Questions de société

éditos

Pour un nouveau sublime

Pour un nouveau sublime

Splendeur d’une aurore boréale sur la Drôme, vertige d’un sommet alpin ou violence d’un orage dans la campagne cévenole… Nous avons tous expérimenté le sublime de la nature. Les artistes aussi, de William Turner à Judy Chicago, l’ont représenté dans leurs œuvres. Riche d’une longue histoire philosophique, le sublime s’attache à des manifestations esthétiques qui surprennent, sidèrent et peuvent nous transformer. Aujourd’hui, le langage courant le réduit pourtant à un simple idéal de beauté. Pourquoi se couper de la puissance de la nature alors que nous traversons des crises environnementales ? Et si nous ressentions autrement le monde dans lequel nous vivons ? C'est à quoi nous invite Mathilde Ramadier dans Renouer avec la Terre, sous-titré Plaidoyer pour un nouveau sublime (Seuil). Fondé sur des récits d’événements sublimes, l'ouvrage embrasse la philosophie et l’histoire de l’art pour interroger notre capacité de ressentir mais également de nous émerveiller. De la peinture de paysage romantique à l’art contemporain, en passant par le land art, il se penche sur nos représentations pour identifier le moment où nous nous sommes détachés de notre sensibilité et proposer de nouvelles manières d’entrer en lien avec notre monde.

Les tribulations d'un chercheur en littérature

Les tribulations d'un chercheur en littérature

Les cahiers d'Alter

Les cahiers d'Alter

Notre inconscient collectif

Notre inconscient collectif

Quelle politique pour les modernes ?

Quelle politique pour les modernes ?

Disparu en 2016, Jean-Marie Beyssade laisse une œuvre immense qui éclaire le mouvement des idées à l'âge classique. Sous le titre Rousseau et la politique des modernes. Douze études de Corneille à Kant (Vrin), Blaise Bachofen a réuni une série d'essais, dont deux inédits, que le philosophe a voués à la pensée politique moderne.  Lisant avec une intelligence lumineuse le Nicomède de Corneille, mettant au jour dans les Mémoires de Saint-Simon une paradoxale critique de la tyrannie, J.-M. Beyssade élabore l’idéal d’une "politique de la générosité" et s’interroge sur l’origine et les fondements de la souveraineté. D’où son intérêt pour Rousseau, dont il est un des plus pénétrant interprètes. Dans la réappropriation par le Genevois de la tradition du contrat social et ses analyses sur la guerre, mais aussi dans la réflexion de l’abbé de Saint-Pierre sur une citoyenneté universelle et dans celle de Kant sur la Révolution française, il cherche des réponses à une question qui est plus que jamais la nôtre : quelle politique pour les modernes ? Rappelons l'édition en 2023 de Descartes et la nature de la raison. Études métaphysiques (Champion), dans des textes établis par Denis Kambouchner et accompagnés de cinq contributions formant l'hommage scientifique d’élèves et d’amis de J.-M. Beyssade, qui a été aussi l'un des maîtres d'œuvre de la nouvelle édition des Œuvres de Descartes dans la Bibliothèque de la Pléiade. Fabula donne à lire un extrait de l'introduction de l'ouvrage... 

Naïveté du rire

Naïveté du rire

"Il n’a jamais été plus facile de faire rire qu’aujourd’hui. Toutefois, les enjeux sont si élevés et les risques si grands que notre rire ne peut plus être aussi franc et assuré que par le passé. Jamais la nature précaire, instable et ‘’nerveuse’’ du rire n’a été aussi manifeste". René Girard se souvenait ainsi, en 1972, de son premier essai remisé parmi ses very important papers . Ce dactylogramme de 78 pages a été retrouvé par Martha Girard et Benoît Chantre, qui vient d'en donner une édition sous le titre Naïveté du rire (Grasset). On y découvre la méditation d’un Français exilé en plein maccarthysme. Quand il n’est pas compris comme sensé et insensé, mécanique et vivant, celui dont on se moque fait du rire un poison mondain. Mais "le véritable sourire, le sourire lumineux’ nie l’isolement du rire  ; il cherche à nouer des liens, il est geste d’accueil et de reconnaissance. Il n’exprime peut-être qu’une invitation à rire ensemble". Rappelons la publication en 2023, déjà saluée par Fabula qui en donne toujours à lire un extrait, de La conversion de l'art (Grasset également), qui rassemblait huit essais et autant d'exercices d'admiration, mais aussi de la biographie signée par Benoît Chantre

(Photo : ©Sindbad Rumney)