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(Re)penser les masculinités modernes. Europe et colonies, XVe-XVIIIe s. (Angers)

(Re)penser les masculinités modernes. Europe et colonies, XVe-XVIIIe s. (Angers)

Publié le par Marc Escola (Source : Todd Reeser)

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Re)penser les masculinités modernes (Europe et colonies, XVe-XVIIIe siècle)

Le colloque aura lieu les 20 et 21 novembre 2025 à l’Université d’Angers, France.

Au sein de la recherche francophone, les développements de l’histoire sociale des masculinités sont encore largement centrés sur les XIXe et XXe siècles, ne permettant pas d’inscrire les phénomènes actuels dans une généalogie plus longue. Ce colloque entend faire dialoguer les recherches récentes sur les masculinités du XVe au XVIIIe siècle, afin de sortir d’une vision encore quelque peu monolithique et finalement essentialiste de « la virilité moderne ». Une dimension comparative, à l’échelle européenne, invite à mesurer la circulation et la confrontation des normes viriles et des modèles de masculinité en vigueur, ainsi que les effets de l’expansion occidentale sur ces dynamiques. La démarche, intrinsèquement pluridisciplinaire, croise les regards de l’histoire, des études de genre, de l’histoire l’art et de la littérature, en s’appropriant des concepts issus des sciences sociales.

Au sein de la recherche francophone, les développements de l’histoire sociale des masculinités sont encore largement centrés sur les 19e et 20e siècles, ne permettant pas d’inscrire les phénomènes actuels dans une généalogie plus longue. Ce colloque entend faire dialoguer les recherches récentes sur les masculinités du 15e au 18e siècle, afin de sortir d’une vision encore quelque peu monolithique et finalement essentialiste de « la virilité moderne ». Une dimension comparative, à l’échelle européenne, invite à mesurer la circulation et la confrontation des normes viriles et des modèles de masculinité en vigueur, ainsi que les effets de l’expansion occidentale sur ces dynamiques. Un des enjeux est notamment de (re)penser des phénomènes politiques et sociaux d’ampleur (contestations politiques, luttes socio-économiques, impérialisme occidental, dynamiques d’altérisation et de hiérarchisations sociales, concurrences intra-européennes...) à l’aune des masculinités modernes.

La démarche, intrinsèquement pluridisciplinaire, croise les regards de l’histoire, des études de genre, de l’histoire l’art et de la littérature, en s’appropriant des concepts issus des sciences sociales. On soulignera en particulier les apports des théorisations sociologiques pionnières de Raewyn Connell en veillant, à la suite de Demetrakis Demetriou, à les historiciser afin d’explorer la diversité des manières d’être un homme et de le signifier dans l’Europe moderne. En suivant les considérations d’Eve K. Sedgewick sur les masculinités trans, on veillera également à dépasser l’idée que « tout ce qui concerne les hommes peut être classé comme masculinité, et que tout ce qui peut être dit sur la masculinité concerne en premier lieu les hommes » (Sedgewick 1995). Il s’agira donc d’appréhender la masculinité comme une position situationnelle susceptible d’être déployée par une grande variété d’individus.

En promouvant une histoire plurielle des masculinités européennes, attentive aux enjeux de pouvoir qui les traversent, ce colloque entend donc rendre compte de la coexistence d’une variété de modèles de masculinité à l’échelle européenne et des colonies. On mettra à l’honneur une diversité d’acteurs et d’actrices aux prises avec les normes viriles dominantes au cœur des masculinités hégémoniques : hommes célibataires et/ou abstinents, « Indiens imberbes », « hommasses », esclaves noirs, paysannes robustes, impuissants, personnes « hermaphrodites », soldates, femminielli, orientaux « efféminés », « petits maîtres », femmes à barbe, eunuques et autres châtré·es, « sodomites », tribades... 

Le colloque investiguera notamment :

Fabrique des masculinités dominées : comment s’élaborent, se négocient et se confrontent concrètement les différents modèles de masculinité à l’échelle européenne ? Qui sont les producteurs de savoirs et de normes liées au masculin ? En quoi des figures stigmatisées (castrats italiens, eunuques orientaux, mignons et hommes efféminés...) deviennent-elles des contre-modèles à partir desquels fixer les normes de la masculinité hégémonique ? Quels enjeux sociopolitiques se cachent derrière les discours sur les « crises de la masculinité (ou de la virilité) » et quel type d’« identité masculine » est-il alors question de soutenir ? Comment les modèles de masculinité des populations rencontrées, colonisées, soumises à l’esclavage par les Occidentaux sont-elles décrites et mobilisées dans le champ sociopolitique ? Que dire de l’articulation de ces masculinités dominées en fonction de la race, la classe sociale, l’âge, la religion, la capacité, la sexualité ? Comment les individus intériorisent, réinventent, résistent à ces normalisations ? Quels sont les subjectivités et l’agentivité des individus face aux modèles normatifs dominants ?
Corps et masculinités: quelles places ont le corps et les pratiques sexuelles dans les définitions modernes des normes viriles et des masculinités ? En quoi ces normalisations et efforts définitionnels sont-ils étroitement (ou non) corrélés aux capacités physiques et reproductives, à la notion de puissance (notamment sexuelle), à une vision fonctionnaliste des corps ? Comment le travail du corps lié aux modèles de masculinité est-il pensé et rendu opérationnel dans les sociétés modernes ? Quelles sont les performances mises en jeu par les individus pour signifier leur appartenance à tel ou tel modèle de masculinité ? Quels concepts, comme celui de « chorégraphie du genre » (Susan Leigh Foster), permettent de ne pas oublier de considérer les corps et leurs contraintes/(in)capacités dans la définition et l’affirmation d’une identité de genre dans l’Europe moderne ?
Une masculinité «sans hommes » : quelles sont les définitions (et évolutions) des normes viriles et leurs mobilisations par des femmes ou des hommes inscrits dans une masculinité dominée ? La notion de fluidité de genre peut-elle être utile pour penser ces dynamiques ? Dans quels contextes est-elle appréhendée et mobilisée par des individus en situation de domination ? Comment se saisir du concept de « masculinité féminine » (Jack Halberstam) pour contrecarrer l’idée d’une coïncidence exclusive entre les hommes et la masculinité ? Que dire des identifications et/ou incarnations de différents modèles de masculinité et normes viriles par des femmes ? Quelles places tiennent la sexualité et la capacité de génération dans ces discours et pratiques ? A quels enjeux sociopolitiques renvoie l’idée d’une virilité féminine à l’époque moderne ?

Modalités de soumission

Les propositions de communication sont attendues à l’adresse suivante : nahema.hanafi(at)univ-angers.fr

avant le 31 mars 20225

Communications en anglais ou en français.

Elles devront comporter une brève notice bio-bibliographie ainsi qu’une présentation de la communication envisagée précisant l’ancrage (pluri)disciplinaire, les enjeux historiographiques, l’approche méthodologique ainsi que les matériaux mobilisés (800 à 1000 mots).

À l’issue du colloque, des publications sont envisagées, moins sous la forme d’actes de colloque que de numéros de revue thématiques et/ou d’un ouvrage pensé collectivement.

Les retours du comité scientifique auront lieu à la fin du mois d’avril 2025. 

Le colloque aura lieu les 20 et 21 novembre 2025 à l’Université d’Angers. 

Comité d’organisation

Nahema Hanafi
Blandine Blaiteau
Comité scientifique

Francesca Arena (Université de Genève)
Nahema Hanafi (Université d’Angers)
Patrick Farges (Université Paris Cité)
Marion Philip (Université de Genève)
Todd Reeser (University of Pittsburgh)
Marie Walin (Université de Poitiers).