
Les Dits et Entretiens, ici pour la première fois rassemblés, donnent à lire les propos tenus par Bram van Velde à des amis, à des critiques, à toute personne qui a pu s’entretenir avec lui ou noter un fragment de sa parole extraordinaire, tels qu’on peut les lire ou les entendre dans des documents retrouvés. Leur présentation dans l’ordre chronologique fait valoir la fidélité du peintre à sa pensée profonde, et vérifie ce que disait de lui l’écrivain Charles Juliet : « Pas une seule fois je ne l’ai entendu énoncer une chose fausse, contestable, inadéquate, ou simplement approximative. »
L’essai introductif, Le palimpseste et le commencement, fait valoir l’étrangeté radicale des tableaux parfaitement muets qu’a laissés cet artiste sans antécédent ni successeur, et répond à l’appel sauvage, insistant, dont ils retentissent au plus intérieur de nos consciences. Les analyses proposées par Jérôme Thélot, étayées sur les propos du peintre, élucident les conditions et les motifs ayant déterminé l’oeuvre énigmatique de Bram van Velde et la pensée sensible qui s’y convie.
—
On sait que c’est sur le fond de son inaptitude au discours et de sa pudeur intransigeante que Bram van Velde a prononcé des phrases étonnantes, parmi les plus inspirées qui aient jamais été dites sur la peinture. Voici encore le témoignage de Mason : « Parce qu’elles ne sont pas préméditées, ses paroles constituent dans l’urgence simple, presque naïve, d’une sincérité totale les plus justes considérations sur le travail du peintre. »
Cet ensemble de propos de Bram van Velde est précédé d’un essai de Jérôme Thélot qui ne vise pas à résoudre une énigme, mais à la poser. Il ne s’agit pas d’apprivoiser Bram van Velde ni de rendre usuelle et maniable sa figure d’étranger radical – au contraire il s’agit de restituer son irréductibilité, son impossibilité presque, d’une autre essence que nos domesticités. Les analyses de cet essai, toutes étayées sur les rares propos du peintre, élucident les conditions et les motifs ayant déterminé l’œuvre énigmatique de Bram van Velde – pour autant que ce mot d’« œuvre » lui convient –, les raisons qui en justifient l’aventure, et la pensé sensible qui s’y convie.