Atelier Identités LGBTQ+ intersectionnelles dans les cultures populaires des Amériques : réappropriation des normes, dynamiques des représentations des genres, des races et des sexualités
Dans le cadre du colloque du Pôle Nord-Est de l'Institut des Amériques ayant pour thème « Dynamique de genre, sexualité et racialisation dans les Amériques » (13, 14, 15 janvier 2021, Université Gustave Eiffel), nous organisons un atelier intitulé Identités LGBTQ+ intersectionnelles dans les cultures populaires des Amériques : réappropriation des normes, dynamiques des représentations des genres, des races et des sexualités. Vous en trouverez l'appel ci-dessous.
Les Amériques, en tant qu’elles constituent des espaces composites et contrastés, sont aussi des espaces qui permettent la mise en contact d’identités complexes, fragmentaires, et plurielles. La grande diversité de ces identités se décline selon un large faisceau de critères de genre, de sexualité, de race, d’ethnicité, de classe sociale, de citoyenneté, de religion, etc. Outre leur existence dans la société, celles-ci se retrouvent également dans les cultures populaires, c’est-à-dire dans « l’ensemble des domaines non reconnus, non consacrés par la culture universitaire classique » (David Diallo, « La notion de “culture populaire” en débat, Entretien avec Jean-Paul Gabilliet », Revue de recherche en civilisation américaine, n°1, 2009, 1). À leur tour, en tant qu’espaces permettant la prolifération des représentations, ces cultures populaires peuvent être perçues comme des espaces où plusieurs discours, liés à la multiplicité des auteurs et des acteurs desdites cultures, se confrontent. Elles permettent, dans le même sens, à une multitude d’identités des groupes minorés de résister aux normes. C’est le cas, par exemple, pour les identités LGBTQ+.
Si les normes socio-culturelles occidentales définissent l’hétérosexualité et le patriarcat en tant que modèles dominants, c’est du fait de traditions phallocentriques qui privilégient l’homme (blanc) et sa virilité hétérosexuelle (Cf. Judith Butler, Gender Trouble, New York : Routledge Classics, 2006 (1990), 24-26 ; Michel Foucault, Histoire de la sexualité I : La volonté de savoir, Paris : Tel Gallimard, 1976, 51-55 ; Michelle M. Wright et Antje Schuhmann, « Introduction », in Michelle M. Wright et Antje Schuhmann (dir.) Blackness and Sexualities, Berlin : FORECAAST LIT, vol. 16, 9). De fait, les minorités sexuelles et/ou raciales sont évaluées à l’aune de cette conception du monde qui les voue à un statut de subalterne. Pourtant, bien que la société normative se définisse par rapport à ce qui l’oppose à ces groupes minorés, elle leur impose également une existence surdéterminée qui les oblige à se cantonner à certains rôles. C’est encore plus le cas lorsque l’identité représentée est intersectionnelle. Si l’appartenance à une minorité est à l’origine de discriminations et des processus d’émancipation potentielle qui en découlent, l’intersection des identités signale la multiplication de ces discriminations et des enjeux des luttes menées. En effet, comme l’affirme Muñoz, les interstices qu’ouvre l’intersection de plusieurs discours de domination, leurs dissonances, rendent possible des stratégies de résistance, de réappropriation, ou encore de désidentification (José Esteban Muñoz, Disidentifications: Queers of Color and the Performance of Politics, Vol. 2, Minneapolis : U. of Minnesota Press, 1999).
L’objectif de cet atelier sera d’analyser les dynamiques des représentations des personnes LGBTQ+ dans les Amériques, et leurs effets, à travers le prisme de l’intersectionnalité. Les approches inter- et transdisciplinaires seront privilégiées, et les communications pourront être comparatives ou centrées sur un seul pays. Plusieurs axes de recherche seront possibles :
- Foisonnement des représentations LGBTQ+ intersectionnelles dans les cultures populaires américaines
- Performances des dynamiques de sexualités, de races et de genres, dans les cultures populaires (normalisations, contestations…)
- Représentations comme outils de contestation politique (besoins d’agentivité des populations queer comme exemples des changements des dynamiques de sexualité…)
- Analyse des discours de relégation à la marge dans les cultures populaires américaines, (itérations, portée sur les sujets intersectionnels…)
- Processus d’altérisation, de marginalisation, et stratégies de résistance tels qu’ils sont infléchis par cette grande variation culturelle
- Élasticité de l’acronyme « LGBTQ+ » : divergences et convergences sur le continent (possibilités, limites…)
- Reproductions, (ré)appropriations, et représentations des LGBTQ+ intersectionnelles (réception et perception, à la fois endogène et exogène, de ces représentations…)
- Opposition à la binarité des problématiques de genre, de race et de sexualité et reconceptualisations des identités (intersectionnelles) LGBTQ+.
Nous attendons des propositions couvrant des zones géographiques diverses des Amériques.
Elles devront être envoyées au plus tard le 15 septembre 2020 à l'adresse blec.yannick@gmail.com
pour une réponse avant le 20 septembre.