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Nouveaux regards sur la "théâtralité" : entre réel et mise en fiction (Sorbonne nouvelle)

Publié le par Marc Escola (Source : Marie Duveau)

APPEL À COMMUNICATIONS

Journée d’étude – 15 mars 2025 – Maison de la Recherche- Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3)

Nouveaux regards sur la « théâtralité » : entre réel et mise en fiction

Marie Duveau (USN- IRET/ Groupe de recherche sur la poétique du drame et de la scène contemporaine)

et Louisa Léo (USN-IRET /Groupe de recherche sur la poétique du drame et de la scène contemporaine)

Avec le concours de Pierre Longuenesse (PR, IET/IRET) 

Depuis le XXème siècle et jusqu’à aujourd’hui, se sont succédées des expériences de « théâtres du réel » dans les textes et sur les scènes dramatiques. Le mot d’ordre d’Antoine Vitez, « on peut faire théâtre de tout » (VITEZ, 1976) résonne particulièrement dans un contexte où « le dispositif théâtral absorbe jusqu’à la matérialité du monde. » (PLASSARD, 2017). Un changement de paradigme esthétique a lieu : le théâtre et ses méthodes de représentation ne semblent plus s’opposer au monde réel et à la vie quotidienne.

Ces trois dernières décennies voient croître et naître des dramaturgies enquêtrices, des réflexions sur des matériaux neutres théâtralisables (ou du moins neutres « a priori » : P. Bourdieu, de son côté, démontre l’existence de biais inévitables dans la prise d’informations dans son ouvrage La Misère du monde, souvent adapté au théâtre, depuis sa parution, sans préoccupation de méthodologie sociologique) : le témoignage, la politique et son traitement, le verbatim, ou encore les entretiens. Ces matériaux, couplés avec certaines pratiques scéniques (telles que l’intermédialité), peuvent procéder du théâtre documentaire ou « néo- documentaire » (KEMPF, MOGUILEVSKAIA, 2013), genre qui cherche à représenter des trajectoires de vie et/ou de récits mêlant la grande Histoire à l’intime, au travers d’uneesthétique qui se revendique volontiers politique. D’importantes interférences adviennent entre ce domaine et les débatssur le théâtre dit « postdramatique » (LEHMANN, 2002). Certains critiques dénoncent une fausse « restitution » du réel (HAN, 2017) assujettie à un sentiment de bonne conscience politique (NEVEUX, 2019). À l’inverse, une défense de la fiction et de la théâtralité assumée est priorisée par des théoriciens qui considèrent que le détour par ces outils paradoxaux permet un meilleur contact avec le « réel ». En témoignent les écrits de M. Plana, J. Danan, I. Barbéris, J-P. Han, J-P. Ryngaert, P. Longuenesse et d’autres.

En outre, ces débats ne semblent plus uniquement circonscrits aux arts de la scène, et l’on observe un dépassement, voire un déplacement, du rapport entre réel et fiction, dans différents domaines des arts et médias : le cinéma, la performance, la radio, la télévision et internet.

Dans le contexte général d’une « société du spectacle » analysée il y a cinquante ans par Guy Debord, apparaît depuisplusieurs années une « crise de la représentation » (BOUGNOUX, 2019), ou de la dramaturgie (DANAN, 2016), qu’il convient de toujours continuer à interroger. Avec notamment l’irruption des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication), Bougnoux semble paradoxalement regretter la « société du spectacle » critiquée en son temps, qui aurait disparue au profit d’une « société du contact ». La distance critique permise par la spectacularité assumée s’effacerait au profit de l’instantané, considéré comme valeur absolue de « vérité » (BARBERIS,2010, 2019). Or, c’est précisément ce paradoxe d’illusion de réalité que nous souhaitons interroger dans les arts et médias.

Dans ce contexte, plutôt que le terme de « spectacularité », cette journée d’étude, qui se veut ouverte à différentes disciplines, souhaite réinterroger le terme de « théâtralité », notion toujours aussi trouble qu’à l’époque de la définitionde Patrice Pavis en 1980 : « […] le concept a quelque chose de mythique, de trop général, voire d’idéaliste et d’ethnocentriste. » (PAVIS, 1980). Pavis rappelle également la définition de Roland Barthes suggérant que la théâtralitéest une « épaisseur de signes », une « véritable polyphonie informationnelle » (BARTHES, 1963). Si l’on reprend l’étymologie du mot théâtre, le theatron est le lieu d’où l’on voit (avant d’être un lieu où être vus lors des XVIII etXIXème siècle). La théâtralité se placerait donc dans le regard porté par le public vers la scène (FÉRAL, 1988) et serapporterait à « ce qui se déroule dans un espace donné, sous le regard de l’Autre » (J-P. RYNGAERT, 2003). Elleserait également « manque, désir et recherche de théâtre » (JOLLY, PLANA, 2010). C’est par ces définitions ouvrant lesperspectives de recherches que cette journée d’étude souhaite entrer. Le présupposé de la journée conçoit la théâtralitéadmise comme outil et permettant de dépasser la dualité entre « réel » et « œuvre de fiction » pour interroger les « zones grises » qui se logent entre les disciplines.

Le biais de la théâtralité permettra de travailler autour de l’intermédialité et l’interdisciplinarité, et de réenvisager un ensemble de questions : Où se loge le « théâtralisé » au cœur du « réel » ? Le « réel » dans certaines propositions « théâtralisées » ? Peut-on tenter d’atteindre le réel par les détours de la théâtralité et du simulacre ? Serait-ce par la théâtralité, par la transformation du réel que l’on ferait prendre conscience de ce dernier ? Finalement, n’y aurait-il pas «peut-être qu'une différence de degré, non de nature, entre les manifestations divergentes de la théâtralité » (CORVIN, 1995) ?

Modalités de soumission

Les propositions de communication de 300 mots avec une brève notice bio-bibliographique (100 mots maximum) seront envoyées à marie.duveau@sorbonne-nouvelle.fr et louisa.leo@sorbonne-nouvelle.fr

Les propositions auront une durée de 20 minutes et seront suivies de 10 minutes d’échanges.

Calendrier

·     Date limite de soumission des propositions : 10 janvier 2025

·     Date limite de réponse pour les propositions retenues : 1 février 2025

·     Date de la journée d’étude : 15 mars 2025

Responsabilité scientifique et organisation

Marie DUVEAU et Louisa LÉO (avec le concours de Pierre LONGUENESSE, PR, IET/IRET), doctorantescontractuelles, Université Sorbonne Nouvelle, ED267/IRET - Institut de Recherches en Études Théâtrales.

 

 

 

Programme de la journée
 
9h15- 10h :  Accueil / Introduction 

 

10h-12h30 : Communications

 

Modération et questions 

 

12h30-14h : Pause déjeuner

 

14h-15h30 : Communications

 

Modération et questions 

 

16h-17h : Communications

 

Modération et questions 

 

17h-18h : Table ronde, discussion collective et ouverture

 Bibliographie indicative 
Études générales sur le théâtre (ouvrages et articles)

BAILLET Florence, LOSCO-LENA Mireille, RYKNER Arnaud (dir.), « L’œil immersif. Devenirs du regard dans les pratiques immersives du tournant des XXe et XXIe siècles au théâtre », Études théâtrales, n°69-70, 2021.

BARBÉRIS Isabelle, Théâtres contemporains. Mythes et idéologies, Paris, PUF, 2010 ; L’art du politiquement correct, PUF, 2019.

CHAMBON Joëlle, Après le vieux Jeu. La fiction dans le théâtre contemporain, Paris, Essais Herman, coll. Fictions pensantes, 2021.

CORVIN Michel, Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Paris, Bordas, 2008 [1995].

DANAN Joseph, Entre théâtre et performance : la question du texte, Arles, Actes Sud Papiers, 2016 ; Le Présent au cœur du théâtre, Paris, Presses Sorbonne-Nouvelle, coll. Registres, 2024.

DE GUARDIA Jean, « Le déni de fiction dans l'esthétique verbatim », Presses Sorbonne Nouvelle, Registres 21, 2019, p. 67- 82.

HAN Jean-Pierre, « Une extension monstrueuse du réel : Grandeur et misère du fait divers au théâtre », Frictions n°27, Automne-hiver 2017.

KEMPF Lucie, MOGUILEVSKAIA Tania (dir.), Le Théâtre néo documentaire, résurgence ou réinvention ?, Nancy, PUN- Éditions Universitaires de Lorraine, 2013.

LEHMANN Hans-Thies, Le Théâtre postdramatique, trad. de l’allemand par Philippe-Henri Ledru, Paris, L’Arche, 2002

MÉTAIS-CHASTANIER Barbara, L’Enquête à l’œuvre : la représentation inquiétée dans les dramaturgies contemporaines, dir.Jean-Loup Rivière, Thèse de doctorat en Études théâtrales, Université de Lyon ENS, 2013.

MOINDROT Isabelle, Les nouveaux matériaux du théâtre, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, coll. Registres, 2018.

NEVEUX Olivier, Théâtres en lutte. Le théâtre militant en France des années 1960 à nos jours, Paris, La Découverte, coll. «Cahiers libres », 2007 ; Contre le théâtre politique, Paris, La fabrique, 2019 ; Politiques du spectateur. Les enjeux du théâtre politique aujourd'hui, Paris, La Découverte, 2013 ; « Dix notes sur ce que « Théâtre politique » pourrait signifier », in Christine DOUXAMI (dir.), Théâtre politiques (en) mouvements(s), Presses universitaires de Franche-Comté, Besançon, 2011, p125-140.

PAVIS Patrice, L’analyse des spectacles, Paris, Armand Colin, 2ème édition, 2012. Dictionnaire du théâtre, Paris, Armand Colin, 4ème édition augmentée, 2019.

PLANA Muriel, Théâtre et politique : Pour un théâtre politique contemporain, Paris, Éditions Orizons, 2015, Théâtre et politique : modèles et concepts, Paris, Éditions Orizons, 2015.

PLASSARD Didier, « « On peut faire théâtre de tout » : mises en jeu du réel et illimitation du théâtralisable sur la scène contemporaine », dans Fabula-LhT, n° 19, « Les Conditions du théâtre : le théâtralisable et le théâtralisé », dir. Romain Bionda, October 2017, URL : http://www.fabula.org/lht/19/plassard.html, (Consulté le 15 septembre 2024).

RYNGAERT, Lire le théâtre contemporain, Paris, Nathan Université, 2003.

SAISON Maryvonne, Les Théâtres du Réel. Pratiques de la représentation dans le théâtre contemporain, L’Harmattan, coll.  «L’art en bref », 1998.

SARRAZAC Jean-Pierre, « L'invention de la « théâtralité » : En relisant Bernard Dort et Roland Barthes », Esprit, No. 228 (1), Éditions Esprit, Janvier 1997, pp. 60-73., [En ligne], URL : https://www.cairn.info/revue-etudes-theatrales-2013-1-page- 267.htm(Consulté le 24 novembre 2023).

VITEZ Antoine, Le Théâtre des idées, anthologie proposée par Danièle Sallenave et Georges Banu, Paris, Gallimard, « nrf », 1991 et 2015, 608 p.

Philosophie, esthétique, littérature

BARTHES Roland, « L’Effet de réel », dans Communications, (N°11), Numéro thématique Recherches sémiologiques le vraisemblable, 1968. pp. 84-89 https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1968_num_11_1_1158 (Consulté le 9 octobre 2024).

BOUGNOUX Daniel, La crise de la représentation, Paris, La Découverte, 2019.

BOURDIEU Pierre, La misère du monde, Paris, Seuil, 1993, 949 p.

DEBORD Guy, La société du spectacle, Paris, Folio Essais, 2018.

GOFFMAN Erving, La mise en scène de la vie quotidienne, I La présentation de soi, Paris, Les Éditions de Minuit, 1973 ; La mise en scène de la vie quotidienne, II Les relations en public, Paris, Les Éditions de Minuit, 1973.

Théorie des médias

DOUEK Simone, L’Acte radiophonique : une esthétique du documentaire, Grane, Creaphiseditions, 2021.

MORIN Edgar, « L’interview dans les sciences sociales et à la radio-télévision », Communications, Radio-télévisionréflexions et recherches, no 7, 1956, p. 59-73.