
Martial Sinda est né le 9 avril 1935 à M’Bamou-Sinda (région de Kinkala dans le Moyen-Congo). Il arrive en France en 1948 pour poursuivre des études secondaires dans le collège de La Châtre dans l’Indre. Il publie son recueil de poèmes Premier chant du départ le 15 juin 1955 ; lequel s’inscrit dans le mouvement de la Négritude dont le triumvirat est formé par Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et Léon Gontran Damas. À ce moment, Il prépare une licence de lettres classiques à la Sorbonne. Martial Sinda est le premier poète de l’Afrique Équatoriale Française, dont le sigle est AEF. La Fédération de l’AEF est composée par le Moyen-Congo, l’Oubangui-Chari (actuellement Centrafrique), le Gabon et le Tchad. Son recueil fut un événement. Il connut un succès de librairie. Il fut réédité le 30 octobre 1956. La même année il est le récipiendaire du Grand Prix Littéraire de l’AEF décerné par l’Association des Écrivains de la Mer et de l’Outre-Mer présidée alors par Jean d’Esme. Ce prix créé pour les écrivains coloniaux fut remis pour la première fois à un Noir.
Martial Sinda est aujourd’hui professeur honoraire en histoire contemporaine à la Sorbonne-Nouvelle, spécialiste des religions africaines.
Pour commémorer le 70e anniversaire de la publication du Premier chant du départ de Martial Sinda, les éditions Orphie le réédite dans une nouvelle version établie par l’auteur.
Publié à l’origine dans la collection « Cahiers PS » de Pierre Seghers placée sous le signe d’une année, il satisfaisait à la ligne éditoriale de la collection qui éditait des plaquettes de poésie d’une soixantaine de pages. L’édition de 1955, et la réédition de 1956, pratiquement inchangée, comportait soixante pages.
L’édition originelle de 1955 était composée de trois parties : un hymne à l’Afrique traditionnelle (un hommage à la mère, des poèmes en bilingue lari - français), une deuxième partie placée sous le signe de la révolte contre la colonisation et l’esclavage (« Tam-Tam, Tam-Tam-Toi », « Clarté de l’aube », « Registre », « Cahier », « La Daba »…), et une troisième partie placée sous le signe de la Bien-aimée « Chant pour une Congolaise ».
La deuxième réédition, en date de mars 2025 publiée par Orphie, comporte 204 pages. Elle est publiée hors collection. L’auteur a donné un titre aux poèmes qui n’en avait pas de manière à faciliter l’étude pour les enseignants, les chercheurs et critiques littéraires. Elle est forte de quatre parties auxquelles s’ajoutent un prologue, un épilogue et du paratexte. Trente-cinq poèmes inédits – par rapport à l’édition originelle – datant le l’époque coloniale sont inclus dans la nouvelle édition. Certains ont été publiés en revue (Les lettres françaises, Les Cahiers Charles de Foucauld, La Semaine de l’AEF, le Bulletin de l’Association des étudiants congolais, le Bulletin de l’association des étudiants ivoiriens…).
Elle conserve cependant la même matrice :
-Le prologue reprend le poème inaugural « Hymne à l’Afrique » avec les courts poèmes bilingues (lari -français).
-La première partie s’intitule « Pour ma mère ». On y retrouve le poème éponyme, auquel s’ajoute trois poèmes inédits ayant trait à la mère : « Le cocon d’angoisse », « Mère, je ne puis être gai », « Lettres du collège à ma mère ».
-La deuxième partie devient « Tam-Tam, Tam-Tam-Toi ». On y retrouve le poème éponyme inaugural du chant de la révolte, et tous les autres poèmes de l’édition originelle, auxquels s’ajoute « Chant pour N’koûna », lequel figurait dans la première édition, dans la première partie qui faisait l’éloge de l’Afrique traditionnelle.
-La troisième partie intitulée « Poivre » est, tout comme la deuxième partie « Tam-Tam, Tam-Tam-Toi », placée sous le signe de lutte contre le racisme et les excès coloniaux. Elle comporte treize poèmes tous inédits dans Premier chant du départ. La troisième partie a deux poèmes de plus que la deuxième partie.
-La quatrième partie conserve son inter-titre « Chant pour une Congolaise ». Constituée de huit poèmes de manière originelle elle est étoffée par dix-neuf poèmes inédits.
-L’épilogue datant de 1960, est un poème conçu en vu d’être l’hymne national du Congo, tout juste indépendant, et dont le premier président de la République, l'abbé Fulbert Youlou, est l'oncle du poète.
-Le para-texte est constitué par : une préface inédite de René Maran, prix Goncourt 1921 ; un avant-propos signé par l’auteur qui remet les poèmes dans leur contexte de production et donne des pistes de lecture sur le plan esthétique ; des documents iconographiques (photos d'époque, illustrations par des tableaux et par des dessins d'artistes signées : Pascale Delgrange et Joël Sinda) ; un appendice enrichi et élargi à d’autres domaines, lequel n’est plus seulement sociologique et linguistique, mais aussi historique ; des annexes comportant : des coupures de presse d'époque ( le tapuscrit-préface de René Maran, La Semaine de l'AEF, Liaison, La Voix du Congolais, Bingo, Les Cahiers Charles de Foucauld), et des autographes de personnalités politiques et/ou intellectuelles de l'époque (le gouverneur général Robert Delavignette, le philosophe Gaston Bachelard, le député-poète Léopold Sédar Senghor, le député poète Aimé Césaire) ; Et enfin un texte signé par Thierry Sinda, maître de conférences des Universités françaises, fait fonction de postface. Il s’intitule : « Martial Sinda, un des psychanalystes de la Négritude ».