Liberté, elles chantent ton nom : un récital à la découverte du matrimoine persan (Printemps de la poésie 2023)
Un récital à la découverte du matrimoine persan
UN ÉVÉNEMENT PHARE proposé par le Printemps de la poésie, en partenariat avec le Temple du Locle, le Club 44 et le musée des Beaux-Arts du Locle (MBAL)
Temple du Locle (Rue Marie-Anne-Calame), 19h30, au chapeau
Que peuvent sauver la poésie et la musique ? Nous partons sur la transmission faite par les femmes iraniennes et afghanes, en persan, du Xe siècle à nos jours. Il s’agit d’un matrimoine bien vivant où poésie et visions de la femme s’alimentent mutuellement. Les artistes d’origine iranienne, Leili Anvar et Layla Ramezan, composent un dialogue où chaque note et chaque mot ont leur poids de liberté. Une liberté impérieuse, interrogée lors d’une table ronde sur le thème « Poésie et musique : pour ne pas mourir de la réalité ».
« Je suis l’oiseau, cet oiseau qui depuis longtemps
Songe à prendre son envol
Mon chant s’est fait plainte dans ma poitrine serrée
Et dans les désirs, ma vie a reflué »
Forough Farrokhzad
L’une est pianiste, l’autre femme de lettres. Toutes deux parcourent le monde, mais leur terre reste l’Iran, où elles sont nées.
En Iran, comme en Afghanistan, comme partout ailleurs, des femmes lisent et écrivent. Des vers, des chants, de la poésie, des mots qui ouvrent en elles, et autour d’elles, un espace de liberté où ce qui est interdit, tabou, bafoué, vient sourdre comme une source.
Après la légendaire Rabe’eh Balkhi, première poétesse en langue persane dans l’Afghanistan du Xe siècle, Layla Ramezan et Leili Anvar s’intéressent à toutes ces écrivaines devenues des icônes, comme les Iraniennes Tâhéré Qorrat Ol’-Eyn (1817-1852) — qui répudia son mari et rejeta le voile —, Simin Behbahani (1927-2014) — surnommée la Lionne de l’Iran pour son activisme militant en faveur des droits humains — ou encore Forough Farrokhzad (1934-1967) — qui ne recula devant rien pour célébrer la beauté du désir au féminin.
Portées par la langue parfois millénaire de ces femmes, Layla Ramezan et Leili Anvar ont imaginé un concert poétique dans lequel la musique fait un chemin à l’âme pour l’aider à entendre les mots, à trouver sa voie.
L’une interprétera des chefs-d’œuvre de la musique pour piano qui font résonner en elle l’Orient, le désir et la liberté — tels Romance en la mineur de Clara Schumann ou Kaddish de Maurice Ravel, ainsi qu’un morceau inédit composé par une compositrice iranienne. Entre chaque pièce, Leili Anvar lira en français et en persan des textes choisis de poétesses iraniennes et afghanes, qui seront accompagnés d’improvisations au piano sur des modes persans. Une rencontre surprenante ; un dialogue constant.
Rencontre à l’issue de la représentation :
« Poésie et musique : ne pas mourir de la réalité »
En présence des deux interprètes, la rencontre — modérée par Isabelle Falconnier — sera l’occasion d’approfondir les enjeux et les conditions de la création artistique pour les femmes d’hier et d’aujourd’hui sous certaines latitudes.