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Par-delà du bien et du mal ? Sur le tournant éthique des sciences littéraires (Budapest)

Par-delà du bien et du mal ? Sur le tournant éthique des sciences littéraires (Budapest)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Anikó Ádám)

La section de Littérature comparée de la Société hongroise de l’Histoire littéraire, l’Institut de Langue et de Littérature hongroises de l’Université catholique Pázmány Péter, et le groupe de recherche Connexion française invitent chercheurs, enseignants et doctorants comparatistes à participer au colloque

« Par-delà du bien et du mal » ? Sur le « tournant » éthique des sciences littéraires

Le questionnement éthique est un phénomène à la fois ancien et nouveau des sciences littéraires. Les jugements moraux et éthiques sur les œuvres littéraires font partie, dès les débuts, des réflexions sur la littérature, cependant depuis les années 1980, les préoccupations éthiques sont devenues des fondements des tendances qui s’opposent entre elles, et entrent en conflit avec les hypothèses humanistes.

L’un des résultats les plus significatifs du changement radical dans les approches littéraires américaines après le linguistic turn des années 1960, est le retour de l’éthique et de la « critique éthique ». John Gardens, romancier et théoricien, dans son ouvrage de 1978 intitulé On Moral Fiction, est l’un des premiers à défendre avec passion les « fonctions » morales de la littérature, considérées également comme éternelles. À la même époque, les penseurs herméneutiques (Paul Ricœur, Hans-Georg Gadamer) s’intéressant à l’influence qu’un texte littéraire exerce sur le destinataire et aux implications éthiques de son application, ont un impact décisif sur les sciences humaines européennes.

Les années 1980 sont également marquées par une sorte de « tournant » éthique dans la philosophie et la théorie littéraire de la déconstruction. Hillis Miller, dans son ouvrage devenu une référence incontournable (The Ethics of Reading : Kant, de Man, Eliot, Trollope, James et Benjamin [1987]), s’appuie sur les résultats du tournant linguistique pour tenter de créer une éthique fondée sur le langage et la textualité. La question de la pertinence éthique de la philosophie, notamment à travers les travaux de Jacques Derrida et d’Emmanuel Lévinas, entraîne une répercussion sur les études littéraires et culturelles postmodernes apparues depuis les années 1980. Les néo-aristotéliciens de Chicago (Wayne C. Booth et Martha Nussbaum), qui poursuivent la tradition humaniste et sont considérés comme les précurseurs de la « critique morale » anglo-américaine, développent leurs idées sur la relation entre la littérature et l’éthique en partie face aux deux philosophes français. La catégorie de l’éthique joue un rôle crucial dans leurs explorations des relations sociales, politiques et linguistiques des théories littéraires féministes et postcoloniales, ainsi que dans de leurs examens sur le rapport entre l’identité communautaire et personnelle et l’œuvre littéraire fictive.  L’éthique a une importance éminente chez les auteurs contemporains également (Derek Attridge, Terry Eagletone) qui valorisent le texte littéraire en tant qu’une expression de l’Autre, en tant qu’une occasion de rencontre éthique plutôt qu’une doctrine morale, alors ils considèrent la relevance éthique comme expérience esthétique.                                                                                              

La relation entre l’éthique et la littérature a subi une nouvelle transformation profonde au cours des deux premières décennies du nouveau millénaire.  Les efforts des discours post-humanistes (ceux de l’écocritique par exemple), pour redéfinir les notions de l’homme et de la nature et pour réexaminer les principes fondamentaux de la modernité, sont inextricablement liés aux dimensions éthiques. Les discussions sur les émotions et l’empathie restent proches des considérations éthiques (Alexandre Gefen, Emmanuel Bouju) ; la narratologie rhétorique s’intéresse particulièrement aux relations éthiques entre l’auteur, le texte et le lecteur, et à l’éthique de la narration (Hanna Meretoia) ; ensuite, les considérations sur « l’usage de la littérature » soulèvent explicitement des critères éthiques pointus dans les divers domaines de la littérature appliquée (humanités médicales, bibliothérapie, etc.). De même, on se demande si le domaine de plus en plus populaire des humanités numériques transpose dans les humanités un système de valeurs techniciste qui évite les questions morales (Daniel Allington, Sarah Brouillette) ou, au contraire, s’il peut également contribuer à un examen critique de la culture (Richard Jean).

À la lumière de ce qui précède, nous sollicitons des communications sur les approches contemporaines des relations complexes entre la littérature et l’éthique, principalement du point de vue de la théorie littéraire, de la littérature comparée et de l’analyse des textes. 

Axes de réflexion :                                         

- Tendances éthiques des sciences littéraires

- L’éthique et la lecture des textes littéraires

- Éthique et rhétorique

- Éthique et esthétique

- Éthique et théories narratives, éthique narrative

- Éthique et herméneutique

- Éthique de la lecture

- Entrecroisement de l’éthique, de la narration fictionnelle, de l’identité personnelle et communautaire

- Éthique de la déconstruction

- Éthique et théorie postcoloniale

- Éthique féministe et narration

- Éthique et anthropocène 

- Éthique et environnement

- Démocratie, pouvoir et éthique            

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Conférenciers pléniers : 

Robert Eagleston (Université de Lancaster)

Tamás Bényei (Université de Debrecen)

Les langues des communications sont l’anglais, le français et le hongrois, leur durée ne doit pas dépasser les 20 minutes. Un numéro thématique des actes du colloque sera publié dans la revue Neohelicon. Les frais d’inscription au colloque sont 50 euros, les frais de déplacement et d’hébergement seront pris en charge par les participants. 

Veuillez envoyer les titres et les résumés des communications proposées (max. 300 mots) à l’adresse ethical.turn@gmail.com avant le 1er juin, en indiquant votre lieu de travail (université et département, centre de recherche, organisation, etc.).

ous serez informés de l’acceptation des propositions de communications au début du mois de juillet.

Date du colloque : 13, 14 décembre 2024.

Lieu : Université catholique Pázmány Péter, salle Pape Saint Jean-Paul II

(Hongrie, 1088 Budapest, 28 rue Szentkirályi)