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Au-delà des images : les représentations des femmes à l'époque contemporaine (Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines)

Au-delà des images : les représentations des femmes à l'époque contemporaine (Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines)

Publié le par Marie Berjon (Source : Coline Dupuis)

« Au-delà des images : les représentations des femmes à l'époque contemporaine » est une journée d’étude co-organisée par les laboratoires CHCSC et IDHE.S.

Elle aura lieu le 5 juin 2025 à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 47 boulevard Vauban à Guyancourt. 


Selon l’historienne Isabelle Ernot, les représentations sont « exprimées sous forme d’images ou de textes sont des émanations d’un contexte, une traduction de la vie sociale et politique. En tant que traces du passé, elles constituent des éléments pour saisir le rapport des individus aux réalités vécues et tenter d’approcher leur présent » (Ernot, 2009). Ces dernières sont essentielles à la compréhension des liens entre les populations dites dominées et dominantes, car elles ont toujours permis de légitimer et de justifier les rapports de pouvoir. À l’aube du XIXe siècle, les femmes sont régulièrement représentées de manière stéréotypée, sexualisée, voire caricaturale. Elles restent ainsi cantonnées à leur devoir d’épouse, de mère et de gardienne du foyer. Si certaines d'entre elles n’y voient pas d’inconvénient et vont, au contraire, encourager la pérennisation de ces stéréotypes, d’autres souhaitent progressivement s’en émanciper. Ainsi, se représenter devient un moyen d’acquérir une nouvelle forme de reconnaissance. Quelques femmes tentent d’abord d’écrire dans des journaux intimes et témoignent d’une nouvelle volonté d’introspection personnelle. Les femmes artistes, peintres, écrivaines, photographes, réalisatrices et dès le XXe siècle, les femmes intégrées à tous types de professions, parviennent également à créer des œuvres pour se représenter elles-mêmes. 

Cette journée d’étude ambitionne de mener une réflexion autour de la manière dont les représentations des femmes sont produites et ont évolué tout au long de la période contemporaine. De cette manière, il est possible d’évaluer les effets multiples de ces images présentant des femmes et des féminités. Afin de déceler précisément les origines de ces représentations, cette journée se concentre sur trois types de producteurs et productrices dont les profils sont déclinés dans les trois axes suivants. 

Une attention particulière est portée aux figurations de femmes composées à partir de différents médiums artistiques (beaux-arts, photographie, cinéma, arts décoratifs, etc) et littéraires, de sorte à comprendre le rôle de l’Art dans la construction d’images de femmes. 

En outre, une perspective internationale est adoptée durant cette journée d’étude, afin de dresser un panorama le plus complet possible des représentations féminines à travers le monde, notamment dans le cadre des colonies ou des relations internationales.


Axe 1 : De l’intime à la vie publique : comment s’écrire et se représenter soi-même ?


Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, de nombreuses femmes tentent de s’intégrer à la sphère publique de la société, dans l’espoir de gagner en reconnaissance et en indépendance. Principalement issues de cercles privilégiés, ce sont les bourgeoises et les aristocrates qui deviennent les premières créatrices d’images féminines publiques, bientôt suivies par d’autres femmes. Du journal intime à l’autoportrait, de la maison familiale aux expositions publiques ; ces femmes cherchent à s’écrire et à se représenter elles-mêmes dans des portraits idéalisés ou justes. Bien que ces créations ne soient pas nécessairement destinées à être présentées à un public, elles constituent un précieux témoignage socio-historique à l’échelle individuelle. Cette journée propose donc d’étudier les perspectives individuelles et micrologiques des représentations des femmes afin d’observer leurs variations. En effet, l’approche intimiste d’un journal ou d’un portrait fait transparaître les rapports que ces femmes entretiennent avec elles-mêmes et le monde qui les entoure. Paul Ricoeur voit notamment dans le journal intime, comme dans toutes autres œuvres artistiques, une relation triangulaire entre l’auteur.ice.s, le lectorat ainsi que l’œuvre (Ricoeur, 1991). En résulte des perceptions et des interprétations pouvant varier selon les observateur.ice.s et les créatrices.


Axe 2 : Penser les femmes au pluriel : quelles images donner en société ? 


Penser les femmes au pluriel nous permet également d’aborder la création de conseils féminins et d’associations féminines et féministes qui, dès le milieu du XIXe siècle, permettent aux femmes de se regrouper. Ces derniers apparaissent comme un tournant décisif dans l’histoire des féminismes. Les femmes s’émancipent en nombre et se regroupent afin de faire valoir leurs droits et leurs libertés. Si ces conseils et associations leur permettent de se réunir et de discuter de leur condition sociale, elles parviennent également à diffuser leurs idées au sein de la société. De ce fait, elles réfléchissent méticuleusement à l’image qu’elles souhaitent transmettre autour d’elles. Dans les journaux, dans les tracts, dans les salons ou encore dans les congrès mixtes nationaux comme internationaux, les groupes féministes font entendre leurs voix, donnant lieu à des représentations nouvelles. Néanmoins, ces représentations sont parfois inégalitaires et stéréotypées selon la classe sociale, les origines ethniques ou la religion dans lesquelles s’inscrivent certaines femmes. Ainsi, elles font face à une nouvelle forme de marginalité d’ordre social, politique, économique ou encore géographique. Par conséquent, des ruptures s’observent chez les femmes en raison de leur appartenance sociale, religieuse ou ethnique. Les représentations sont alors soumises à un jugement de valeur corollaire au statut de la femme discriminée.


Axe 3 : Être représentée par autrui : de la caricature à l’admiration.


Les femmes ne sont évidemment pas les seules à se représenter. Au contraire, la grande majorité des portraits de femmes existant au cours de la période contemporaine émanent principalement des hommes. La société patriarcale dans laquelle s’imbriquent des relations de pouvoirs et des normes genrées, facilite grandement la prépondérance d’œuvres stéréotypées autour des femmes. Dès lors, de nombreux textes et images représentent les femmes de manière stéréotypée afin de les décrédibiliser, comme les caricatures d’Alfred Le Petit qui témoignent d’une volonté de stigmatiser les femmes influentes. C’est notamment par le biais des médias, comme la radio, la télévision ou la presse qui, en fonction de leur public, de leur orientation politique et religieuse, participent activement à la production de discours et d’images autour des femmes. Enfin, au moment de l’industrialisation puis des périodes de guerres mondiales, l’arrivée massive des femmes sur le marché du travail affecte significativement leurs représentations et leurs rôles dans la société. L’évolution des idéaux féminins est alors inévitable, car ils sont soumis à des problématiques politiques et économiques majeures. Les images de la féminité tendent également à se transformer au courant du XXe siècle, au fur et à mesure de l’émancipation des femmes, de l’évolution des modes de vie et des styles vestimentaires.


Axes de la journée


Axe 1 : De l’intime à la vie publique : comment s’écrire et se représenter soi-même ?

Axe 2 : Penser les femmes au pluriel : quelles images transmettre en société ? 

Axe 3 : Être représentée par autrui : de la caricature à l’admiration. 


Bibliographie indicative 


BARD Christine, Les féministes de la première vague, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015.

BARD Christine, Les féministes de la deuxième vague, Rennes, Presses universitaires de Rennes,  2012.

BUCKLEY Cheryl, « Made in Patriarchy: Toward a Feminist Analysis of Women and Design », Design Issues, vol. 3, n°2, autumn 1986, p. 3-14.

CERVULLE Maxime, « Malaise dans le « male gaze » : Généalogie critique d’un concept controversé », Études de communication, 15 décembre 2023, vol. 61, no 2, p. 189‑212.

CHAPERON Sylvie, GRAND-CLEMENT Adeline et MOUYSSET Sylvie, Histoire des femmes et du genre: historiographie, sources et méthodes, Paris, Armand Colin, 2022.

ERNOT Isabelle, « Des femmes écrivent l’histoire des femmes au milieu du XIXe siècle : représentations, interprétations », Genre & Histoire, vol. 4, printemps 2009.

GAMMAN Lorraine, MARSHMENT Margaret, The Female Gaze: Women As Viewers Of Popular Culture, London, The Women’s Press Ltd, 1988.

GONNARD Catherine, LEBOVICI Élisabeth, Femmes artistes, artistes femmes. Paris, de 1880 à nos jours, Paris, Hazan, 2007.

MARPEAU Anne-Claire, « Le regard masculin, ou male gaze : le roman réaliste français du xixe siècle à l’épreuve d’un outil d’analyse féministe », Romantisme, 11 septembre 2023, vol. 201, no 3, p. 139‑154.

LAMPHERE Louise, ROSALDO Michelle, Women, Culture, and Society, Stanford, Stanford University Press, 1974.

MAYEUR Françoise, L’éducation des filles en France au XIXe siècle, Paris, Hachette, 1979.

MARPEAU Anne-Claire, « Le regard masculin, ou male gaze : le roman réaliste français du xixe siècle à l’épreuve d’un outil d’analyse féministe », Romantisme, 11 septembre 2023, vol. 201, no 3, p. 139‑154.

MCCLAURIN Irma, Black Feminist Anthropology: Theory, Politics, Praxis and Poetics, New Brunswick, Rutgers University Press, 2001.

MULVAY Laura, « Visual pleasure and narrative cinema », Screen, Oxford Journals, vol. 16, no 3,‎ automne 1975, p. 6–18. 

OFFEN Karen, « Sur l’origine des mots « féminisme » et « féministe » », Revue d'histoire moderne et contemporaine, vol. 34, n°3, juillet-septembre 1987.

PAVARD Bibia, « Faire naître et mourir les vagues : comment s’écrit l’histoire des féminismes », Itinéraires. Littérature, textes, cultures, vol. 2017, n°2,  2018. 

PLANTE Christine, THERENTY Marie-Ève, Féminin-masculin dans la presse du XIXe siècle, Lyon, Presses universitaires de Lyon., 2022.

SCHWEITZER Sylvie, Les femmes ont toujours travaillé: une histoire de leurs métiers, XIXe et XXe siècle, Paris, Jacob, 2002.

RICHARDSON Diane, ROBINSON Victoria, Introducing Women’s Studies. Feminist theory and practice, New York, Macmillan Publishers Limited, 1997.

SOHN Anne-Marie, THÉLAMON Françoise (eds.), L’ histoire sans les femmes est-elle possible? colloque, Rouen 27 - 29 novembre 1997, Paris, Perrin, 1998.


Modalité de soumission : 

 

La journée d’étude se tiendra à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 47 boulevard Vauban à Guyancourt, le 5 juin 2025. 

Les communications dureront 20 minutes, suivies par 10 minutes d’échanges. Elles devront être en français ou en anglais. 

Les propositions de communication (titre et résumé de 2000 signes, complétées par une courte biographie de 800 signes maximum) devront être envoyées avant le 12 mars 2025 à l’adresse suivante : jerepresentationsfemmes@gmail.com

Les réponses seront envoyées au plus tard le 9 avril 2025.

La journée est ouverte en priorité aux doctorant.e.s, aux docteur.e.s ayant récemment soutenu leur thèse et aux étudiant.e.s en master 2.

Comité d’organisation : 


Coline Dupuis - doctorante à l’Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, laboratoire CHCSC


Margaux Lassalle - doctorante à l’Université d’Évry Paris-Saclay, laboratoire IDHE.S