
"Il n’y a décidément de vrai que le bordel ; c’est au moins terminé après", déclarait Huysmans avec plus d'ironie que de cynisme peut-être. Toute une littérature s’est pourtant tissée pourtant pour mettre en en scène différentes formes de dépassements fantasmatiques dans la relation prostitutionnelle. Dans Le Désastre de la rencontre. Imaginaires de l'échange prostitutionnel (P.U. Montréal), Léonore Brassard analyse la façon dont, depuis le XIXe siècle, la littérature éclaire ces désastreuses rencontres inventées sous le contrat. Comment la prostitution en vient-elle à être à la fois la représentation par excellence de la relation capitaliste – lui qui, réifiant le monde, permet aussi de se "libérer des embarras imaginaires de l’échange" –, tout en pointant, dans certaines lignes de fuites, les hiatus que ce même contrat porte en lui ? Fabula vous propose de feuilleter l'ouvrage…
Rappelons la livraison que la Revue Flaubert avait consacré au “mythe perdu de la prostitution", à l'inititative d'Éléonore Reverzy, mais aussi les comptes rendus proposés dans Acta fabula de l'essai de Marjorie Rousseau-Minier, Des filles sans joie : le roman de la prostituée dans la seconde moitié du XIXe s. : "Splendeurs & misères du roman de fille : les romanciers & la prostitution dans le second XIXe siècle européen", par Arnaud Verret ; et du livre de Dominique Lagorgette, Pute. Histoire d’un mot et d’un stigmate : Pute : la lexicographie pour ouvrir le débat, par Cornille Denoyelle.
(Illustr. : Salon de la rue des Moulins par Henri de Toulouse-Lautrec, 1894 ©Musée Toulouse-Lautrec d'Albi)