Quel temps fait-il ?
Journée d'études transdiciplinaire sur la notion de temps
Appel à contributions/communications
Le laboratoire interdisciplinaire PRISM (Perception/Representation/Image/Sound/Music, sous tute- lles d’Aix-Marseille Université, du CNRS et du Ministère de la Culture), qui balaye les domaines de la physique et du traitement du signal, des sciences de l’art et de l’esthétique, de la médecine et des neurosciences, est directement intéressé par la notion de temps, et souhaite élargir la réflexion à d’autres sphères de recherche.
Initié par les doctorant·es de PRISM, cet appel à communication est adressé à tous·tes les doc- torant·es quelles que soient leur université et leur discipline, intéressé·es par la problématique du temps. Des contributions artistiques ou expérientielles sont également bienvenues. Un studio de radio (interview, expérimentation collective) sera actif pendant la journée, questionnant de façon pratique, artistique et scientifique la question du temps direct ou différé de la diffusion.
La nouveauté de la transdisciplinarité au sein de l’université nécessite une force de propositions pour orienter la recherche. Cette journée d’études propose de traverser ensemble la complexité du con- cept de temps, en le tissant à travers différentes disciplines. Il s’agit de passer du pluridisciplinaire au transdisciplinaire. Or, la pluridisciplinarité met en évidence la difficulté d’avoir un langage com- mun, au vu de la polysémie du vocabulaire concernant le temps. Aussi, le premier élément de notre méthodologie a été la constitution d’un lexique, que nous souhaitons incrémenter au cours de cette journée d’études, à l’aide des différentes contributions. Ce lexique, au centre de l’organisation, est un point de départ pour la réflexion, un outil de structuration de la journée.
Le confinement lié à la pandémie du coronavirus remet en question notre relation au temps, et sem- ble provoquer l’effondrement des orientations temporelles classiques de linéarité et d’accélération vers le progrès (Hartog 2016). La pluralité des points de vue et des perspectives, ainsi que l’accéléra- tion technologique (Virilio 2010) absorbent les orientations canoniques d’un flux unitaire du temps. Si dans la culture numérique – où les interactions humaines se développent dans de nouveaux es- paces géographiques et temporels – c’est l’instant qui domine la réalité, la vie confinée permet – par l’expérience insolite de la durée et de la solitude – de développer une nouvelle sensibilité face à la vie intense (Garcia 2016), et peut-être nous incite-t-elle à chercher une issue grâce aux interactions sociales : « Si l’accélération constitue le problème central de notre temps, la résonance peut être la solution. » (Rosa 2018). Ou encore, dans une toute autre perspective, la crise écologique annon- cerait-elle le temps de l’apocalypse ? (Garcia 2013).
Qu’il s’agisse du temps chronométrique (Spagnou 2017) ou du temps logique en physique (André 2011), de la non-existence du temps en physique quantique (Klein 2002; Rovelli et Lem 2018), du temps vécu phénoménologique (Minkowski 2013), du flow psychologique (Csikszentmihalyi 2020), du temps social (Rosa 2013), du temps historique (Hartog 2016) ou archéologique (Evin 1994), du temps biologique (Atlan 2012), du temps écologique (Gemenne et al. 2019), économique (Le Saout 2019), législatif (Calmes-Brunet 2012), politique (Marrel et Payre 2018), linguistique (Barbazan et Kleiber 2006), littéraire (Stawiarski 2017), celui des arts du temps (Ribon 1997) ou des arts plas- tiques qui condensent le temps (Worms 2003), le vaste nuage sémantique concerné par un temps aux multiples terminologies est au cœur notre investigation scientifique transdisciplinaire.
Dans les trois axes de recherche proposés, il s’agira d’étudier les transformations de notre manière de vivre la subjectivité dans le rapport au temps, dans nos recherches et nos disciplines, à partir de notre propre concrétisation lexicale :
Le temps objectif structurant
Le temps relatif perçu
Les représentations du temps
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Calendrier et modalités de soumission des propositions de contributions
Les contributions pourront prendre la forme suivante :
• 15’ de communications orales
• 15’ de performances artistiques
• 15’ de propositions expérientielles
• Installations artistiques
• Posters
Les propositions, adressées à actiondoctorale@prism.cnrs.fr comprendront :
• Nom, prénom, adresse mail et n° de téléphone
• Titre de la contribution
• Mots-clé pour le lexique
• Résumé d’environ 300 mots
• Bibliographie facultative
• Curriculum vitae d’environ 150 mots
Calendrier :
• Date limite de réception des propositions : 14 juin 2020 minuit
• Notification d’acception après examen par le comité scientifique : 31 juillet 2020
• Envoi des éléments définitifs (titres, mots-clé, résumés, biographie) : 9 octobre 2020
• Journée d’étude « Quel temps fait-il ? » : 22 octobre 2020.
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Bibliographie
André, Charles. 2011. Modèles de temps et de contraintes temporelles de MARTE et leurs applica- tions. report. INRIA.
Atlan, Henri. 2012. « Temps biologique et auto-organisation ». Communications 91(1):161-69. Barbazan, Muriel, et Georges Kleiber. 2006. Le temps verbal: dimensions linguistiques et psycholin- guistiques. Toulouse: Presses universitaires du Mirail.
Calmes-Brunet, Sylvia. 2012. « Le temps du débat législatif ». Cahiers de la recherche sur les droits fondamentaux (10):81-96.
Csikszentmihalyi, Mihaly. 2020. Finding Flow: The Psychology Of Engagement With Everyday Life. Basic Books.
Evin, Jacques. 1994. « Le temps et la chronométrie en archéologie ». Histoire & Mesure 9(3):239-57. Garcia, Ernest. 2013. « Car Le Temps Est Proche : La Crise Écologique et l’apocalypse sans Cesse Annoncée ». Socio-Anthropologie 28:117-31.
Garcia, Tristan. 2016. La vie intense: une obsession moderne. Paris: Éditions Autrement.
Gemenne, François, Aleksandar Rankovic, Jan Zalasiewicz, et Bruno Latour. 2019. Atlas de l’anthro- pocène.
Hartog, François. 2016. « Vers une nouvelle condition historique ». Le Debat n° 188(1):169-80. Klein, Étienne. 2002. Le temps existe-t-il ? Paris: le Pommier.
Le Saout, Erwan. 2019. Introduction aux marchés financiers. 6e édition. Paris: Economica.
Marrel, Guillaume, et Renaud Payre. 2018. Temporalité(s) politique(s): le temps dans l’action poli- tique collective. Louvain-la-Neuve: De Boeck supérieur.
Minkowski, Eugène. 2013. Le temps vécu: études phénoménologiques et psychopathologiques. 3e édition. Paris: Presses universitaires de France.
Ribon, Michel. 1997. L’art et l’or du temps: essai sur l’art et le temps. Paris: Ed. Kimé.
Rosa, Hartmut. 2013. Accélération: une critique sociale du temps suivi d’un entretien avec l’auteur. Paris: La Découverte.
Rosa, Hartmut. 2018. Résonance. Paris: La Découverte.
Rovelli, Carlo, et Sophie Lem. 2018. L’ordre du temps. Paris: Flammarion.
Spagnou, Pierre. 2017. Les mystères du temps: de Galilée à Einstein. Paris: CNRS Éditions. Stawiarski, Marcin. 2017. « “ Démesure du temps : littérature et arts ” ». Polysèmes 17.
Virilio, Paul. 2010. Le grand accélérateur. Paris: Galilée.
Worms, Frédéric. 2003. « L’art et le temps chez Bergson. Un problème philosophique au cœur d’un moment historique ». Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle n° 21(1):153-66.