Littératures francophones des Caraïbes : entre mémoire de l’esclavage et mondialisation de la culture (La Rochelle)
Littératures francophones des Caraïbes : entre mémoire de l’esclavage et mondialisation de la culture
Colloque international organisé par
La Rochelle Université (Centre de Recherche en Histoire Internationale et Atlantique - CRHIA - et le département Lettres)
et le Centre Intermondes de La Rochelle.
Sont également associés à cet événement :
La Maison des Étudiants, l'association Les Lapidiales, le théâtre Amazone
et le Centre International de la Mer de Rochefort-sur-Mer.
La Rochelle Université organise un colloque international du 14 au 16 octobre 2020 (si la situation sanitaire le permet). Cet événement réunira des chercheurs en littérature et en histoire mais aussi des écrivains et des artistes afin d’apporter un éclairage pluridisciplinaire sur la question des littératures francophones des Caraïbes et de leur inscription entre mémoire de l’esclavage et mondialisation de la culture. La Rochelle, qui porte les traces de cette « honteuse institution » - elle a pavé ses rues avant que le « siècle des abolitions[1] » n’y mette un terme et que la France, après bien des luttes, n’accomplisse enfin son devoir de mémoire, le 21 mai 2001, grâce à la « loi Taubira » qui reconnait l’esclavage comme un « crime contre l’humanité » - représente un lieu symbolique afin d’interroger le passé et de penser ensemble le présent et l’avenir.
S’appuyant sur la pensée de Franz Fanon, Aimé Césaire, ou d’Édouard Glissant (pour ne citer qu’eux), l’ambition de ce colloque est de questionner l’espace littéraire caribéen francophone, expression d’une pensée complexe et salvatrice qui semble contenir les germes d’un autre monde possible, à la lumière des recherches historiques sur la mémoire de l’esclavage. En effet, les Caraïbes apparaissent comme le symbole d’une identité multiple qui s’équilibre entre un éclatement géographique insulaire, telle une « guirlande à plusieurs facettes, chacune dotée de son histoire particulière » (Le Monde, 2015), et une unité liée à une mémoire collective traumatique. Cette mémoire, source d’une expression identitaire, a émergé à travers la littérature, reflet d’une appropriation tant linguistique que culturelle. L’étymologie du mot « texte[2] » prend alors tout son sens, et tisse des liens entre le passé, le présent et l’avenir, l’ici et l’ailleurs, l’alter et l’ego ; les recherches littéraires qui ne cessent d’interroger le texte viendront ici apporter leur contribution.
Mais à l’image du premier congrès des écrivains de la Caraïbe qui, en 2008, avait réuni en Guadeloupe près de 60 écrivains anglophones, hispanophones, francophones ou néerlandophones, la volonté de ce colloque sera aussi d’interroger en 2020 des concepts comme le métissage, le multilinguisme, l’identité dans ses rapports avec la racine, le rhizome et finalement la relation, l’antillanité, la créolisation, concept central qu’Édouard Glissant définit comme « la rencontre, l’interférence, le choc, les harmonies et les disharmonies entre les cultures, dans la totalité réalisée du monde-terre.[3] » Pourront être également observées les interactions entre des écrivains de la Martinique, de la Guadeloupe, ou de la Guyane et d’autres territoires caribéens francophones comme Haïti notamment à travers les œuvres de Lyonel Trouillot et Gary Victor entre autres.
Enfin, ce colloque pluridisciplinaire associera ces travaux de chercheurs aux créations d’écrivain.e.s et d’artistes, comme Maryse Condé ou Federica Matta[4], afin de montrer comment ceux-ci sont aussi les acteurs essentiels des combats abolitionnistes et mémoriels, illustrant ainsi les propos de l’historien Marcel Dorigny qui revendique « une histoire par l’art ».
Les propositions de communication (environ 500 caractères espaces comprises) accompagnées d’une courte biographie sont à transmettre avant le 22 juin 2020 aux membres du comité scientifique pluridisciplinaire :
colloquelrlitteraturesfrancoph@gmail.com
Elles pourront s’organiser autour de trois grands axes :
- Les écrivains francophones des Caraïbes : concepts, combats ;
- L’analyse comparée d’œuvres d’écrivains francophones des Caraïbes en présence (sous réserve) de Patrick Chamoiseau, Marcel Rapon, José Robelot, Lyonel Trouillot et Gary Victor (cette liste ne limite en rien les auteurs envisagés par les conférences) ;
- Mondialisation de la culture, littérature-monde, « une histoire par l’art », mémoire de l’esclavage etc. (dans le cadre délimité par l’appel à proposition ci-dessus).
[1] Marcel Dorigny, Les abolitions de l’esclavage, Paris, Presses Universitaires de France, collection « Que-sais-je », 2018.
[2] Roland Barthes, « Texte (Théorie du) », Encyclopædia Universalis, 1968.
[3] Édouard Glissant, Traité du Tout-Monde, Paris, Gallimard, collection « Blanche », 1997.
[4]Auxquels il faut ajouter Patrick Chamoiseau, Marcel Rapon, José Robelot, Lyonel Trouillot et Gary Victor à travers l’étude de leurs œuvres et sous réserve de leur présence.