Représentations littéraires et artistiques de la femme japonaise depuis le milieu du XIXe s. : entre fabrique d’images, stéréotypes, auto-exotisme et occidentalisation(Nice)
Représentations littéraires et artistiques de la femme japonaise depuis le milieu du XIXe siècle : entre fabrique d’images, stéréotypes, auto-exotisme et occidentalisation
Journée d'étude, jeudi 16 mai 2019
Organisée par Naoko Tsuruki et Julien Béal
Université Côte d’Azur, Centre Transdisciplinaire d’Épistémologie de la Littérature et des Arts vivants, Nice
APPEL À COMMUNICATIONS
Date anniversaire du début de l’ère Meiji (1868-1912) mais aussi des relations diplomatiques entre le Japon et la France, 2018 était une année propice aux commémorations officielles. Pourtant, si de nombreux événements ont eu lieu au Japon, il n’y a pas eu à proprement parler de programme d’ampleur nationale, trahissant l’absence de consensus, cent-cinquante ans plus tard, sur l’importance de l’ère Meiji et sur sa signification historique. En France, c’est sous l’appellation « Japonismes 2018 » que se sont déroulées des commémorations non pas centrées sur l’avènement de l’ère Meiji, mais sur la célébration du premier traité d’amitiés signé entre les deux pays en 1858. Nostalgie d’un Japon ancien englouti par la modernité, fascination pour le samourai, l’estampe, la geisha… C’est sous le signe des japonismes de la seconde partie du XIXe siècle en Europe, et surtout à Paris que se sont placés la plupart des événements culturels en 2018. Le discours s’efforce, en l’occurrence, de mettre en exergue la fascination et l’admiration esthétique et artistique des Français pour la culture japonaise traditionnelle, « produit d’un héritage ancien », d’un exotisme de bon goût d’autant plus digne d’intérêt que la modernité semble en passe de l’engloutir.
Toutes proportions gardées, Paris s’est offert sous certains aspects une réédition du pavillon japonais de l’Exposition universelle de 1867. La geisha notamment marqua durablement les spectateurs jusqu’à devenir un symbole puissant d’un Japon que la majorité des Français découvraient alors pour la première fois. Mise en scène pour son potentiel d’attractivité, la geisha devient surtout l’image de la femme japonaise en Occident jusqu’à en faire oublier son métier : celui de pratiquer les arts traditionnels pour accompagner et divertir une clientèle aisée et principalement masculine. L’estampe, puis la photographie, créées au Japon et diffusées en Occident alimentent, de manière souvent intentionnelle, cet amalgame. Le succès populaire deux décennies plus tard de Madame Chrysanthème de Pierre Loti, témoigne de l’ancrage des stéréotypes liés à la femme japonaise et apporte par la même occasion une contribution significative au renforcement de ces derniers.
A côté de cette figure « exotique » entretenue par le Japon lui-même vis-à-vis du monde extérieur, les dirigeants politiques et la nouvelle noblesse japonaise montrent à la nation ce que doit être la modernité et le progrès. Le fait de s’habiller, de manger à l’occidentale et d’apprendre les langues occidentales se dote alors d’un sens d’émancipation et d’indépendance encore plus fort pour la Japonaise que pour le Japonais. Dès lors, on voit s’esquisser, au Japon principalement, l’image d’une nouvelle femme japonaise moderne de la fin du XIXe au début du XXe siècle.
Notre journée d’étude prend sa source dans les faits historiques décrits brièvement ci-avant, et s’intéresse au domaine de l’imaginaire et de l’expression, en même temps qu’à la question, toujours actuelle, de l’émancipation de la femme dans le monde moderne et contemporain. Centrée sur l’image de la femme japonaise en Occident mais aussi sur celle de la femme occidentale au Japon, cette journée d’étude s’inscrit dans une approche comparatiste sans limite géographique mais avec une préférence pour les communications liées aux relations franco-japonaises depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours.
Les propositions pourront s’articuler autour des questionnements suivants :
- Existe-t-il une fonction diplomatique dans les représentations de la femme japonaise en Occident et quelles sont les significations et les finalités de celle-ci ?
- En quoi le lien entre le Japon et la femme japonaise s’avère-t-il étroit dans l’imaginaire occidental. Et comment cela se manifeste-t-il, depuis le XIXe siècle, dans les expressions artistiques ?
- L’image de la femme japonaise peut-elle être différente suivant le pays, la société, la période ou l’auteur ?
- Comment l’image de la nouvelle femme japonaise moderne occupe la littérature japonaise ? Quels symboles peut-on y conférer par rapport aux mutations du pays ? L’émancipation ? L’indépendance ? La perdition ?
- Comment la femme occidentale était-elle perçue au Japon lors de la seconde moitié du XIXe siècle ? Comment cette perception a-t-elle évolué et quelles en furent les conséquences sur la société japonaise ?
- Comment l’image de la femme japonaise façonnée durant la seconde partie du XIXe siècle influe-t-elle sur la société japonaise actuelle ?
Ces pistes de réflexions ne sont aucunement exhaustives. Si les communications comparatistes sont souhaitées, cette journée d’étude n’assigne pas de limites disciplinaires à l’intérieur des champs artistiques (Beaux-Arts, arts décoratifs, arts vivants, musique, cinéma, photographie...) et littéraires (y compris la littérature populaire).
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La durée des communications est fixée à 30 minutes. Du temps sera consacré aux questions et d’échanges avec le public. Les actes seront publiés dans la revue scientifique en libre accès Loxias.
Modalités de soumission des propositions et calendrier :
Les propositions de communications en français ou japonais (500 mots maximum) ainsi qu’une courte bio-bibliographie sont à adresser à jejapon2019@univ-cotedazur.fr avant le 1er février 2019.
Les décisions du comité scientifique sur les propositions seront communiquées courant février 2019.