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Qu'est-ce qu'une science

Qu'est-ce qu'une science "humaine" ? (Nice)

Appel à communications

Journée d’étude – 7 novembre 2025

« Qu’est-ce qu’une science « humaine » ? »

Université Côte d’Azur, Ecole doctorale SHAL, Association Docto’SHAL

L’association Docto’SHAL a pour vocation de faire vivre la communauté des doctorant.e.s de l’école doctorale « Sociétés, Humanités, Arts et Lettres » de l’Université Côte d’Azur, en leur permettant notamment de diffuser leur travail de recherche dans et en dehors de l’école. C’est dans cette optique que l’association organise, le 7 novembre 2025 à Nice, sa première journée d’étude pluridisciplinaire, consacrée à la question suivante :

Qu’est-ce qu’une science « humaine » ?

L'appel s'adresse principalement aux doctorants et aux jeunes chercheurs, mais notre comité scientifique sera attentif à toutes les propositions (Université Côte-d’Azur, mais aussi de France et de l’étranger).

Si l’on définit la science minimalement comme une entreprise de connaissance, qui vise à rendre raison des phénomènes qui nous entourent, toute science est toujours humaine, en ce que seuls les êtres humains cherchent à expliquer et à comprendre le monde, que ce soit pour pouvoir maîtriser les phénomènes, ou pour donner du sens aux choses. Si l’humain est toujours le sujet et la finalité de la science, il devient quelquefois son objet. Il existe en effet des sciences que l’on peut dire humaines, car elles prennent pour objet de recherche l’humain lui-même. Historiquement, ces sciences humaines se sont constituées en opposition aux sciences de la nature, et forment un ensemble de disciplines très hétérogène, étudiant ce phénomène singulier : l’humain. Mais qu’en est-il de cet objet ? Est-il un objet de science comme les autres ? Est-il un objet fixe et déterminé ? Comment l’étudier dans son unité et sa diversité ? Claude Lévi-Strauss écrivait en 1962 que « le but dernier des sciences humaines n’est pas de constituer l’homme, mais de le dissoudre » (Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage, Paris, Plon, 1962). Qu’en est-il aujourd’hui ? L’objet de science qu’est l’humain a-t-il encore un sens et une portée heuristique ? Si oui, que cherche encore la science lorsqu’elle se donne l’humain pour objet ?

S’interroger sur ce qu’est une science humaine, c’est aussi questionner les finalités et l’ethos de toutes les sciences dans leur unité et leur diversité. Le vocable s’entend donc aussi en un sens éthique, et interroge le sens de l’humanisme en science. Faut-il de ce point de vue donner raison à Francis Wolff, lorsqu’il constate qu’à l’heure des grandes utopies post-humaniste et animaliste, « nous croyons de moins en moins en l’humanité » (Francis Wolff, Trois utopies contemporaines, Paris, Fayard, 2017) ? Du point de vue des méthodes également, quel sens revêt encore l’antique dilemme des moyens et des fins ? Toute expérimentation n’est pas permise, par exemple, sur l’humain : étudier le comportement des différents groupes sociaux dans une ville face au manque d’eau ne peut pas se faire en provoquant une pénurie expérimentale. À ce titre, existe-t-il certaines pratiques des sciences humaines et sociales que l’on pourrait qualifier d’inhumaines ? Qu’en est-il dans les autres sciences ? Quelles conditions les méthodes de recherche doivent-elles satisfaire pour faire une science véritablement humaine ? En d’autres termes, comment respecter l’objet de la recherche, tout en produisant des connaissances fiables à son sujet ?

Enfin, les sciences humaines désignent un champ, un monde ou un système historiquement constitué. Quels sont le sens et le statut d’une telle catégorie ? Peut-on en retracer la genèse ? Faut-il le distinguer des sciences dites « sociales » ? En quel sens peut-on dire que ces disciplines sont « scientifiques » ? Leur scientificité est-elle radicalement différente de celle dont se prévalent les autres disciplines dites scientifiques ? Et dans quelle mesure leurs pratiques peuvent-elles s’inspirer des arts vivants ou de la littérature ? Bernard Lahire déplore de son côté, dans une certaine mesure, l’hyperspécialisation et la différenciation des différentes sciences comprises sous cette étiquette (Bernard Lahire, Monde pluriel. Penser l’unité des sciences sociales, Paris, Editions du Seuil, 2012). En quoi ces phénomènes déshumanisent-ils les sciences ? En quoi leur permettent-ils au contraire de s’approcher au plus près de ce qui nous rend humain ? Aussi, quelle place peuvent et doivent prendre ces sciences dans les combats culturels et politiques de notre temps ?

Axes et modalités

Dans l’espoir de nourrir un dialogue interdisciplinaire fécond, nous vous proposons de vous emparer de ces questions, en les précisant, les affinant, voire en les amendant par vos propositions, dans les disciplines qui sont les vôtres et qui sont celles de notre école doctorale : anthropologie, arts, ethnologie, géographie, histoire, information et communication, littérature, psychologie, sciences de l'éducation, sciences du langage, sociologie.

Voici quelques axes dans lesquels pourraient s’inscrire vos propositions :

Axe 1 : L’humain : quel objet pour la science ?

L’humain pris en compte comme un objet d’étude nous force à nous interroger sur sa place dans les sciences : est-il un objet in-objectivable, un concept dépassé, ou bien un sujet exceptionnel digne d’une exploration scientifique constante ?

Axe 2 : L’humanisme : les sciences, une fin ou un moyen ?

L’humanisme problématise le rôle des sciences : quel rôle peuvent-elles et doivent-elles jouer vis-à-vis des grands enjeux contemporains ? Comment l’éthique et la politique s’immiscent-elles au cœur même des pratiques et des finalités scientifiques ?

Axe 3 : Les « sciences humaines » : passé, présent, futur ?

Les sciences humaines, entre leur héritage historique et leurs mutations contemporaines, nous interrogent sur leur identité : peut-on les envisager comme un domaine unifié ? Quels sont les défis qu’elles affrontent aujourd’hui, et que peut-on espérer d’elles à l’avenir ?

Les propositions de communication, d’une longueur de 3000 caractères maximum (espaces non compris) présenteront brièvement le projet d’intervention, assorti d’un titre prévisionnel, ainsi que de votre nom, prénom et institution d’affiliation.

Les propositions devront être envoyées au plus tard le 1er juin 2025 à l’adresse suivante :

maeva.guardia@univ-cotedazur.fr
ou
casimir.lejeune@univ-cotedazur.fr

Les notifications d’acceptation ou de refus seront envoyées au plus tard le 27 juin 2025.

La journée d’étude se tiendra à l’Université Côte-d’Azur, à Nice, le vendredi 7 novembre 2025.

Elle sera organisée par l’équipe de l’association Docto’SHAL : Maéva Guardia, Lauriana Dumont, Casimir Lejeune et Luca Tsingos.