Le narcissime de François-René de Chateaubriand : une lecture psychanalytique des Mémoires d'outre-tombe (Arras)
Madame Sibylle Guipaud
Langue et littérature française
Soutiendra publiquement ses travaux de thèse intitulés
Le narcissisme de François-René de Chateaubriand : une lecture psychanalytique des Mémoires d'outre-tombe
Sous la direction de Monsieur François Raviez, Maître de conférence habilité
Soutenance prévue le vendredi 15 novembre 2024 à 14h00
Université d'Artois, Maison de la Recherche, salle des colloques, 9 rue du Temple - BP 10665, 62030 ARRAS
Composition du jury :
M. Philippe Antoine- Professeur émérite, Université Clermont Auvergne
M. Pierre Bayard - Professeur émérité, Université Paris VIII
Mme Fabienne Bercegol - Professeur, Université Toulouse Jean Jaurès
M. Marc Hersant - Professeur, Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3
Mme Martine Lavaud - Professeur, Université d'Artois
Mme Marie Lenormand - Maître de conférences habilité, Université Aix-Marseille
M. François Raviez - Maître de conférences habilité, Université d'Artois
Mme Anne-Gaëlle Weber - Professeur, Université d'Artois
Résumé :
Notre thèse se propose d’éclairer le narcissisme de François-René de Chateaubriand dans les Mémoires d'outre- tombe, au sens d’image du corps propre de l’écrivain, selon le principe de double figuration du récit qui représente l’écrivain, lui-même allégorie de son temps. La mythographie du moi est le produit d’une culture et d’un milieu ainsi que du traumatisme de la Révolution. Cependant le mémorialiste peint, depuis l’outre-tombe du Temps, la vanité de son époque : la remémoration déréalise l’histoire,métamorphose les grands personnages en poèmes. L’autobiographie symbolique cristallise la singularité d’un style qui est non seulement une éthique mais aussi l’expression de la vérité de l’écrivain. L’enjeu de ce travail est de montrer que le moi est le lieu d’une mosaïque de figures et d’un vacillement perpétuel entre figuration et défiguration qui montrent le réel du traumatisme de 1792. Dans un tel contexte, les jeux de miroirs avec les figures d’autorité, les doubles et les rivaux restituent une phénoménologie de l’identification qui anticipe le stade du miroir de Jacques Lacan : Chateaubriand invente une écriture inédite de la mélancolie devançant les études de Freud, en particulier "Deuil et mélancolie" et "Malaise dans la culture". Il n’est plus possible d’adorer la statue, le moi idéal, ni de croire en l’idéal dont l’écrivain devient l’éternel exilé. Le mémorialiste anéantit son image depuis le réel de la mort ; il affronte la seconde mort en devenant l’objet "a". L’idole de Narcisse disparaît au profit de l’écho : il n’est plus la figure mais son mouvement même porté par la voix au-delà des apparences.