Les 70 ans de Lolita : (Re)lire Lolita après #MeToo
Comité organisationnel :
Morgane Allain-Roussel (Université de Rouen), Marie Bouchet (Université de Toulouse 2), Ana Bumber (Université de Toulouse 3), Julie Loison-Charles (Université de Lille), Agnès Edel-Roy (Université de Paris Est-Créteil), Julie Lesnoff (Université Aix-Marseille), Léopold Reigner (Université de Rouen).
Le colloque se déroulera sur le campus de Mont-Saint-Aignan de l’Université de Rouen en novembre 2025.
Dix ans se sont écoulés depuis la commémoration du 60e anniversaire de la publication de Lolita en France en septembre 1955, événement marquant ayant donné lieu à diverses manifestations, notamment la journée d’études intitulée « Les soixante ans de Lolita », organisée en 2015 par la Société Française Vladimir Nabokov. Cette journée fut l’occasion d’examiner les circonstances entourant la publication de Lolita ainsi que les événements liés au scandale que la publication suscita.
Dix ans plus tard, la réception de Lolita, récemment abordée dans le documentaire d’Olivia Mokiejewski Lolita, Méprise sur un fantasme (Arte, 2021), se doit d’être revue et interrogée, notamment, et surtout, à l’aune des perspectives ouvertes par la vague #MeToo. Lolita est un roman fréquemment cité dans le cadre de #MeToo, y compris dans des témoignages tels que Le Consentement de Vanessa Springora ou Triste Tigre de Neige Sinno.
À l’aube de la commémoration du 70e anniversaire du roman, il apparaît indéniable que l’étude de l’historicité de Lolita et de sa réception au fil des générations de lecteurs et de lectrices, ainsi que l’examen des raisons historiques des malentendus dont le roman de Nabokov a été victime, ne sauraient se faire sans inscrire la réflexion collective dans le contexte de cette actualité.
Pourront ainsi être envisagées, sans que cette liste ne soit exhaustive, les pistes de réflexion suivantes :
I. Historicisation de la réception critique de Lolita :
• La critique féminine et/ou féministe depuis les années 1980, rarement étudiée comme un corpus critique genré
• Les lectures ultra-contemporaines de Lolita sur TikTok (notamment les Booktoks), ou d’œuvres comme Le Consentement de Vanessa Springora et son adaptation cinématographique, Triste Tigre de Neige Sinno, les dark romances, etc.
• La capacité de la littérature à prévenir les violences racistes, sexistes et sexuelles : alerte et valeurs éducatives et pédagogiques, enseigner Lolita à l’ère de #MeToo.
• Influences, adaptations et réécritures contemporaines de Lolita
II. Lolita comme roman précurseur :
• La description des violences sexistes et sexuelles, le schéma, les étapes de l’abus et de l’emprise
• Le cas de Humbert Humbert, et la figure du prédateur et son indétectabilité sociale
• La mise en mots de Dolores dans le récit de Humbert : présence fragmentée dans le tissu narratif, contrôle de la voix et des pensées de l’héroïne par le narrateur
• Lolita (roman et/ou film) : récit de voyage, road novel/movie, le déplacement et la voiture comme dispositif carcéral et espace de l’abus sexuel
• Corps/texte : théorie de la lecture empathique (Pierre-Louis Patoine) et récits d’abus sexuels dont Lolita
III. Nabokov et le genre / et les femmes :
• L’étude des nombreuses protagonistes de Nabokov à la lumière des opinions avancées par l’auteur sur les femmes (notamment sur ses traductrices ou sur les autrices)
• La Lolita de Nabokov vs la Lolita de Humbert
• La figure et le rôle de Véra Nabokov dans l’écriture et la réception de Lolita
• La fluidité narrative du genre : le cas de Humbert Humbert
IV. Lolita et la pop culture :
• La figure de la « lolita » dans la musique populaire, la mode, le cinéma et la publicité
• Le phénomène « Lolita » au Japon, et ses implications sur la mode et la culture, notamment l’usage du terme « lolicon »
• La figure de la « lolita » sur les réseaux sociaux.
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Les propositions de communication, rédigées en français ou en anglais et ne dépassant pas les 300 mots, accompagnées d’une courte notice biographique, sont à envoyer avant le 1er mars 2025 à nabokov.lolita2025@vladimir-nabokov.org
Le comité scientifique rendra sa décision fin mars 2025.