Voir l'entretien paru dans Acta fabula (vol. 24, n° 7): "Yves Bonnefoy ou la poésie à l’œuvre. Entretien avec Patrick Née", par Olivier Belin
Édition d'Odile Bombarde, Patrick Labarthe, Daniel Lançon, Patrick Née et Jérôme Thélot.
Les derniers livres d’Yves Bonnefoy (1923-2016) expriment son désir de transmettre le legs de la poésie par-delà la mort. « Lègue-nous de ne pas mourir désespéré », lit-on dans L’heure présente (2011). Quant à L’Écharpe rouge (2016), c’est un « livre de famille » testamentaire en même temps que l’histoire d’une vocation : « Il se trouve que j’étais apte à me vouer à l’emploi disons poétique de la parole… »
La Pléiade fut pour Bonnefoy l’occasion de porter sur son œuvre un regard ordonnateur. Il choisit le titre du volume, Œuvres poétiques, sans céder sur son désir de faire figurer au sommaire quelques textes brefs que l’on qualifierait spontanément d’essais. Le plan serait chronologique. Alors que certaines éditions antérieures associaient des livres ou des recueils relevant de temporalités différentes, il a défait ces « recueils de recueils » pour revenir au plus près des dates des éditions originales. Le grand recueil de 1987, par exemple, Récits en rêve, a éclaté, sans que se perde l’expression récits en rêve, qui désigne chez Bonnefoy une inspiration essentielle ; elle apparaît désormais en sous-titre de certains livres.
Tous les livres ou recueils poétiques, vers, prose, ou vers et prose, sont présents. Bonnefoy ne se reniait pas ; il a souhaité donner dans les appendices quelques textes rares, bien qu’ils soient désormais loin de lui. Il a voulu aussi que soit présente son œuvre de traducteur, de Shakespeare à Yeats, de Pétrarque à Leopardi. Enfin il a ouvert à ses éditeurs les portes de son atelier. Ses manuscrits ont pu être consultés. Ils sont utilisés En marge des œuvres, où l’on trouvera quelques textes et fragments inédits.
Sommaire
Le Cœur-espace - Traité du pianiste - Anti-Platon - L'Ordalie - Du mouvement et de l'immobilité de Douve - Hier régnant désert - Pierre écrite - Textes 1951-1967 - L'Arrière-pays - Dans le leurre du seuil - Rue Traversière - La Présence et l'Image - Ce qui fut sans lumière - Récits en rêve, 2 - Là où retombe la flèche - Une autre époque de l'écriture - Début et fin de la neige - La Vie errante - Les Planches courbes - La Longue Chaîne de l'ancre - Le Grand Espace - Deux scènes et notes conjointes - Le Lieu d'herbes, le lac au loin suivi de Mes souvenirs d'Arménie - L'Heure présente - Le Digamma - Ensemble encore - L'Écharpe rouge - Textes 2000-2016 - Traductions - Appendices - Textes et documents. - Avant-propos, « Yves Bonnefoy : “Et poésie, si ce mot est dicible” » par Alain Madeleine-Perdrillat - Chronologie - Notices et notes - Bibliographie - Index.
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On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cette édition :
"Yves Bonnefoy dans la Pléiade : la présence à l’infini", par Anne Coudreuse (en ligne le 25 mai 2023).
Et sur en-attendant-nadeau.fr :
"Yves Bonnefoy, un monument pour la parole", par Sébastien Labrusse (en ligne le 31 mai 2023).
Dans L’écharpe rouge, qui est un récit testamentaire, Yves Bonnefoy notait : « Il se trouve que j’étais apte à me vouer à l’emploi disons poétique de la parole… » Et il recourait alors au mot parole – qu’il distingue du discours – et non au mot écriture. Certes, il a beaucoup écrit, pendant soixante et onze ans, de ses premiers textes surréalistes en 1945 à ses derniers poèmes en vers et en prose de 2016, mais son écriture se voulait être une voix – autre mot central de sa poétique.