291-1319.
Herlem-Prey, Brigitte, « L’archétype de la Vie du pape saint Grégoire », in : Romania 108 (1987), p. 461-483.
Herlem-Prey, Brigitte, « Schuld oder Nichtschuld, das ist oft die Frage. Kritisches zur Diskussion der Schuld in Hartmanns Gregorius und in der Vie du pape saint Gregoire », in Germanisch-romanische Monatsschrift 39 (1989), p. 3-25.
Könitz, Daniel, « Nachträgliche Kontextualisierung? Überlegungen zur ältesten und jüngsten Überlieferung des Gregorius Hartmanns von Aue », in : Margreth Egidi, Markus Greulich, Marie-Sophie Masse (éd.), Hartmann von Aue 1230–1517. Kulturgeschichtliche Perspektiven der handschriftlichen Überlieferung, Stuttgart 2020 (Zeitschrift für deutsches Altertum und deutsche Literatur, Beiheft 34), p. 133-145.
Lafran, Anne, « L’inceste entre anormalité et déviance dans les légendes de Judas et du pape Grégoire », in : Marie-Céline Isaïa / Thomas Granier (éd.), Normes et Hagiographie dans l’Occident latin (VIe–XVIe s.), Turnhout, 2014 (Hagiologia, 9), p. 135-146.
Mölk, Ulrich, « Zur Vorgeschichte der Gregoriuslegende : Vita und Kult des hl. Metro von Verona », in : Nachrichten der Akademie der Wissenschaften in Göttingen, phil.-hist. Klasse 4 (1987), p. 33-54.
Murdoch, Brian, Gregorius. An Incestuous saint in Medieval Europe and Beyond, Oxford, University Press, 2012.
Osborne, Emma, « Active Absolution and Passive Penance : The Gendering of Forgiveness in the Auchinleck Manuscript’s The Legend of Pope Gregory », eSharp (University of Glasgow online journal), Issue 24 (Spring 2016), p. 1-15.
Pious Fictions and Pseudo-Saints in the Late Middle Ages Selected Legends from an Icelandic Legendary. Translated by Marianne Kalinke and Kirsten Wolf, Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 2023 (Mediaeval Sources in Translation, 61).
Plaggemeier, Britta, Inszenierte perspicuitas. Die Perspektivenstruktur im ,Gregorius‘ Hartmanns von Aue, Diss. Bielefeld, 2018.
Rocher, Daniel, « Das Motiv der felix culpa und des betrogenen Teufels in der Vie du pape Grégoire und in Hartmann’s Gregorius », in Germanisch-romanische Monatsschrift 38 (1988), p. 57-66.