Préambule
Lors de l’assemblée générale de la Société française d’histoire du sport (SFHS), la proposition de l’Université de Limoges a été acceptée pour accueillir les 20e Carrefours d’Histoire du Sport.
Ces derniers, portés par l’équipe EHIC de l’Université de Limoges (EA – 1087) et soutenus par le LACES de l’Université de Bordeaux (EA – 7437), auront donc lieu en terre limousine du 18 au 20 octobre 2022.
Projet scientifique
Le groupe réuni dans l’axe 3 « Espaces des cultures médiatiques (Genres et imaginaires) » du laboratoire EHIC (EA – 1087) prolonge une tradition de recherches qui s’est enracinée à l’Université de Limoges depuis quatre décennies et qui joue un rôle majeur dans l’acclimatation de thématiques issues des études culturelles. Ces travaux pionniers ont donné lieu à de nombreuses publications, contribuant à enrichir les problématiques et territoires du médiatique. L’« imaginaire social » sert à donner forme et sens aux actions des individus, et à fournir des « modèles sur lesquels se règle la vie collective et même individuelle » (Georges Dumézil, Mythes et dieux des Indo-Européens, 1949). Ce concept se trouve au cœur des travaux de Dominique Kalifa qui a montré l’importance, pour le XIXe siècle, des productions médiatiques dans la fabrique de cet imaginaire (Les Bas-fonds. Histoire d’un imaginaire, 2013), cartographiant leurs circulations élargies, dans l’espace et le temps. Cependant, l’exploration systématique de ces imaginaires reste à faire, dans la perspective d’une anthropologie de la culture médiatique. Celle-ci crée en effet « un régime d’expérience et de pouvoirs », transformant les consommateurs en « canaux traversés, frayés, réorientés, redéployés » par ce qu’ils lisent, écoutent ou regardent (Yves Citton, Médiarchie, 2017). Ce constat incite à reconsidérer l’importance dans les sociétés contemporaines des imaginaires médiatiques, qui participent à la fabrique collective de représentations, de rituels et de stéréotypes.
Dans le domaine du sport, l’imaginaire social s’articule généralement autour des héros sportifs : techniciens exemplaires, champions olympiques, vedettes issues des minorités, bref autant de portraits qui circulent et se (re)construisent dans des espaces ou arènes médiatiques. De Maradona à Zidane, de Jesse Owens à Emil Zatopek, de John McEnroe à Matti Nykänen, toute une constellation de figures historiques du sport, telles des mythologies modernes, nourrissent les représentations collectives dans leur dimension idéelle et concrète (Carlo Ginzburg, Représentation : le mot, l’idée, la chose, 1991). Si le sport est vanté et magnifié autour de valeurs cardinales comme la performance et la réussite, voire de son potentiel socialisateur et éducatif, la contrepartie reste souvent passée sous silence. Ainsi, qu’en est-il des perdants, des surclassés, des anonymes, des vaincus, des déconfits, des éternels seconds ? En effet, les émotions mises en avant dans le sport sont toujours en rapport avec la victoire, avec cet impératif moral de gagner. Certains sportifs victimes du syndrome de l’échec peuvent même échouer en ne voulant pas être confrontés à la défaite. Ils s’en débarrassent en ayant une blessure à un moment stratégique ou en perdant une épreuve qu’ils menaient. Or, par amour du sport, il faut bien qu’il y ait aussi, à côté des gagnants, des « perdants ». L’écrivain Henri Decoin avait d’ailleurs une « immense tendresse » à leur égard. Et puis, certaines défaites n’ont-elles pas plus de retentissement que des victoires, construisant ainsi une identité mémorielle et structurante ? Comme l’a récemment précisé Philippe Delerm : « Il y a des défaites qui font rêver plus longtemps ». Quelle est donc la résonnance des échecs mémorables du coureur Jean Bouin, de l’athlète Michel Jazy, du cycliste Raymond Poulidor, ou encore de l’équipe de France de football dans les années 1980 ?
Au-delà de l’échec d’un athlète ou d’une équipe et de l’aspect particulier de la performance en compétition, se pose également la question de l’échec des organisations sportives ou en lien avec le sport. Qu’il s’agisse d’une fédération, d’un club, d’une ville ou d’un organisateur d’événements, les tentatives de diffusion d’une nouvelle pratique, de conquête d’un nouveau marché, de déploiement sur de nouveaux territoires sont nombreuses, et pas toujours garantes de succès. Des historiens du sport se sont attachés à étudier les erreurs de stratégie, les projets inaboutis, les pratiques disparues ou oubliées, en s’intéressant aux causes et en tirant parfois les leçons du passé.
C’est bien à ces questionnements, en contre-point d’un classique héroïsme sportif allant de soi, que ce colloque, organisé dans le cadre des Carrefours d’Histoire du Sport, souhaite répondre en priorité. Plus globalement, et de façon problématique, l’échec sportif, à partir d’une réelle autopsie académique, doit être défini, caractérisé, contextualisé en tenant compte de la diversité des échelles, des sources et des champs d’analyse. Si certains chercheurs ont déjà évoqué le sujet, ils ne l’ont fait que de façon partielle et trop rapide. Citons par exemple les propos d’Alfred Wahl sur la « défaite sportive » (Hypothèses, 2008), le récent livre du journaliste Laurent-David Samama (Éloge de la défaite, L’aube, 2020) ou l’analyse de Frédéric Lassalle et Sandrine Gherra sur l’échec de la ville de Marseille dans l’organisation de l’America’s Cup 2007 (Gestion et management public, 2014).
Les propositions de communication
Les propositions de communication devront s’inscrire dans le projet scientifique du colloque et spécifier, de manière explicite, l’un des axes évoqués ci-dessous :
Axe 1 : L’échec lors d’une compétition sportive : un rendez-vous manqué
Axe 2 : L’échec d’une stratégie sportive (individuelle ou collective)
Axe 3 : L’échec scolaire en éducation physique et sportive
Axe 4 : L’échec d’un projet sportif local ou international (équipement, candidature, politique)
Axe 5 : L’échec d’une carrière sportive
Axe 6 : L’échec d’une médiatisation sportive
Axe 7 : L’échec d’une patrimonialisation et/ou d’une mémoire sportive
Axe 8 : L’échec d’une discipline sportive (pratique, diffusion, innovation)
Axe 9 : L’échec d’une technique ou d’une méthode sportive
Axe 10 : L’échec d’une inclusion sportive (handicap, mixité, sexualité, religion)
Chaque proposition fera l’objet d’une double expertise.
Les intervenants bénéficieront d’un temps de parole de 20 minutes suivi d’un débat lors des discussions collectives.
À ce titre, il appartiendra aux présidents de session de poser les enjeux théoriques ou méthodologiques de chacune d’entre elles, et d’animer le temps d’échanges conclusifs.
Les propositions de communication (500 mots environ) seront à envoyer par courrier électronique aux organisateurs sous forme de résumé, en indiquant l’axe choisi.
Elles seront accompagnées d’un bref curriculum vitae.
Le document en pièce jointe sera à sauvegarder sous un titre du type : « nom-prénom.docx ».
La date limite d’envoi est fixée au 19 avril 2022.
Pour information, les expertises se dérouleront du 19 avril au 1er juillet 2022 et le programme sera diffusé à partir de la mi-septembre.
Les conditions d’accueil
Les Carrefours d’Histoire du sport se tiendront à Limoges (Espace Simone Veil), du 18 au 20 octobre 2022.
Située à 3h10 de Paris par le train (gare d’Austerlitz), la ville de Limoges offre de nombreuses possibilités d’hébergement et permet, par sa concentration en centre-ville, un accès à tous les lieux (colloque, hôtels, restaurants, bars) à moins de 10 minutes à pied.
Comité d’organisation
Alexandre Ayrault, Doctorant, Université de Limoges
Éric Barget, Maître de Conférences HDR, Université de Limoges
Hervé Delisle, PRAG, Université de Limoges
Lucie Falcone, Doctorante, Université de Limoges
Hugo Gerville-Réache, Doctorant, Université de Limoges
Lorenzo Jalabert, Docteur, Université de Limoges
Siyao Lin, Doctorante, Université de Limoges
Elie Sabry, Doctorant, Université d’Artois
Comité scientifique
Daphné Bolz, Maître de Conférences HDR, Université de Rouen
Olivier Chovaux, Professeur des Universités, Université d’Artois
Philip Dine, Professeur, Université de Galway (Irlande)
Charles Dudognon, Professeur des Universités, Université de Limoges
Teresa González-Aja, Professeure émérite, Universidad politécnica de Madrid (Espagne)
Oumaya Hidri Neys, Professeure des Universités, Université d’Artois
Sébastien Laffage-Cosnier, Maître de Conférences HDR, Université de Franche-Comté
Jean-Marc Lemonnier, Maître de Conférences HDR, Université de Caen
Jacques Migozzi, Professeur des Universités, Université de Limoges
Luc Robène, Professeur des Universités, Université de Bordeaux
Fabien Sabatier, Professeur des Universités, Université de Bordeaux
Pierre-Olaf Schut, Professeur des Universités, Université Gustave Eiffel
Christian Vivier, Professeur des Universités, Université de Franche-Comté
Actualité
Appels à contributions
Publié le par Perrine Coudurier (Source : Sabine CHAVINIER-RELA)