CULTURES VISUELLES SOUS SURVEILLANCE
Colloque international organisé par
l’IRCAV (Université Sorbonne Nouvelle)
le LERMA (Aix-Marseille Université)
le CERILAC (Université Paris Cité)
23-25 juin 2025 Paris
Lavoir Numérique, Gentilly (23 juin)
Maison de la Recherche de la Sorbonne-Nouvelle, salle Athéna, Paris 5e (24-25 juin)
Keynotes : Thomas Y. Levin (Princeton University) et Catherine Zimmer (Pace University)
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Si la surveillance a d’abord concerné le droit et la philosophie, des Lettres Panoptiques de Jeremy Bentham (1786) à Surveiller et punir de Michel Foucault (1975) ou, plus récemment, chez Michael Fœssel (État de vigilance, 2016) ou Shoshana Zuboff (The Age of Surveillance Capitalism, 2019), l'omniprésence multimodale de la pratique ouvre aujourd'hui de nouvelles perspectives théoriques et critiques. À mesure que s'élargissent les modalités d'un pouvoir reposant sur un déséquilibre entre voir et être vu, et que cette dimension visuelle se fait de plus en plus métaphorique, la surveillance occupe et préoccupe le champ du réel. Sa légitimité, par exemple, pose des problèmes de nature juridique, éthique, et idéologique. L'enjeu n'est plus simplement de limiter ou de comprendre l'extension du périmètre couvert par les caméras, mais de multiplier les approches disciplinaires pour mieux mesurer les enjeux de cette surveillance que l'on décrit parfois, par raccourci, comme globale et totale.
En plus d’un enjeu politique considérable, l’essor des motifs et des mises en scène médiatiques de la surveillance en font aujourd’hui un enjeu culturel et imaginaire à part entière. Dans ce but, ce colloque prendra pour point d’entrée l’imaginaire de la surveillance, construction culturelle dont l’analyse impose l’interdisciplinarité. Dans ce cadre, le cinéma joue un rôle évidemment central. En tant que dispositif de capture par l’image et le son, il entretient des liens privilégiés avec le regard surveillant. Par ressemblance technologique d’abord autour de l’objet caméra, mais aussi au prisme d’un paradigme étendu qui conçoit la capacité des techniques à mesurer, visualiser, et comprendre les activités humaines et non-humaines par leur représentation (audio-)visuelle. Ce paradigme comprend ainsi un large éventail technologique au sein duquel s'articulent pouvoir et représentation : dispositifs d’observation médicale, anthropométrie et photographie judiciaires, appareils de vision nocturne et thermique, algorithmes de reconnaissance faciale.
Si le champ anglo-américain des surveillance studies s’est attelé, depuis une vingtaine d’années, à cartographier les interactions entre discours, techniques et représentations du contrôle, ces problématiques trouvent aujourd’hui d’importants échos en France (voir notamment Les théories de la surveillance, Olivier Aïm, 2020). Cependant, les monographies consacrées par des chercheurs français aux rapports entre cinéma et surveillance restent rares, depuis Surveillance on Screen. Monitoring Contemporary Films and Television Programs de Sébastien Lefait (2013).
Pourtant, la production cinématographique et audiovisuelle mettant en scène le contrôle abonde. La projection d’une surveillance totalitaire est un fait à l’écran, sans que l’on mesure toujours le décalage entre ces représentations et l’état des sociétés dites “de l’écran”. Des œuvres de la seconde moitié du vingtième siècle explorent l’attrait spectaculaire de la surveillance, du Diabolique Docteur Mabuse (Fritz Lang, 1960) à la franchise Jason Bourne (2002-2016). Mais dès la fin du dix-neuvième siècle, le cinéma des premiers temps s’est emparé de thèmes liés à la surveillance et aux imaginaires qu’elle suscite (voyeurisme, espionnage, costumes et travestissements). De plus, aujourd’hui, la prolifération de techniques du regard surveillant offre à bon nombre d’artistes une invitation au détournement des codes audiovisuels classiques. La haute et la basse définition (Somaini et Casetti, 2021), les esthétiques du flou (Beugnet, 2017), le remploi (Blümlinger, 2013), mais aussi la militarisation du regard (Virilio, 1988 ; Chamayou, 2012) et l’automatisation de la perception (Farocki, 2002) forment actuellement des pistes d’exploration d’une sensibilité autre, véhiculée par le riche imagier du contrôle visuel mais dégagée du régime de la preuve. De nombreuses œuvres détournent ainsi l’image de surveillance pour en exprimer la dimension approximative, c’est-à-dire la puissance plastique, composite, hétérogène. Ce paradoxe sape les frontières du cinéma, de l’art vidéo et de l’art plastique. Plus encore, aujourd’hui, la question de l’intelligence artificielle brouille les frontières entre texte et image, entre optique et non-optique. Au centre de ces investigations, l’image numérique, matière première de la surveillance contemporaine, s’offre à d’importants détournements, notamment dans sa dimension algorithmique, aux confins du signe et du code. Son usage en tant qu’image « performative » et « interactive » au cœur notamment des créations scéniques et théâtrales, soulève également des réflexions techno-critiques (Globale Surveillance, texte et mise en scène : Eric Sadin, 2012), déployant les interrogations sur l’ « imagerie » de la surveillance sur internet (la comédie Surveil, texte : Hip.Bang ! et mise en scène : Marie Farsi, 2018).
De plus, la surveillance se déploie sur une temporalité singulière, entre la fulgurance de l’image qui fait preuve et la temporalité de la boucle ou le temps continu de l’enregistrement. La gestion du tempo surveillant offre en cela des pistes de réinvention du récit filmique et sériel, ou encore littéraire et théâtral. Entrer dans l’analyse de la surveillance par l’image n’est donc ni un raccourci, une réduction au visuel, ni un parti pris esthétique. Il s’agit au contraire d’un choix méthodologique guidé par son sujet : suivre à l’image la progression d’un concept, et le mettre en regard de sa progression effective, c’est aussi prendre le pas de Foucault, qui fait du panoptique un diagramme de pouvoir à l’œuvre dans un grand nombre de structures ou d’institutions, parfois radicalement différentes les unes des autres.
Ce colloque international, organisé par les Universités Sorbonne Nouvelle, Aix-Marseille et Paris Cité, vise à mettre au premier plan les puissances esthétiques des dispositifs de surveillance à l’écran. Les champs d’études ne se restreignent pas aux seuls domaines des études cinématographiques, des visual studies et des surveillance studies, ils s’ouvrent volontiers à une collaboration pluridisciplinaire : études théâtrales, science de l’art, anthropologie visuelle, information et communication, histoire, études littéraires, juridiques, politiques et sociales etc. Des propositions d’artistes, réalisateurs, sur leurs propres pratiques sont également encouragées.
Nous souhaitons mettre notamment en évidence la tension entre ce que la surveillance fait proprement aux œuvres et la manière dont la surveillance implique les productions artistiques dans un jeu de représentations transdisciplinaires.
Les propositions de communication pourront s'articuler autour de l'un des axes suivants, ou bien ouvrir de nouvelles pistes :
Axe 1 : Historiographie et épistémologie des rapports entre études cinématographiques et surveillance studies
Le point sur les surveillance studies : histoire, intégration dans la recherche francophone, rôle particulier de l’étude esthétique dans les théories de la surveillance
L’assimilation interminable de Surveiller et Punir, variations et dépassements du modèle panoptique
L’attrait interdisciplinaire de la surveillance (politique, droit, sociologie, communication, cultures et arts visuels, psychanalyse)
Axe 2 : Le regard surveillant, un enjeu proprement cinématographique ?
Cadrer, contextualiser, historiciser l’articulation entre caméra de surveillance et caméra de cinéma
Le cinéma des premiers temps, laboratoire du regard surveillant ? Voyeurisme, espionnage, déguisements
La surveillance dans le cinéma classique hollywoodien
Un cinéma expérimental : le remploi des images de vidéosurveillance
Un cinéma documentaire : la question de l’archive
Direct, différé, boucle, temps long : tempos surveillants et modalités du récit cinématographique
L’image dézoomée, ou le hors-champ de l’image de surveillance
Le devenir de la surveillance non-optique dans les arts : le cinéma est-il obsolète ?
Axe 3 : La surveillance au carrefour des arts
Surveillance, photographie, portrait-robot : archéologie des techniques du contrôle visuel pré-cinématographique
Vues du ciel : drones, satellites. Quadrillage cartographique, surveillance et panoptisme global
Surveillance et jeu vidéo. La question du gameplay et de la mise en abyme - question du genre, caméra de contrôle, hacking
Surveillance et renouvellement des genres cinématographiques et sériels, jusqu’au clip vidéo et à la publicité.
Surveillance et arts de la scène. Théâtre, performance, happening. Louna Park (Georges Aperghis, 2011), Les Surveillance camera players.
Surveillant Art. “Artivisme”, art et militantisme. Surveillance Index (Mark Gunheim), Ai Wei Wei
Surveillance et littérature. L’image au sein du récit. Enjeux génériques, narratifs et sociologiques. Littérature SF (l’œuvre d’Alain Damasio), bande dessinée documentaire (La Machine ne ferme jamais les yeux : une histoire de la surveillance (Greenberg, Canlas et Patterson)).
Axe 4 : Sensibilité(s) du corps surveillant
Surveillance et économie de l’attention, regard surveillant et fatigue visuelle
L’œil permanent des drones et satellites
Pilotage de drone et syndromes post-traumatiques : désarticulation du corps et du regard
Axe 5 : Formes et puissances de la surveillance dans la culture visuelle et les imaginaires contemporains
Enjeux éthiques et politiques : quel statut légal des images de surveillance ? Quels droits de production, de consultation et de remploi ?
Etat des lieux des techniques du contrôle visuel : Algorithmes, automatisation du regard, reconnaissance faciale, vers l’abandon de la surveillance optique ?
L’autorité sous surveillance : histoire, attraits et limites de la “sousveillance”, de Rodney King à George Floyd (en passant par l’affaire Théo, Michel Zecler) ; Sousveillance et hacking, video sniffing ?
Image de surveillance et effet Zapruder
Surveillance et stéréotypes raciaux et de genre
Le regard surveillant au prisme des féminismes : surveillance et « regard masculin » ; voyeurisme et « être-pour-le-regard » ; dimensions genrées de la surveillance
Sortir de l’Occident et globaliser les surveillance studies (Asie du Sud-Est, Afrique)
Axe 6 : Crise de l’indicialité (ou du régime de la trace) et critiques de l’objectivité des dispositifs de surveillance
De l’ère de la paranoïa The Conversation (Francis Ford Coppola, 1974) ; Three Days of the Condor (Sidney Pollack, 1975) à l’âge de la post-vérité (Snowden, Oliver Stone, 2016) : surveillance, rumeurs et soupçons, complotisme et conspirationnisme, whistleblowing
De l’indicialité à la manipulation des images
Surveillance et images opératoires
De l’image figurative à l’image abstraite : explorations des puissances formelles de l’image de surveillance (basse définition, bugs, capteurs nocturnes et thermiques)
Heather Dewey-Hagborg, Rafael Lozano-Henner, Joy Buolamwini : l’art comme désaveu des techniques de surveillance
L’efficacité fantasmée des dispositifs de surveillance (biais algorithmiques de reconnaissance faciale)
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La soirée d’ouverture se tiendra au Lavoir Numérique (Gentilly) autour du film Il n’y aura plus de nuit (Eléonore Weber, 2020). La projection sera suivie d’une table ronde.
Les propositions de communication en français ou anglais (500 mots), accompagnées d’une courte bio-bibliographie (150 mots), sont à envoyer avant le 5 février 2025 aux adresses suivantes :
teresa.castro@sorbonne-nouvelle.fr
meera.perampalam@sorbonne-nouvelle.fr
Les participants retenus seront avisés le 18 mars 2025.
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Comité scientifique :
Emmanuelle André (Université Paris Cité)
Fareed Ben-Youssef (University of Texas)
Francesco Casetti (Yale University)
Florent Castagnino (Ecole Nationale Supérieure Mines Télécom Atlantique)
Laurent Guido (Université Sorbonne Nouvelle)
Ervina Kotolloshi (Université Sorbonne Nouvelle)
Jennifer Merchant (Université Paris-Panthéon-Assas)
David Murakami Wood (University of Ottawa)
Ariane Papillon (Université Vincennes-Saint-Denis - Paris 8)
Emmanuel Siéty (Université Sorbonne Nouvelle)
Anne-Katrin Weber (Université de Lausanne)
Claire Wrobel (Université Paris-Panthéon-Assas)
Comité d’organisation :
Teresa CASTRO (Maîtresse de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles – IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle)
Rémi LAUVIN (Chercheur en études cinématographiques, associé au CERILAC, Université Paris Cité)
Sébastien LEFAIT (Professeur des universités en études anglophones – LERMA, Université Aix-Marseille)
Meera PERAMPALAM (Chercheuse en études cinématographiques et audiovisuelles, associée à l’IRCAV – Université Sorbonne Nouvelle).
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Bibliographie
AÏM, Olivier, Les Théories de la surveillance. Du Panoptique aux surveillance studies (Paris, Armand Colin, 2020)
AÏM, Olivier (dir.), Quaderni, No. 108, “Surveillance et contre-surveillance”, Hiver 2022-2023
BEUGNET, Martine. Le cinéma et ses doubles. L’image de film à l’ère du foundfootage numérique et des écrans de poche (Lormont, Le Bord de l’eau, coll. “Usages des Patrimoines Numériques”, 2021)
BEUGNET, Martine. L’attrait du flou (Crisnée, Yellow Now, 2017)
BLÜMLINGER, Christa. Harun Farocki : Du cinéma au musée (Paris, P.O.L., coll. “Trafic”, 2022)
BOILLAT, Alain. « Le héros hollywoodien dans les mailles de la télésurveillance et dans la ligne de mire du drone » (Décadrages, No. 26-27, pp. 14-47)
BULLOT, Erik. « Éloge du camouflage » (Les Cahiers du Musée national d’art moderne, No. 112-113, Eté–automne 2010, pp. 182-191)
CASTRO, Teresa, « Of Drones and the Environmental Crisis in the Year of 2020 » (in Philipp Dominik Keidl, Laliv Melamed, Vinzenz Hediger et Antonio Somaini (dir.), Pandemic Media: Preliminary Notes Toward an Inventory, Luneburg, Meson Press, 2020, pp. 85-88)
CHAMAYOU, Grégoire. Théorie du drone (Paris, La Fabrique Editions, 2013)
CHAMAYOU, Grégoire. Les Chasses à l’homme (Paris, La Fabrique Editions, 2010)
CONRAD, Kathryn. « Surveillance, Gender, and the virtual Body in the Information Age » (Surveillance & Society, Vol. 6, No. 4, 2009, pp. 280-287)
DELEUZE, Gilles. « Post-scriptum sur les sociétés de contrôle » (L’Autre Journal, No. 1, 1990)
DETRAZ, Nicole. International Security and Gender (Cambridge, Polity Press, 2012. 224 p.)
DUBROFSKY, Rachel E et MAGNET, Shoshana A. (dir.). Feminist Surveillance Studies (Durham, Duke University, 2015)
FANG, Karen (éd.) Surveillance in Asian Cinema, Under Eastern Eyes (Londres, Routledge, 2017. 272 p.)
FANG, Karen. Arresting Cinema : Surveillance in Hong Kong Film. (Stanford, Standford University Press, 2017)
FAROCKI, Harun. Reconnaître et poursuivre (Courbevoie, Théâtre Typographique, 2002)
FOUCAULT, Michel. Surveiller et punir. Naissance de la prison (Paris, NRF Gallimard, coll. « Bibliothèque des Histoires », 1975)
FŒSSEL, Michaël. État de vigilance. Critique de la banalité sécuritaire (Paris, Le Seuil, 2016)
GUIDO, Laurent. « La (Télé)surveillance à l’écran. Perspectives critiques et historiographiques » (in Alain Boillat et Laurent Guido (dir.), Loin des yeux… Le cinéma. Imaginaires médiatiques de la télécommunication et de la surveillance, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2019)
GUNNING, Tom. « Tracing the Individual Body : Photography, Detectives, and Early Cinema » (in Leo Charney et Vanessa R. Schwartz (dir.), Cinema and the Invention of Modern Life, Berkeley, University of California Press, 1995, pp. 15-45)
GUNTI, Claus (dir). Décadrages, nº 26-27, « Drones, cartographie et images automatisées », Printemps 2014, pp. 26-150
HARDING, James M. Performance, Transparency, and the Cultures of Surveillance. (Michigan, University of Michigan Press, 2018)
KAMMERER, Dietmar. « Video Surveillance in Hollywood Films » (Surveillance & Society, No. 3, Vol. 2-3, 2002, pp. 464-473)
LAUVIN, Rémi. Le Cinéma des formes furtives. Résister en images au regard surveillant (Sesto San Giovani, Mimésis, coll. “Formes Filmiques”, 2024)
LEFAIT, Sébastien. Surveillance on Screen : Monitoring Contemporary Films and Television Programs (Lanham, Scarecrow Press, 2013)
LEFEBVRE, Romain. « Avec et contre la vidéosurveillance » (Images Documentaires, Nos. 101-102, Mars 2021)
LEMAÎTRE, Elodie. L'œil sécuritaire. Mythes et réalités de la vidéosurveillance (Paris, Éditions La Découverte, coll. « L'envers des faits », 2019)
LEVIN, Thomas Y., FROHNE, Ursula et WEIBEL, Peter (dir.), CTRL Space : Rhetorics of surveillance from Bentham to Big Brother (ZKM, Karlsruhe, Allemagne, 2002)
LIMAIRE, Sophie. Surveiller et Sourire. Les artistes visuels et le regard numérique. (Presses de l’Université de Montréal, 2015)
LYON, David. Surveillance Society : Monitoring Everyday Life (Buckingham et Philadelphie, Open University Press, 2001)
LYON, David. Surveillance Studies : An Overview (Cambridge, Polity, 2007)
MARKS, Peter. « Imagining Surveillance : Utopian Visions and Surveillance Studies », (Surveillance & Society, Vol. 3, No. 2-3, 2005, pp. 222-239)
MAZUMBAR, Ranjani. « Terrorism, Conspiracy, and Surveillance in Bombay's Urban Cinema », (Vol. 78, No. 1, Social Research : India's World, Printemps 2011, pp. 143-172)
MONAHAN, Torin. « Surveillance as Cultural Practice » (The Sociological Quarterly, Vol. 52, No. 4, Automne 2011, pp. 495-508)
Moving Walls 22 / Watching, Watching Me (Open Society Foundation, New York, Etats-Unis, 2015)
PAPILLON, Ariane. « Œil pour œil » [essai vidéo] (Images secondes, No. 3, co-dirigé par Chloé Galibert-Laîné et Gala Hernandez Lopez, 2022)
PERAMPALAM, Meera. « Images de surveillance. Humains après tout ? » (in Nicolas Bras et Frédéric-Pierre Saget, Captures d’écran. Quand le cinéma affronte les flux numériques, Crisnée, Yellow Now, coll. « Côté cinéma », 2022)
PERAMPALAM, Meera. Surveiller et Cadrer. Les Caméras de surveillance dans le cinéma des années 1990 à nos jours. Thèse de doctorat en études cinématographiques et audiovisuelles, Sorbonne Nouvelle – Paris 3, soutenue en 2017
PHILLIPS, Sandra. (dir.). Exposed: Voyeurism, Surveillance and the Camera since 1870. (Londres, Tate Publishing, 2010)
REBURN, Jennifer. Watching Men : Masculinity and Surveillance in the American Serial Killer Film 1978-2008 (Université de Glasgow, 2012)
SOMAINI, Antonio et CASETTI, Francesco (dir.). La haute et la basse définition des images. Photographie, cinéma, art contemporain, culture visuelle (Sesto San Giovanni, Mimésis, coll. “Images, médiums”, 2021)
SOMAINI, Antonio. « Visual Surveillance. Transmedial Migrations of a Scopic Form » (in Acta Univ. Sapientiae, Film and Media Studies, No. 2, 2010)
STEWART, Garrett. Closed Circuits. Screening Narrative Surveillance (Chicago, University of Chicago, 2015)
SZENDY, Peter. Sur écoute. Esthétique de l’espionnage (Paris, Les Editions de Minuit, coll. “Paradoxe”, 2007)
VIRILIO, Paul. La Machine de vision (Paris, Galilée, coll. “L’espace Critique”, 1988)
WAJCMAN, Gérard. L'Œil absolu (Paris, Denoël, 2010)
ZIMMER, Catherine. Cinema and Surveillance (New York, NYU Press, 2015)
YOU’RE GONNA NEED A BIGGER SCREEN
VISUAL CULTURES UNDER SURVEILLANCE
While surveillance was initially a topic for law and philosophy, from Jeremy Bentham's Panoptic Letters (1786) to Michel Foucault's Discipline and Punish (1975) and, more recently, by Michael Fœssel (État de vigilance, 2016) and Shoshana Zuboff (The Age of Surveillance Capitalism, 2019), the multimodal pervasiveness of the practice is now opening up new theoretical and critical perspectives. As the forms of power based on the unequal distribution between seeing and being seen expand, and as the visual dimension of surveillance becomes increasingly metaphorical, surveillance now concerns the real world. Its legitimacy, for instance, raises problems of legal, ethical and ideological nature. The challenge is no longer simply to limit or understand the extension of the perimeter covered by cameras, but to multiply disciplinary approaches in order to better gauge what is at stake in contemporary surveillance, which tends to be described as global and total.
As well as being a major political issue, the rise of surveillance motifs and scenes in the media have made it a significant part of our cultural imagination. To study it, this conference will use as its premise the surveillance imagination, a cultural construct whose analysis requires an interdisciplinary approach. Cinema obviously plays a central role here. As a device for capturing images and sound, it has a special relationship with the surveillance gaze. Firstly, because of the presence of cameras in both cinematic and surveillance apparatuses, but also through the prism of a broader paradigm that considers the capacity of technology to measure, visualize and understand human and non-human activities through their (audio-)visual representation. This paradigm encompasses a wide range of technologies that articulate power and representation: medical observation devices, anthropometry and forensic photography, night and thermal vision devices, and facial recognition algorithms.
While the English-American field of surveillance studies has been mapping the interactions between discourses, techniques and representations of control for the past twenty years, these issues are now finding a strong echo in France (see in particular Les théories de la surveillance, Olivier Aïm, 2020). However, since Surveillance on Screen. Monitoring Contemporary Films and Television Programs by Sébastien Lefait (2013), few works by French scholars on the connection between surveillance and film have been published.
There is however an abundance of film and audiovisual productions dramatising control. The prevision of totalitarian surveillance populates our screens, although these representations often fail to take account of the discrepancy between onscreen projections and the state of our so-called 'screen societies'. Films from the second half of the twentieth century have explored the dramatic appeal of surveillance, from The Thousand Eyes of Dr. Mabuse (Fritz Lang, 1960) to the Jason Bourne franchise (2002-2016). Early cinema, however, was already embracing themes linked to surveillance and the imaginary worlds it conjures up (voyeurism, espionage, costumes and cross-dressing) by the end of the nineteenth century. In addition, the current proliferation of surveillance techniques provides many artists with an opportunity to hijack traditional audiovisual codes. High and low definition (Somaini and Casetti, 2021), the aesthetics of blur (Beugnet, 2017), re-use (Blümlinger, 2013), as well as the militarisation of the gaze (Virilio, 1988; Chamayou, 2012) and the automation of perception (Farocki, 2002) currently provide avenues for exploring an alternative form of sensitivity, conveyed by the rich store of images of visual control yet freed from the regime of proof. Numerous works have hijacked CCTV images to reveal their approximate quality, i.e. their plastic, composite and heterogeneous potential. This paradox erodes the boundaries between cinema, video art and visual art. Today, the issue of artificial intelligence is even blurring the boundaries between text and image, between the optical and the non-optical. At the heart of these investigations lies the digital image, which is the raw material of contemporary surveillance, and which is subject to major forms of hijacking, particularly with its algorithmic nature, at the limits of sign and code. Its use as a 'performative' and 'interactive' image at the heart of stage and theatrical creations in particular, also raises techno-critical considerations (Globale Surveillance, text and direction: Eric Sadin, 2012), unfolding questions about the 'imagery' of surveillance on the internet (the comedy Surveil, text: Hip.Bang! and direction: Marie Farsi, 2018).
Moreover, surveillance unfolds over a specific temporality, between the instant accessibility of surveillance-based evidence and the temporality of the loop or the endless time of constant recording. In this respect, managing the timing of surveillance offers avenues for reinventing filmic and serial narratives, as well as literary and theatrical ones. Analysing surveillance through its image is therefore neither a shortcut, a reductio ad visum, nor an aesthetic bias. On the contrary, it is a methodological choice prompted by its topic: to follow the progress of a concept through pictures, and to compare them with its actual evolution, is to follow in the footsteps of Foucault, who makes the panopticon a diagram of power at work in a large number of structures and institutions, some of which are radically different from the others.
The aim of this international colloquium, jointly organised by the Universities of Sorbonne Nouvelle, Aix-Marseille and Paris Cité, is to highlight the aesthetic power of on-screen surveillance. The scope of the conference is not restricted solely to film studies, visual studies and surveillance studies, but is open to inter-disciplinary approaches ranging from theatre studies, art science, visual anthropology, information and communication, history, literary, legal, political and social studies, and so on. We also encourage papers by artists and directors on their own practices.
In particular, we want to highlight the tension between what surveillance actually does to works of art and the way in which surveillance involves artistic productions in an interplay of transdisciplinary representations.
In addition to the presentations, we plan to hold keynotes, film screenings and round tables with artists, directors and authors.
Proposals for papers may focus on one of the following themes, or may explore new avenues:
Theme 1: Historiography and epistemology of the relationship between film studies and surveillance studies
An overview of surveillance studies: history, integration into Francophone research, the particular role of aesthetic studies in theories of surveillance.
The interminable assimilation of Discipline and Punish, taking the panoptic model in different directions and moving beyond it
The interdisciplinary significance of surveillance (politics, law, sociology, communication, culture and the visual arts, psychoanalysis)
Theme 2: The surveillance gaze, a specifically cinematographic issue?
Framing, contextualising and historicising the relationship between the surveillance camera and the film camera
Early cinema, a laboratory for the surveillance gaze? Voyeurism, espionage, disguises
Surveillance in classic Hollywood cinema
Experimental cinema: the use of CCTV footage
Documentary cinema: the question of the archive
Direct, deferred, loop, long time: surveillance tempos and modes of cinematographic narrative
The zoomed-out shot, exploring the dead angles of the surveillance image
Non-visual surveillance in the arts: is cinema obsolete?
Theme 3: Surveillance at the intersection of the arts
Surveillance, photography, the composite portrait: an archaeology of pre-cinematographic techniques of visual control
Views from the sky: drones, satellites. Cartographic grids, surveillance and global panopticism
Surveillance and video games. The question of gameplay and mise en abyme - the question of genre, monitoring cameras, hacking
Surveillance and the renewal of cinematographic and serial genres, including video clips and advertising.
Surveillance and the performing arts. Theatre, performance, happening. Louna Park (Georges Aperghis, 2011), Surveillance camera players.
Surveillant Art: "Artivism", art and activism. Surveillance Index (Mark Gunheim), Ai Wei Wei
Surveillance and literature. The image within the narrative. Generic, narrative and sociological issues. SF literature (the works of Alain Damasio), documentary comics (The Machine Never Closes Its Eyes: A History of Surveillance (Greenberg, Canlas and Patterson)).
Theme 4: Sensitivity(ies) of the surveillant body
Surveillance and the economy of attention, the surveillance gaze and visual fatigue
The permanent eye of drones and satellites
Drone piloting and post-traumatic syndromes: disarticulation of the body and the gaze
Theme 5: Forms and powers of surveillance in contemporary visual culture and imagination
Ethical and political issues: what is the legal status of surveillance images? What are the legal rules governing their production, consultation and re-use?
Current state of visual control techniques: algorithms, automated gaze, facial recognition - are we moving away from optical surveillance?
Authority under surveillance: the history, attractions and limits of 'sousveillance', from Rodney King to George Floyd (via the Théo case, Michel Zecler); Sousveillance and hacking, video sniffing?
The surveillance image and the Zapruder effect
Surveillance and racial and gender stereotypes
The surveillance gaze through the prism of feminism: surveillance and the 'male gaze'; voyeurism and 'looked-at-ness"; gendered dimensions of surveillance
Moving beyond the West and globalising surveillance studies (South-East Asia, Africa)
Theme 6: Indexicality in crisis (or the regime of the trace) and criticism of the objectivity of surveillance systems
From the age of paranoia - The Conversation (Francis Ford Coppola, 1974); Three Days of the Condor (Sidney Pollack, 1975) - to the age of post-truth (Snowden, Oliver Stone, 2016): surveillance, rumours and suspicions, conspiracy and conspiracy thinking, whistleblowing, etc.
From indexicality to image tampering
From the figurative image to the abstract image: exploring the formal powers of the surveillance image (low definition, bugs, night and thermal sensors)
Heather Dewey-Hagborg, Rafael Lozano-Henner, Joy Buolamwini: art as a disavowal of surveillance techniques
The supposed efficiency of surveillance devices (algorithmic biases in facial recognition)
Proposals for papers in French or English (500 words), together with a short biography (150 words) and bibliography, should be sent before February 5th, 2025 to the following addresses:
teresa.castro@sorbonne-nouvelle.fr
meera.perampalam@sorbonne-nouvelle.fr
Speakers will be notified on March 18th, 2025.
Scientific committee :
Emmanuelle André (Université Paris Cité)
Fareed Ben-Youssef (University of Texas)
Francesco Casetti (Yale University)
Florent Castagnino (Ecole Nationale Supérieure Mines Télécom Atlantique)
Laurent Guido (Université Sorbonne Nouvelle)
Ervina Kotolloshi (Université Sorbonne Nouvelle)
Jennifer Merchant (Université Paris-Panthéon-Assas)
David Murakami Wood (University of Ottawa)
Ariane Papillon (Université Vincennes-Saint-Denis - Paris 8)
Emmanuel Siéty (Université Sorbonne Nouvelle)
Anne-Katrin Weber (Université de Lausanne)
Claire Wrobel (Université Paris-Panthéon-Assas)
Organisation committee :
Teresa CASTRO (Maîtresse de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles – IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle)
Rémi LAUVIN (Chercheur en études cinématographiques, associé au CERILAC – Université Paris Cité)
Sébastien LEFAIT (Professeur des universités en études anglophones – LERMA, Université Aix-Marseille)
Meera PERAMPALAM (Chercheuse en études cinématographiques et audiovisuelles, associée à l’IRCAV – Université Sorbonne Nouvelle).