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Forger le faux

Forger le faux

Publié le par Marc Escola

Fausse donation de Constantin, faux traités et fausses œuvres, évangiles apocryphes, fausse Jeanne d’Arc, rois imposteurs, fausses chartes par milliers, comptabilités trafiquées, le Moyen Âge semble l’empire du faux. Nos XXe et XXIe siècles paraissent y répondre avec les étranges concepts de fake news et de post-vérité. Or le faux vécu et pratiqué à cette époque est loin d’être homogène, et ne s’identifie pas à nos tranchantes certitudes contemporaines. Car ces dernières tirent leurs origines d’un long cheminement qui, du XVIIe au XIXe siècle, n’a guère laissé de place que pour le blanc et le noir, le vrai et le faux. Dans Forger le faux. Les usages de l'écrit au Moyen Âge (Seuil), Paul Bertrand montre que ce qui est en jeu alors, ce n’est pas une notion figée de "faux médiéval", mais bien des "régimes de faux" et de tromperie, de forges et de forgeries, associés à des nécessités sociales, culturelles et économiques, à un plus large contexte de rapport au savoir et à l’écrit ainsi qu’au pouvoir. Les médiévaux ont davantage cherché à forger leur vie et forcer leur destin qu’à falsifier stricto sensu des documents. Fabula vous invite à feuilleter l'ouvrage sur le site de l'éditeur… Signalons qu'un précédent essai de l'historien de Louvain est désormais en libre accès sur BooksOpenEdition : Les Écritures ordinaires. Sociologie d’un temps de révolution documentaire.