Édition
Nouvelle parution
La Pléiade, Poésie, poétique (éd. M. Huchon)

La Pléiade, Poésie, poétique (éd. M. Huchon)

Publié le par Marc Escola

Compte rendu publié sur Acta fabula (juin 2024, vol. 25, n° 6) : "Nouvelle exploration d’une ancienne constellation littéraire, la Pléiade" par Nicolas Cremona

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Édition de Mireille Huchon

C’est en 1547 que paraissent les premiers poèmes de Ronsard et de Du Bellay. En 1549-1550, Du Bellay publie La Deffence, et illustration de la Langue Francoyse, à la fois traité sur la langue et art poétique, et L’Olive, premier recueil de sonnets et de vers lyriques originaux en français. Ronsard donne le premier recueil d’Odes françaises. À Lyon, entre 1549 et 1552, voient le jour des volumes de poésie amoureuse dus à Pontus de Tyard et à son cousin Guillaume Des Autels, lequel prend en outre part aux débats sur les genres littéraires.

1552 et 1553 sont des années décisives, avec Les Amours de Ronsard, ceux de Baïf, la première tragédie française à l’antique, la Cleopatre captive de Jodelle, et le scandale des Folastries. Dans Le Cinqieme [Livre] des odes augmenté, Ronsard insère son élégie à Jean de La Péruse, dans laquelle il sélectionne sept poètes : lui-même, Du Bellay, Tyard, Baïf, Des Autels, Jodelle et La Péruse. Le mot « Pléiade » ne figure pas dans le texte.

En 1555, dans l’Hymne du Roy de France Henry II, Ronsard dresse une nouvelle liste. La Péruse est mort ; Des Autels, effacé ; Peletier et Belleau font leur apparition. (Dans une élégie de 1556 où Ronsard emploie pour la première fois le mot de « Pléiade », Belleau « vien[t] en la brigade / Des bons, pour acomplir la setiesme Pliade ».) Cette année-là, Tyard augmente ses Erreurs amoureuses. Ronsard et Baïf chantent de nouvelles dames. Dans La Rhetorique de Foclin, les exemples sont tirés des œuvres des poètes de la Pléiade.

La décennie où a fleuri la Pléiade est exceptionnelle dans l’histoire de la poésie comme dans celle de la langue. Ce volume donne à lire des pièces poétiques célèbres ou moins connues, fait revivre les débats poétiques et linguistiques, et propose, outre La Deffence, le premier art poétique en français, les premières tragédies et la première comédie du répertoire français, la première rhétorique moderne. La section finale est consacrée aux réactions des contemporains.

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur ce volume :

"Débuts littéraires de la langue française", par Marc Lebiez (en ligne le 21 mai 2024).

La Bibliothèque de La Pléiade a mis longtemps avant d’honorer la Pléiade, ce mouvement fondateur de la littérature de langue française. De ce groupe qui paraît ancien, beaucoup de Français pourraient citer un ou deux noms propres mais guère les œuvres. La plus importante pour notre pays n’est qu’à peine soupçonnée : leur travail sur la langue elle-même.