Questions de société

éditos

La littérature sans la lire

La littérature sans la lire

Comment comprendre l’évitement par des élèves de la lecture à domicile des œuvres prescrites par leur enseignant de français ? La pratique est connue, car les élèves n’ont pas attendu l’ère du numérique pour se dérober aux lectures imposées ; elle paraîtra familière à tout enseignant de français. Elle reste pourtant méconnue car on dispose de très peu d’études sur ce phénomène, quand bien même la sociologie et la didactique se sont intéressées aux non-lecteurs. Eugène Maïté est allé au plus près des "non-lecteurs scolaires" afin de mieux comprendre qui sont ces élèves, quelles sont les raisons de leur non-lecture, et comment ils travaillent malgré ou plutôt avec leur non-lecture. Il livre les résultats de son enquête dans un essai intitulé Étudier la littérature sans la lire ? (P.U. Rennes). Fabula vous propose de découvrir la Table des matières… et à lire son introduction…

Le geste premier du partage

Le geste premier du partage

Créer, disent les grands textes fondateurs, c’est partager et départager : entre des mortels et des immortels, entre des humains et des bêtes, entre un Dieu éternel et des êtres éphémères, entre un corps périssable et une âme immortelle. François Hartog a placé ce geste premier au centre d'une vaste enquête qui paraît sous le titre Départager l'humanité. Humains, humanismes, inhumains (Gallimard), avec l'ambition de scruter les façons dont ces partages ont été repris, transformés, contestés, rejetés au cours des siècles. "Ce sont donc autant de figures historiques de l’homme qui sont, un chapitre après l’autre, interrogées : l’anthrôpos grec, l’homo humanus romain, l’homo christianus, puis l’homme des humanistes, celui aussi qui fait sien le  "je suis homme et rien d’humain ne m’est étranger", avant que la proclamation « l’homme est un Dieu pour l’homme », elle-même bientôt suivie par l’annonce de "la mort de l’homme", ne débouche sur la récusation d’un "propre" de l’homme et de tous les dualismes qui, au cours des siècles, ont jalonné son histoire". Fabula vous invite à découvrir un extrait de l'ouvrage…

La morale à sa place

La morale à sa place

Politique du spectateur

Politique du spectateur

Penser (avec) la préhistoire

Penser (avec) la préhistoire

En révélant une ancienneté vertigineuse et sublime, la découverte d'un art préhistorique a bouleversé notre culture en profondeur. En raison des lacunes des vestiges, de l'absence de sources textuelles et de la paradoxale modernité artistique du Paléolithique, ce temps incommensurable aux cadres historiques traditionnels impose de repenser l'histoire. Quels concepts et modèles ont été élaborés pour faire une place à la préhistoire dans l’histoire ? Quelle est leur portée épistémologique ? Que nous disent-ils de l’art, de notre histoire, de notre culture ? Convoquant des grands noms de la préhistoire et de l’anthropologie (Gabriel de Mortillet, Henri Breuil, André Leroi-Gourhan) ainsi que des théoriciens de l’art aussi différents qu’Alois Riegl, Élie Faure, Carl Einstein ou George Kubler, le nouvel essai d'Audrey Rieber, Le défi préhistorique (ENS éd.) envisage l’art préhistorique comme une matrice philosophique pour interroger les liens entre art, histoire et humanité.

Rappelons l'essai de Philippe Grossos, La Philosophie au risque de la préhistoire (Cerf), paru l'an passé, ainsi que la récente livraison de la revue Épistémocritique : "Discours et représentations de la Préhistoire à l’heure de l’anthropocène", publiée sous sous la direction de Catherine Grall, mais aussi le compte rendu donné pour Acta fabula par G.A. Bertrand de l'ouvrage de Julien d’Huy, Cosmogonies. La Préhistoire des mythes (La Découverte, 2020) : "À la recherche de l’origine des mythes".

Delphine & Chantal

Delphine & Chantal

Sous le titre Delphine Seyrig. En constructions (Capricci), Jean-Marc Lalanne consacrait l'an dernier un essai amoureux à celle qui fut la figure de proue du cinéma d’auteur mondial fut durant toutes les années 60 et 70, de L’Année dernière à Marienbad au Charme discret de la bourgeoisie, en passant par Peau d’Âne et Baisers volés, disparue en 1990. Il montrait pourquoi les années 80 ne l’ont pas aimée, et comment la postérité a validé ses choix d’actrices les plus aventureux (Jeanne Dielman de Chantal Akerman, India Song de Marguerite Duras…). Son œuvre de cinéaste est redécouverte avec un intérêt croissant. Ses prises de position publiques, aux avant-postes de la lutte féministe, circulent plus que jamais sur les réseaux : Delphine Seyrig est plus que jamais notre contemporaine. Virginie Apiou s'essayait de son côté à un semblable exercice d'admiration dans D'après Delphine Seyrig (Actes Sud), en revenant sur les héroïnes de cinéma qui ont jalonné la vie de l’actrice, mais aussi sur les différentes mythologies incarnées par la comédienne, dont Fabula donnait à lire un extrait…

Les éditions L'Arachnéen ont fait paraître cette année l'Œuvre écrite et parlée de Chantal Akerman, dans trois forts volumes établis par Cyril Béghin, qui couvrent les quelque quarante films de la réalisatrice, la notoriété acquise avec Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles, chef-d’œuvre de 3h20 qu’elle tourne à l’âge de 25 ans avec Delphine Seyrig, mais aussi ses installations régulièrement exposées depuis les années 1990 dans les galeries et musées en Europe, aux Etats-Unis, en Israël, en Amérique latine ou au Japon. Fabula vous invite à découvrir le sommaire des trois volumes…

Florence Andoka publie ces jours-ci Rêve Akerman (La Variation), qui suit la trajectoire de Chantal Akerman, de son premier voyage à New York en 1971, où jeune cinéaste elle ­découvre le cinéma underground, jusqu’à son dernier film, No Home Movie en 2015, dans lequel elle filme sa mère, en passant par sa rencontre avec Delphine Seyrig. Cette fiction recrée les lieux, les errances, les films et les pensées de Chantal Akerman, en projetant une vie à travers une œuvre, pour y éprouver une sensibilité et recomposer une époque.

(Illustr. : fresque à l’effigie de Jeanne Dielman, personnage principal du film Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles (1976), en hommage à la réalisatrice belge  Chantal Akerman (1950-2015) ; réalisée par l’artiste Alba Fabre Sacristán, la fresque figure sur la façade d’une maison située à l’angle du quai aux barques et de la rue Saint-André, à proximité du Quai du commerce, au cœur de Bruxelles.)

Une histoire de la joie

Une histoire de la joie

"Nous n’avons pas d’histoire de la joie", déplorait il y a un siècle Lucien Febvre, grand historien des sensibilités. Depuis, on ne compte plus les ouvrages qui s’y essaient. Mais si beaucoup s’intéressent aux passions collectives, aux joies explosives autour d’exploits sportifs ou d’événements politiques, bien peu se penchent sur l’importance de la joie intime. C’est pourtant elle qui préside aux plus grands bouleversements de nos vies, car elle touche ce qu’il y a de plus humain en nous : nos valeurs, nos vulnérabilités, notre sensibilité propre. Alain Corbin consacre à cette forme la plus précieuse de la joie dans son nouvel essai, sobrement intitulé Histoire de la joie (Fayard), qui nous invite à un voyage sentimental, de l’espérance en la joie céleste à la joie de vivre ici et maintenant, de la Bible à Zola en passant par Chateaubriand. Fabula vous invite à feuilleter l'ouvrage…