S'inscrivant dans le prolongement de l'impulsion d'un numéro récent de la revue Critique (dont rend compte ici Y. Mosset) où M. Macé en appelait à une « extension du domaine du style », Acta fabula revient sur la difficile appréhension de cette notion dans un dossier intitulé "Pensées du style". Il s'agit en particulier de manifester le tiraillement de la question entre une stylistique postulant l'assimilation du style et du sens (comme le rappelle D. Reguig dans sa présentation des 5 études de Voltaire que nous offre A.-M. Garagnon), et un geste effectivement plus large, esquissant une anthropologie, et rattachant une manière d'être à une pratique collective ou à une configuration personnelle. Cette dynamique se révèle cruciale quand il s'agit du dandysme, queJ. Zanetta présente à partir des ouvrages de K. Becker et D. Schiffer, et plus largement du principe de distinction que pointait É. Bordas et sur lequel revient M. Macé. Mais il est aussi évident d'y voir un enjeu plus traditionnellement littéraire, comme le proposent de le faire S. Chaudier à partir du numéro de Romantismesur le « Style d'auteur », ou M.-A. Wattine au sujet de La Langue littéraire dirigée par J. Piat et G. Philippe, lequel voit dans la monographie de P. Bernon sur Péguy la pratique d'une stylistique au plus près du moment historique. À travers tous ces questionnements se renouvelle en fait la croyance en une performativité du style, qu'elle soit éthique ou esthétique.