éditoriaux

Anatomie d'un scénario

Anatomie d'un scénario

Sandra et Samuel, un couple d’écrivains, vivent isolés au milieu des Alpes avec leur fils malvoyant, Daniel. Lorsque Samuel est retrouvé mort dans la neige au pied de leur chalet, la police ouvre immédiatement une enquête : s’agit-il d’un suicide ou d’un meurtre ? Sandra devient la principale suspecte. Le procès qui s’ensuit revient en détail sur les circonstances de cette chute fatale tout en nous plongeant dans l'intimité du couple… Un livre vient donner à lire le scénario original d'Anatomie d'une chute avec le commentaire de ses deux auteurs, Arthur Harari et Justine Triet, ainsi qu’un ensemble de documents de travail inédits, ce livre-trésor nous dévoile les dessous et les secrets du film. Illustré de photogrammes et photos de tournage, cet ouvrage nous offre l’occasion unique de redécouvrir l’atmosphère électrique de la Palme d’or 2023.

Le surréalisme et le burlesque

Le surréalisme et le burlesque

"Allons, un peu plus d’humour, que diable !", s’exclame Aragon dans Le Con d’Irène. Une exhortation similaire pourrait être lancée à propos de l’histoire du surréalisme. Jusqu’ici, les origines du surréalisme ont surtout été explorées à travers la découverte de Freud et de l’inconscient, ou par le prisme des grandes figures poétiques qui l’ont précédé. Dans Le cinéma burlesque, une autre origine du surréalisme (Mimèsis), Charlotte Servel offre une autre perspective, en analysant les pratiques des surréalistes au prisme des films burlesques pendant les Années folles. Les films de Chaplin, Keaton, Lloyd & Cie ont agi comme un "excitant" sur Aragon, Breton, Desnos et les autres et ont mis en mouvement leur imagination, leur écriture et même leur corps. Jusqu’à les conduire à créer le surréalisme. Fabula vous propose de parcourir le sommaire…

Voir Hanoï avec Jean Tardieu

Voir Hanoï avec Jean Tardieu

Vie et mort de J.J. Winckelmann

Vie et mort de J.J. Winckelmann

On doit à Johann Joachim Winckelmann (1717-1768) les grands principes de la description moderne des œuvres d'art. C'est à partir de lui que le spectateur, libérant sa subjectivité, ses passions, ses désirs prend la première place dans le processus esthétique. Winckelmann met en crise la fiction d'une lecture impassible de l'art. Il scrute l'objet, fouille ses détails, en dit les charmes, reconstitue le Torse mutilé - cependant qu'en retour la sculpture bouscule ses certitudes de connaisseur et d'historien… Élisabeth Décultot donne une nouvelle édition de l'essai De la Description (Macula) dont l'influence est immense depuis Diderot et jusqu'à nous. L'éditrice a pris le parti de présenter, traduire, juxtaposer et comparer les diverses descriptions que "le père de l'histoire de l'art" a consacrées à chacune des trois plus célèbres sculptures antiques : le Laocoon, le Torse et l'Apollon du Belvédère. Fabula vous invite à feuilleter le livre sur le site de l'éditeur… Saluons également la réédition l'an passé de l'Histoire de l'art dans l'Antiquité (Klincksieck), un "essai de système doctrinal" dont l’objectif est de définir "l’essence de l’art" en embrassant dans une même étude les πuvres égyptiennes, phéniciennes, grecques, romaines, étrusques, et analysant le style de chacune d’entre elles dans son contexte historique et culturel, pour établir des comparaisons et des hiérarchies. Fabula en donne aussi à lire un extrait…

Signalons encore l'essai récemment consacré par Jean-Marc Moret à Vico et Winckelmann (Champion), et l'enquête menée par Julien Sapori, Winckelmann et ses assassins (Lamarque), une affaire qui soulève aujourd'hui encore des polémiques. L’écrivain Dominique Fernandez a popularisé l’hypothèse d’un crime entre homosexuels avec son roman Signor Giovanni publié en 1981, et de nos jours une grande partie de la communauté gay considère l’affaire comme entendue : Winckelmann, homosexuel lui-même, aurait été tué par son amant occasionnel, comme le furent Pasolini et d’autres. Qu’en est-il vraiment et quelle frontière y a-t-il entre l’histoire et son appropriation ?

Et rappelons le compte rendu donné naguère par Laure Lévêque dans Acta fabula du volume supervisé par Catherine Mariette et Chantal Massol, Stendhal et Winckelmann (UGA éd.) : "Deux hommes de goût"…

(Portrait par Raphael Mengs, ca. 1755)

À la recherche des œuvres disparues

À la recherche des œuvres disparues

Saviez-vous qu’un Van Eyck fit l’objet d’une demande de rançon ? Qu’un Caravage volé par la mafia est toujours porté disparu ? Qu’une toile admirée sombra avec le Titanic ? Que Monet représenta le pire des dangers pour ses propres œuvres ? Que le gouvernement de Vichy détruisît un ballon qui décorait Paris ? Qu’un Picasso explosa dans un crash aérien ? Que certaines œuvres se sont inexplicablement évanouies des réserves des musées qui devaient les conserver ? Dans Chefs-d’œuvre disparus. Ces trésors que vous ne verrez jamais plus (Gallimard), Sophie Pujas narre le destin rocambolesque de plus d’une centaine d’œuvres, pour réfléchir à la façon dont l’art peut disparaître.

Rappelons qu'au sein du dossier critique d'Acta fabula associé à la livraison de Fabula-LhT "La bibliothèque des textes fantômes", on peut (toujours) lire un compte rendu de l'essai consacré par Céline Delavaux à cette même question, Le Musée impossible. La collection des œuvres d’art qu’on ne peut plus voir (La Renaissance du Livre) : "La main du temps & l’œil de l’esprit. Voir les œuvres qu’on ne peut plus voir", par Marc Escola et Nathalie Kremer. Et un peu plus haut dans le temps, mais toujours dans Acta fabula, l'article consacré par Paul-André Claudel à l'essai séminal de Judith Schlanger, Présence des œuvres perdues (Hermann) : "L’ombre et la trace. Livres perdus, œuvres damnées".

Nathalie Kremer s'est récemment intéressée à la façon dont les écrivains ont été tentés de faire fiction de la destruction d'une œuvre d'art : tableaux piétinés, brûlés ou lapidés, statues mutilées, refondues ou enterrées…, nombreux sont les romans qui donnent à voir des œuvres dans l’instant même où elles sont rendues invisibles. Dans Tableaux fantômes. Quand la fiction montre les œuvres disparues, accueilli par la collection "Fictions pensantes" des éditions Hermann, N. Kremer recense les différents gestes iconoclastes imaginés par  de Balzac et Gogol jusqu’à Perec, Michon ou Reza, pour décrire les modes paradoxaux de création par destruction dans la fiction littéraire. Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage… désormais intégralement accessible en ligne en ligne via Cairn…. Lucie Garrigues en propose la recension au sein du récent dossier "Voir en peinture" d'Acta fabula : "Destructions créatrices. Écrire ce qui ne peut être vu".

Abécédaire Baczko

Abécédaire Baczko
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