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Collision, connexion, cohésion : journée d'études doctorales (Montpellier)

Collision, connexion, cohésion : journée d'études doctorales (Montpellier)

Publié le par Marc Escola (Source : Lara Nougaret)

Collision, connexion, cohésion : journée d'études doctorales

UR ReSO (4582), Université Paul-Valéry Montpellier 3

La Journée d’Étude des doctorant·e·s de ReSO (Recherches sur les Suds et les Orients) se tiendra à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, site Saint-Charles, le lundi 16 décembre 2024. La journée est ouverte aux jeunes chercheur·euse·s ainsi qu’aux doctorant·e·s de toute université.

Argumentaire

À travers cette journée d’étude pluridisciplinaire, nous proposons d'explorer les dynamiques interactionnelles parcourant les sociétés et en façonnent langues, littératures et cultures. La collision peut s’envisager comme une rencontre ou un conflit. Elle est causée par un mouvement qui peut être humain, artistique ou encore scientifique. La connexion peut s’interpréter comme une continuité possible à la collision. Elle est marquée par l’établissement de liens entre des groupes hétérogènes. Enfin, la cohésion peut se définir comme une solidarité forte qui émerge par l’union d’individualités.

Suivant cette première réflexion, nos trois concepts peuvent constituer un angle d’approche dans l’étude des langues, des arts ou encore de la littérature. Ils ont favorisé l’émergence de nombreuses recherches en sciences humaines et sociales, par exemple sur le rôle de l’influence culturelle et son impact durable dans l’évolution des civilisations. Elles s’intéressent à comprendre et décrire les conséquences de mouvements humains (immigration, refuge) ou économiques et politiques (colonisation et colonialité, mondialisation, soft-power de Nye, 2004). Plus récemment, les avancées technologiques et la popularité des réseaux sociaux ont actualisé les espaces de communications et les modes de rencontres.

Nous chercherons à comprendre les temporalités, les lieux et les modes de ces notions. L’analyse civilisationnelle, linguistique et interculturelle des échanges met en lumière les grandes étapes de développement des sociétés dans le temps. Le processus complexe de collision, connexion et de cohésion peut se caractériser par des temps de violences ou de liens déterminants et représentés de nombreuses façons.

L’art a participé à la mise en lumière d’instants cruciaux. Des œuvres majeures comme Guernica de Picasso (1937) ou El tres de mayo de Goya (1814) sont des représentations des ravages de la guerre mais aussi une forme de revendication et de condamnation. Très récemment, l’invasion de l’Ukraine a été un rappel brutal de la guerre pour nombre d’Européen·ne·s. Vingt jours à Marioupol de Mstyslav Tchernov, récemment primé aux Oscars, expose toute cette violence. On peut souligner à ce propos le contraste entre les conflits (ou collisions) rencontrés dans l'art et les conflits de la vie réelle. Dans le premier cas, suivant le schéma de la tragédie grecque ancienne, un conflit doit toujours être suivi d'une résolution (catharsis) afin de rétablir l'ordre éthique. Dans la vie réelle, en revanche, le conflit, autrement dit l'injustice, n'est souvent pas rétabli, et demeure impuni. En d'autres termes, un tel conflit reste dépourvu de connexion et de cohérence et nous amène à nous interroger sur la notion d’éthique (Soual, 2011).

Dans la littérature, des témoignages tels que Si c’est un homme de Primo Levi (1947) offrent des perspectives poignantes sur les horreurs de la guerre et leur impact sur l’humanité. Au début des années 1930, la publication de La revue du monde noir fondée par Paulette Nardal, René Maran et Léo Sajous est un exemple ambivalent. Le salon de Clamart a permis de nombreuses rencontres et connexions humaines, une cohésion littéraire et une collision massive par le rejet du colonialisme.  

Concernant la notion d’espace, des zones interculturelles qu’elles soient intellectuelles, artistiques ou commerciales ont été des vecteurs essentiels de diffusion de connaissances et d’innovations, enrichissant les sociétés et façonnant des identités uniques. D’un point de vue linguistique et discursif, les notions de cohésion (Jaubert, 2005), connexion et collision sont omniprésentes : ruptures ou contact des langues dans le temps ou dans l’espace (langues en déclin, pidgins, créole…), apprentissage d’une langue seconde, argumentation (Plantin, 1996).

La croissance rapide de la technologie et les nouveaux supports de communication dans les habitudes quotidiennes ont pour conséquence l’apparition de nouveaux espaces interactionnels. En effet, la presse en ligne et les réseaux sociaux (X/Twitter, Facebook, Reddit, etc.) sont autant de nouveaux terrains d’étude concernés par cette JED.

Enfin, si nous pouvons prêter une existence propre aux concepts de connexion, cohésion et de collision et les admettre comme point d’entrée et d’exploration de multiples disciplines, nous pouvons également soulever des interrogations sur le plan épistémologique. En effet, comment est-ce que ces notions sont représentées dans la recherche ? Peuvent-elles être liées ? Si oui, de quelle manière ? Les SHS s’interrogent sur les plans méthodologique et scientifique. Quelle place pour l’interdisciplinarité et les collaborations entre champs différents ?

Axes de recherche

1.     Discours et pratiques langagières

Langues – Rôle des politiques linguistiques dans le monde, exploration des enjeux de la diversité linguistique et place du multilinguisme, contacts et influences entre langues : créoles, pidgins, sabirs…

Discours – Construction du discours (cohésion textuelle, coréférence, rhétorique), l’argumentation comme symbole de collisions : controverses, interactions, discours de haine…

2.     Arts et littératures

Émergence et circulation des récits partagés entre pluralité et unicité, l’immigration en narration, les arts comme reflets de tensions et d’harmonies, critique politique…

3.     Histoire et civilisations

Étude des espaces en interaction, mécanismes à l’œuvre dans les rapports au sein de communautés différentes, mouvements de population et diasporas, connexions et contacts interculturels dans les espaces numériques…

Modalités de contribution et de communication

Les propositions devront être de 500 mots maximum. Elles seront accompagnées d’une bibliographie indicative (3-4 références max) et d’une courte bionote vous présentant (nom, prénom, institution, titre de thèse, thématique de recherche...). Les propositions sont à envoyer avant le 31 octobre à l’adresse mail suivante : jedreso2024@gmail.com

Les communications seront limitées à 20-25 minutes et seront suivies d’un temps de 5-10 minutes pour les discussions. La journée d’étude se tiendra en français.

Calendrier indicatif

Limite de soumission : 31 octobre 2024 inclus

Retour du comité : 6 novembre 2024

Journée d’étude : 16 décembre 2024

Comité d’organisation

Lara NOUGARET et Jean MOURIER — Université Paul-Valéry Montpellier, UR ReSO

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Bibliographie

JAUBERT Anna (2005), Cohésion et cohérence. Études de linguistique textuelle, ENS Éditions

LEVI Primo (1947), Si c’est un homme

NARDAL Paulette, SAJOUS Léo et MARAN René (1931-1932), La revue du monde noir, Paris, Éditions de la revue mondiale.

NYE Joseph (2004), Soft Power: The Means to Success in World Politics, New York: Public Affairs

PLANTIN Christian (1996), L’argumentation, Paris, Seuil.

SOUAL Philippe (2011), « Conflits et réconciliation dans la vie éthique selon Hegel, Revue philosophique de la France et de l'étranger, 2011/4, Tome 136, p.507-526.