La fabrique pongienne

(Illustr. : Francis Ponge, Bar-sur-Loup, 19 août 1973, Karl-Heinz Bast ©Armande Ponge)
La fabrique pongienne
(Illustr. : Francis Ponge, Bar-sur-Loup, 19 août 1973, Karl-Heinz Bast ©Armande Ponge)
De la grandeur littéraire
Qu’est-ce qu’un "grand" écrivain pour les journalistes ? Le moment de la mort permet de bien saisir la "grandeur" et ses échelles, telles que les médias les conçoivent, ici d’abord la presse écrite et la presse en ligne. L’enjeu consiste à passer l’épreuve médiatique décisive de la singularité. Mais le "grand" écrivain est-il toujours celui qui, par son originalité, est considéré comme "intraduisible", c’est-à-dire unique ? Les chercheurs rassemblés par Jean-Baptiste Legavre dans L’écriture nécrologique. De la grandeur littéraire (P.U. Rennes) répondent chacun à leur façon, en retenant une étude de cas allant du XIXe siècle à aujourd’hui. Le lecteur pourra ainsi retrouver dans cet ouvrage Louis Aragon, Henry Bauchau, Albert Camus, Anna de Noailles, Aimé Césaire, Umberto Eco, Georges Sand, Nathalie Sarraute et quelques autres. Fabula vous invite à découvrir le sommaire en ligne via OpenEdition…
Mangeurs d'images
L'exposition Croquez ! qui s'est tenue au Musée de la Cité Internationale de la Bande Dessinée d'Angoulême en 2024 ouvre ses portes en février 2025 à la Cité de la gastronomie et du vin à Dijon. Elle met en lumière les relations qui existent entre le plaisir du dessin et du récit et les plaisirs de la bonne chère. Elle propose également un regard sur le futur de la cuisine au prime des défis sociaux et écologiques du XXIe siècle. Intitulé Mangeurs d'images, le nouveau dossier de Neuvième art supervisé par Irène Le Roy Ladurie se propose de revenir sur la question des rapports entre le goût, la nourriture et les récits en image, de la gravure du XIXe siècle à la bande dessinée la plus contemporaine en passant par un tour d'horizon des traditions graphiques internationales. La plupart des articles de ce dossier sont le fruit d'une journée organisée par les jeunes chercheurs et chercheuses de l'InTRu (Interactions, transferts et ruptures artistiques et culturels) à l'Université de Tours, équipe de recherche qui travaille sur les iconotextes. La journée s'intitulait Mangeurs d’images. Nourriture dans les iconotextes, iconotextes comme nourriture. Le sommaire qui en est issu invite à réfléchir aux liens effectifs et métaphoriques entre appétence, lecture et images alimentaires.
Décentrement(s)
Le "décentrement" peut être regardé comme un outil central de notre modernité, encline à interroger les limites des disciplines, des savoirs et des discours. Mais comment se manifeste le décentrement ? Que fait gagner la perte du centre ? Quelles traces concrètes ou symboliques restent après la relégation d’un centre ? Les études réunies par Élodie Gallet, Geneviève Guétemme, Sylvie Pomiès-Maréchal dans Décentrement(s). Théories et pratiques d’un concept nomade (Hermann) font l’hypothèse que le décentrement, pris indifféremment dans des formes matérielles mais aussi mémo-rielles et monumentales, permet de penser le transculturalisme et l’interdisciplinarité.
Dans le blanc des cartes
Chaque carte présente ses propres blancs, inconscients ou volontaires. Ces lacunes ou ces oublis, d’aucuns l’ont bien montré, ont joué un rôle déterminant dans l’histoire, en particulier coloniale. Hier privilège des États, ce pouvoir de blanchir ou de noircir la carte est aujourd’hui celui des données numériques. Car le déluge d’informations géographiques, produit par une multitude d’acteurs, n’est pas uniformément réparti sur l’ensemble des territoires, laissant des zones entières vides. S’inscrivant dans le champ émergent des critical data studies, le livre de Matthieu Noucher, Blancs des cartes et boîtes noires algorithmiques (CNRS éd.) revient sur les enjeux politiques des cartes et nous invite à explorer les rouages les plus profonds de la cartographie contemporaine. En s’attachant à l’Amazonie, Matthieu Noucher déconstruit les vides pour interroger le sens de la géonumérisation du monde. Pour mener son enquête, il s’intéresse à trois dispositifs en particulier : la détection de l’orpaillage illégal, la mesure de la biodiversité et le repérage des habitats informels. On peut accéder au sommaire en ligne via OpenEdition…
(Illustr. : Berlin Ouest vu par l’Allemagne de l’Est en 1988, un an avant la chute du Mur)
Retraduire les classiques français en italien
En janvier dernier, Acta fabula invitait à explorer la manière dont la traduction façonne la langue et ses usages à travers divers contextes historiques, culturels et géographiques ; pour son nouveau dossier critique, la revue des parutions de Fabula s'intéresse à la retraduction des classiques français en italien. Préparé par Francesca Lorandini et Ornella Tajani, le sommaire réunit des comptes rendus mais aussi des entretiens sur de nouvelles traductions publiées ces dernières années : de La Fontaine à Sade, de Balzac à Flaubert, de Baudelaire à Rimbaud et Apollinaire, de Camus à Céline, de Glissant à Ernaux. Comment la retraduction d'une œuvre s'intègre-t-elle dans une culture étrangère ? Quels sont les éléments stylistiques, linguistiques et rhétoriques mis en valeur ou, au contraire, délaissés ? Que nous apprend cette pratique sur la perception d'un auteur à un moment donné et son évolution au fil du temps ? Les raisons qui motivent la retraduction touchent à des domaines variés – de la philologie à la linguistique, de la sociologie de la littérature à l’histoire des idées, de l’histoire de la langue à celle de l’édition – et leur analyse met en évidence l’activité créatrice et de médiation des différents acteurs du champ littéraire. Si, comme le soulignait Antoine Berman, la traductologie doit "faire scintiller la dimension de la traduction dans toute sa multiplicité, sa profondeur et son obscurité", l’analyse des retraductions offre également un éclairage inédit sur l’histoire littéraire, permettant de réfléchir à l’évolution du canon littéraire français ainsi qu’à son rayonnement à l’étranger.
(Illustr. : La Tour de Babel, Pieter Brueghel l'Ancien, ca. 1563, Kunsthistorisches Museum, Vienne)
La cinquantaine
Née en 1975 dans un garage de l'initiative de quatre femmes passionnées, la maison d'édition genevoise Zoé est devenue un symbole d'audace et d'expertise éditoriale. Pour fêter son entrée dans la cinquantaine, Zoé a confié à Chahut Média le soin de retracer son épopée littéraire et humaine. Une série documentaire podcast en 4 volets qui invite à bord auteur·ices (passé-présent), figures historiques de Zoé, professionnel·les du livre et archives rares. Depuis le 19 février, la Bibliothèque de Genève invite également le public à explorer l'histoire des éditions Zoé.