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Appels à contributions
Vingt-cinq ans de théorie littéraire avec Fabula. Un abécédaire (Paris)

Vingt-cinq ans de théorie littéraire avec Fabula. Un abécédaire (Paris)

Publié le par Esther Demoulin

Appel à contributions pour un colloque international

Vingt-cinq ans de théorie littéraire avec Fabula.

Un abécédaire

Paris, les 2 et 3 juin 2023

une initiative de l’équipe Fabula, soutenue par

Sorbonne Université (Cellf), la Sorbonne Nouvelle (Thalim)

et l’Université de Lausanne (Ciel)

sous l’égide du Fonds national pour la science ouverte (Fnso-Cnrs)

 

Depuis 1999, le site Fabula.org accompagne le développement de la théorie littéraire francophone, qu’on a trop souvent vouée à perpétuer le souvenir de la french theory et des théoricien.ne.s des années 1970, là même où elle œuvrait régulièrement à un renouveau. À l’aube de son 25e anniversaire, Fabula voudrait inviter tou.te.s les chercheur.se.s à élaborer collectivement un abécédaire des notions forgées au cours de ce premier quart de siècle et de toutes celles qui méritent de l’être pour les années qui viennent.

Fidèle aux principes qui ont permis le développement de son Atelier de théorie littéraire, et à l’instar d’autres initiatives plus récentes – Fragments d’un discours théorique réunis par Emmanuel Bouju, qui entendaient proposer collectivement « des pistes inédites de réflexion en matière de théorie de la littérature, à partir du choix d’un élément de vocabulaire, éprouvé ou inventé[1] », ou Glossaire de narratologie développé par le Réseau des Narratologues Francophones à l’initiative de Raphaël Baroni[2] –, Fabula a en effet régulièrement incité la communauté des chercheur.se.s à penser la théorie littéraire comme un répertoire plutôt que comme un système, et comme un thesaurus de notions plutôt que comme un arsenal de concepts. Réitérer le choix d’un abécédaire de notions, c’est tout à la fois assumer l’ambition, ou peut-être même la finalité, pédagogique de toute entreprise théorique, et afficher le privilège à accorder à une connaissance intuitive et toujours révisable de ses objets. Jean-Paul Sartre, qui avait ses raisons de forger des concepts, ne cachait pas sa préférence pour les notions : à la différence du concept, la notion « introduit le temps en elle[3] ». Le projet de constituer un tel abécédaire devra ainsi assumer son inscription historique et son caractère instantané : à quelles notions faisons-nous actuellement appel, en 2023, pour appréhender et décrire, c’est-à-dire penser, la littérature, et plus largement les phénomènes littéraires ?

C’est dire aussi qu’un tel colloque entend répondre à un triple objectif de recension, de problématisation et d’invention :

1) À la différence de L’Abécédaire de Gilles Deleuze, l’idée n’est pas de proposer en amont une série de termes à commenter, mais d’appeler au réexamen de notions centrales comme à l’émergence de notions nouvelles, tant il est vrai que la théorie est faite pour inviter chacun.e « à devenir théoricien à son tour[4] ». L’abécédaire qui ressortira des propositions de communications et des échanges permis par la rencontre parisienne cherchera à proposer une cartographie des intérêts actuels de la théorie littéraire.

2) Cette ambition de recension ne doit pas être dissociée d’une envie de problématisation : au lieu de proposer un état de l’art de notions déjà entérinées, qui aurait l’avantage de la synthèse mais l’inconvénient de la redite, le colloque voudrait être l’occasion de révéler les problèmes posés par certaines notions, ainsi que les solutions trouvées pour contourner les difficultés suscitées par leur usage.

3) En cela, le colloque se veut aussi (et surtout) un lieu d’invention. Il invite les chercheur.se.s à présenter de nouveaux outils théoriques élaborés au cours de leurs recherches personnelles. Fidèle à la vocation constante du site Fabula.org, qui cherche à mettre en relation des savoirs différents sur les faits littéraires, ce colloque espère susciter aussi, par un dialogue vivant entre différent.e.s chercheur.se.s sur des notions parfois voisines, la création de nouveaux outils pour penser la littérature aujourd’hui et dans les années à venir.

L’appel est donc lancé, à la fois auprès des chercheur.se.s confirmé.e.s invité.e.s à faire « retour » sur une notion forgée par elles et eux, mais aussi à destination des jeunes chercheur.se.s, doctorant.e.s et post-doctorant.e.s, pour exposer la manière dont ils et elles entendent renouveler la théorie littéraire dans leurs propres travaux, en présentant une notion forgée ou en cours d’élaboration pour les besoins de leur thèse, une notion aux contours encore flous mais dont ils et elles ressentent le besoin, ou encore la discussion critique d’une catégorie reçue.

Les un.e.s comme les autres sont invité.e.s à exploiter à cette occasion les immenses ressources du site, rendues désormais mieux accessibles à la faveur de la nouvelle structuration de ses archives permise par un financement du Fonds national pour la science ouverte. Le site offre désormais, outre la possibilité d’une recherche avancée, des outils d’exploration des tendances globales du site, qui permettront de mesurer l’émergence et la résonance des notions de théorie comme d’histoire littéraires. 

Les contributions issues du colloque viendront logiquement nourrir l’Atelier littéraire du site Fabula, appelé dans le même temps à une complète refonte.

Les propositions peuvent être formulées à titre individuel, ou soumises collectivement par plusieurs chercheur.se.s. Elles sont à adresser sous la forme d’un texte de 5000 signes assorti d’un titre et précédé d’un résumé de trois phrases, accompagné d’une courte biobibliographie du.de la ou de ses auteur.e.s à colloquefabula2023@gmail.com avant le 23 décembre 2022.

Les communications retenues seront annoncées mi-janvier 2023.

 —

Comité d’organisation

Romain Bionda (Université de Lausanne)

Perrine Coudurier (Sorbonne Université)

Esther Demoulin (Sorbonne Université)

Marc Escola (Université de Lausanne)

Alexandre Gefen (Université Sorbonne Nouvelle, Cnrs)

Jean-Louis Jeannelle (Sorbonne Université)

Matthieu Vernet (Sorbonne Université)

[1] Emmanuel Bouju (dir.), Fragments d’un discours théorique. Nouveaux éléments de lexique littéraire, Nantes, Cécile Defaut, 2015. Seconde édition à paraître sous forme numérique aux éditions Codicille (Québec).

[2] Développé depuis l’Université de Lausanne à l’adresse https://wp.unil.ch/narratologie/glossaire/, ce Glossaire entend favoriser le dialogue, et le transfert de notions, entre les différentes narratologies qui ont cours dans des aires linguistiques distinctes, notamment de part et d’autre de l’Atlantique. Ses entrées sont indexées dans l’Atelier de théorie littéraire de Fabula.

[3] Jean-Paul Sartre, « Sur L’Idiot de la famille », dans Situations, X, Paris, Gallimard, 1976, p. 95.

[4] Florian Pennanech et Sophie Rabau, Exercices de théorie littéraire, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2016.