Revue InteraXXIons
"Les Catastrophes traumatiques"
PRÉSENTATION
InteraXXIons est la revue académique à comité de lecture de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Revue scientifique, pluridisciplinaire et semestrielle, InteraXXIons entend, face à la complexité des temps présents, permettre un décloisonnement des disciplines des sciences humaines pour saisir les dynamiques contemporaines au Moyen-Orient dans un monde fait d’hybridité et de mobilité. Avec ses comités (scientifique, de lecture, de rédaction), InteraXXIons réaffirme sa conviction que les disciplines engagées dans son projet éditorial permettent aux recherches et chercheurs qui les mènent de porter une voix différente dans la production intellectuelle ayant principalement le Moyen-Orient comme aire géographique d’intérêt. La langue retenue est le français principalement mais d’autres langues (comme l’anglais ou l’arabe) sont également envisageables.
Le 4 août 2020, à 18h07, au Liban, une double explosion secoue le port de Beyrouth. 2 700 tonnes de nitrate d'ammonium partent en fumée, dévastant sur leur chemin des quartiers entiers. Plus de 200 morts, plus de 6000 blessés, plus de 7000 familles se retrouvant sans abri : tel est le triste bilan de cette catastrophe. En prenant appui sur cet évènement mais sans vouloir s’y limiter, ce numéro se propose d’interroger cette thématique à la lumière des sciences humaines. À travers l’histoire, plusieurs catastrophes semblables ont eu lieu (à Toulouse, à Fukushima, à Gênes, à Tchernobyl…). Au-delà de la lamentation, de la fascination, de la sidération, de la déploration, du ressentiment, que diffuse la catastrophe ?
Étymologiquement, le terme de « catastrophe » renvoie au latin catastropha, du grec katastrophê (bouleversement, fin, dénouement). Décomposé, ce terme fait apparaîtra kata (vers le bas) et strophê (action de tourner, volte, évolution). Ce retour à l’étymologie permet de faire ressortir l’ambiguïté du terme qui signifie, de manière concomitante, une clôture et une configuration nouvelle à l’instar d’un dénouement théâtral. Ce n’est pas l’évènement en lui-même qui appelle à être étudié mais le récit de son évolution et de ses conséquences, un discours sur l’avant et l’après-irruption.
Si les catastrophes naturelles disposent d’une tolérance plus large, celles qui sont liées à la négligence humaine sont souvent source de traumatisme au niveau individuel. Le « Traumatic grief » (Prigerson, 1997) fait remonter des besoins de vengeance et d’explication auxquels le politique se doit de répondre, au-delà de la simple reconstruction architecturale ou de l’indemnité financière.
Il s’agira de se pencher sur des situations particulières en utilisant les sciences humaines comme outil critique afin de comprendre la symbolique de ce moment de rupture. L’avant et l’après sont à interroger dans leurs diverses incidences que les humanités tentent de saisir. D’un point de vue psychologique, angoisse, culpabilité de survie, résilience sont autant de concepts qui émergent ; ils sont accompagnés d’une mobilisation humaine mais également d’une fracture familiale (mort de proches, immigration effrénée…) et de mutations démographiques que la sociologie peut interroger. De telles catastrophes revêtent une dimension géographique, qui est une expression spectaculaire des relations que les sociétés humaines peuvent entretenir avec leur environnement, relations dont les failles permettent malheureusement une telle ampleur des dégâts. Mais, au-delà des destructions et des victimes à déplorer, un tel événement représente une opportunité certaine, pas seulement de « panser » les blessures humaines et matérielles (« reconstruction » des survivants et de la ville), mais de repenser ces relations pour que cela ne se reproduise plus. Ce sont également les manifestations artistiques et littéraires qui sont à analyser puisqu’elles permettent une expression cathartique pouvant aider à la reconstruction ou à la destruction en intensifiant le phénomène traumatogène. Le politique peut aussi être interrogé non seulement dans sa réactivité face au moment mais dans l’instrumentalisation qu’il peut faire de la catastrophe. C’est alors la notion de confiance qui voit le jour, celle qui existe au niveau des citoyens mais également face à l’État lui-même.
AXES
Axe 1 – Penser la catastrophe
• Aléas et refondations sociales
• Histoire des catastrophes et entraide internationale
Axe 2 – Panser la catastrophe
• Reconstructions du territoire
• Reconstructions de l’individu
Axe 3 – Compenser la catastrophe
• Effondrement et recomposition tissu citoyen
• Politique et mouvements migratoires
MODALITÉS
· Date limite de soumission des résumés : 15 juin 2021
· Date limite de soumission des articles : 31 août 2021
Les abstracts, en langue française, anglaise ou arabe devront être envoyés par courrier électronique, dans un fichier Word attaché aux adresses suivantes : redactioninteraxxions@usj.edu.lb ; karl.akiki@usj.edu.lb
Le courriel comportera :
• Le résumé (abstract) de l’article (approx. 500 mots) avec précision de l’axe retenu.
• Les Mots-clés.
• Une notice bio-bibliographique (approx. 100 mots).
Les abstracts seront examinés par le comité de rédaction. Les contributeurs recevront une réponse le 30 juin 2021.
Les articles d’une longueur de 40.000 signes (espaces compris) seront examinés en double aveugle par le comité de lecture. Ils respecteront les normes de rédaction de la revue.