« Géocritique de la Seine »
Ouvrage collectif sous la direction de Sonia ANTON (université Le Havre Normandie)
Publication programmée en 2020
Date limite pour l'envoi des propositions (300 mots) : 15 juin 2019
Date limite pour l'envoi des contributions : 15 septembre 2019
Corpus : littérature générale, historiographie
Cet ouvrage a pour finalité de rendre compte des représentations littéraires de la Seine, en empruntant à Bertrand Westphal l’approche et la méthode géocritiques[1] qu’il a développées. Cette méthode propose de superposer les textes évoquant un même lieu d’une façon aussi exhaustive que possible, et de mener une analyse qui croise tous les points de vue, toutes les strates temporelles et tous les genres. La géocritique d’un fleuve est une entreprise qui n’a jamais été menée.
Ce projet s’inscrit dans un programme de recherche appelé « GéoSeine », soutenu par la Région Normandie, et porté par l’université du Havre. Un colloque aura lieu les 19 et 20 juin prochains au Havre. Mais le sujet est si vaste qu’il a fallu restreindre l’analyse à quelques auteurs et quelques œuvres. C’est pourquoi, en termes de publication, nous privilégions l’ouvrage collectif (par rapport à des actes de colloques), qui nous permettra, à travers cet appel à contribution, d’embrasser un champ plus large.
Les grandes lignes de notre argumentaire sont les suivantes, elles s’articulent autour de plusieurs axes :
→Littérature :
Nous souhaitons rendre compte des pistes explorées par les chercheurs et chercheuses en littérature sur les représentations du fleuve, du Moyen-Age à nos jours, donner à voir également la diversité des types d’approche scientifique et les faire dialoguer. Faire émerger des problématiques susceptibles de structurer un corpus considérable, notamment dans la perspective de la construction d’un Atlas numérique, programmé pour 2021 et financé par la Région Normandie.
Cet ouvrage accueille et encourage un principe de pluralité dans la façon de rendre compte des corpus : certains chercheurs se centreront sur un auteur, d’autres sur une œuvre, sur un genre (le voyage pittoresque, le roman noir, etc.), une thématique, etc. Nous invitons également des historiens à donner à connaître des textes « historiographiques », qui sont souvent à mi-chemin entre la littérature et l’histoire, et qui intéressent la géocritique par leur dimension frontalière.
Nous essayerons de dessiner les contours d’une intertextualité d’un genre particulier centrée autour d’un lieu.
Nous convoquerons aussi des auteurs de langue étrangère.
→Arts
La géocritique s’attache à faire dialoguer toutes les formes de représentations des lieux, et invite en soi à croiser la littérature et les arts. Pour la géocritique de la Seine, nous avons voulu engager une réflexion sur la création contemporaine se déployant en contexte, autour ou à propos de la Seine. En partenariat avec l’Ecole d’art et de design de Rouen et du Havre et le Master de création littéraire du Havre, plusieurs workshops ont été menés autour de ces questions, sur lesquels cet ouvrage permettra de revenir. Celui-ci donnera également l’occasion à des spécialistes en art de rendre compte d’un certain nombre de formes d’appropriation esthétique de cet espace.
→Valorisation patrimoniale, tourisme littéraire
L’une des déclinaisons du programme GéoSeine consistera à concevoir et à installer en bord de Seine, sur la commune de Rives-en-Seine, une « Escale littéraire connecté »e, qui donnera à lire et à entendre des extraits évoquant le fleuve.
Ces journées permettront de contribuer à la réflexion sur le tourisme littéraire et la valorisation patrimoniale des territoires, qui constituent un enjeu majeur pour l’axe Seine.
Questions, thèmes…
D’innombrables questions surgissent dès lors que l’on tente de problématiser les représentations de la Seine. Nous en livrons quelques-unes, en mode brainstorming :
-Les variations historiques et géographiques qui informent les représentations du fleuve
-Les variations associées au lieu évoqué (350 kilomètres, 3 grandes villes, des dizaines de petites communes, des espaces naturels, industriels, etc.).
-Les imaginaires de la Seine. Les constantes et les hapax. Les topoï, les moments d’émergence des topoï. Les spécificités de la Seine par rapport à l’objet fleuve en général. Les imaginaires des fleuves, des eaux.
-Les types de représentations : l’eau, la ville que traverse le fleuve, le pont, etc.
-Les types de focalisation : la Seine depuis la rive, sur l’eau, sous l’eau ; la Seine vue par un personnage / locuteur mobile (en bateau), immobile, etc.
-La relation au genre : récit de voyage, poésie lyrique, roman policier, etc. Le rôle de la Seine dans l’économie du genre.
-L’inscription dans l’histoire littéraire : l’inscription dans une poétique du paysage, le paysage état d’âme, le paysage et l’inspiration (les Romantiques), la poétisation de l’urbain parisien (XIX), l’esthétisation du paysage industriel (XX-XXI), la géopoétique, la préoccupation environnementale en littérature (XXI), etc.
-L’intertextualité : les mythes (antiques, monothéistes), les mythes littéraires (Ophélia, Le pont Mirabeau, le masque mortuaire de l’inconnue de la Seine, etc.).
Dans cette grande polyphonie de textes, de directions, d’approches, peut-on identifier quelques grandes invariantes qui construiraient un faisceau de dénominateurs communs ? Le territoire littéraire de la Seine se nicherait peut-être à l’intersection entre ce socle commun, diachronique et transgénérique et toutes les spécificités kaléidoscopiques des regards. À un croisement…
Quelques thèmes structurants dans une perspective comparatiste :
-« Promenades dans Paris » (Mercier, Baudelaire, Prévert, Jacques Roubaud, Jacques Réda, etc.)
-« Imaginaires séquaniens » : miraculeux au Moyen Age, fantastique chez Jules Supervielle, etc.
-« La Seine et les mythes »
-« La Seine interlope » (le port, le roman noir, La Seine méphitique du XVIIIe, etc.)
-« Sur le fleuve » (les voyages pittoresques)
-« Au-dessus du fleuve » (les ponts en littérature)
-« Poétique de l’eau »
Il est prévu qu’un certain nombre de contributions, émanant du colloque de juin 2019, figurent dans l’ouvrage.
Nous en donnons la liste, qui permettra de voir les pistes qui ont été ouvertes :
Campagna Julien (U. de Poitiers) : « La Seine et le roman noir » ; FIX Florence (U. de Rouen) : « La Seine sanglante : de la Saint Barthélémy à la Commune » ; Guyot Alain (U. de Lorraine) : « La Seine de Jules Janin : une vision ‘pittoresque et romantique’ du fleuve ? » ; PINON Esther (U. de Rennes) : « La Seine dans la poésie d’Apollinaire, ou le fleuve invisible » ; ROUCAN Carine (U. du Havre ) : « Les naïades de Huysmans » ; Seha Alexandra (U. du Havre) : « La Seine dans Une éducation libertine de Jean-Baptiste del Amo » ; WAUTERS Éric (U. du Havre) : « Pierre Philippe Urbain Thomas : discours sur l'histoire de l'industrie dans la basse Seine » ; Wells Amy (U. de Caen) : « La Seine vue par des écrivains anglo-saxons » ; Grandcamp Gabrielle (U. du Havre) : « La Seine et les récits miraculeux » ; RICHARD-PAUCHET Odile (U. de Limoges) : « Diderot, l'eau et les rêves : promenade en bord de Seine dans les années 1760. »
Pour plus d’informations, voir https://geoseine.hypotheses.org/
Propositions à envoyer avant le 15 juin 2019 à l'adresse suivante : sonia.anton@univ-lehavre.fr
[1] Bertrand WESTPHAL, La géocritique : réel, fiction, espace, Editions de Minuit, 2007