![Mettre les traducteur.rice.s sur la carte / Putting Translators on the Map (Gand & Louvain)](https://www.fabula.org/actualites/documents/125597_9a83fee1cd56e6fb63661d7fa962b35c.png)
[version anglaise ci-dessous]
Appel à communications
Mettre les traducteur.rice.s sur la carte
(Auto)représentations dans les traductions littéraires depuis et vers le français
Stratégies historiques et contemporaines
Colloque international
Université de Gand | Université de Louvain – 4-5 novembre 2025
Conférencier.ère.s plénier.ère.s :
Marie-Alice Belle (Université de Montréal) et Patrick Hersant (Université Paris 8)
Ce colloque est organisé par les groupes de recherche French literature (Leuven), TRACE-CLIV (Ghent) et CIRTI (Liège).
Ces dernières années, une multitude d’initiatives visant à augmenter la reconnaissance des traducteur.rice.s ont été lancées à travers l’Europe. Citons par exemple la campagne en ligne #noemdevertaler dans les régions néerlandophones, Raus aus der Unsichtbarkeit! en Allemagne, ou encore le rapport Translators on the cover (Plan de travail de l’UE pour la culture 2019-2022). Ces appels à l’action découlent d’engagements concrets au sein du domaine littéraire et sont rarement encadrés dans le contexte des études littéraires ou traductologiques. Dans le monde académique, l’on observe pourtant un intérêt croissant pour la reconnaissance de l’agentivité du traducteur, que ce soit en tant qu’individu (par exemple, Kaindl et al. 2021 ; Bergantino 2023) ou en relation avec d’autres agents (par exemple, Jansen & Wegener 2013 ; Brown 2018 ; Freeth 2024). Cette attention récente pour le rôle du traducteur (les translator studies) est liée à des questions plus larges d’ordre historique (Belle & Hosington 1998), sociologique (Freeth 2024), poétique (Hermans 1996, Munday 2012) et éthique (Venuti 1995, 2019). En effet, comme l’a déjà soutenu Hermans en 1996, la présence du traducteur dans un texte dépasse de loin la mention du « nom sur la page de titre » et devrait donc être étudiée dans un cadre plus large, en analysant, par exemple, les dynamiques de pouvoir entre le traducteur et d’autres agents, ou l’utilisation stratégique de supports spécifiques. À cet égard, il importe de considérer également l’impact considérable des évolutions technologiques. Bien que les avancées technologiques récentes offrent de nouvelles opportunités aux traducteurs pour accroitre leur visibilité (par exemple, via des sites web personnels, des vidéos promotionnelles, des témoignages en ligne – voir aussi Freeth 2024 ; Kotze 2024), l’évolution incessante des interactions entre technologie et traduction littéraire met également sous pression cette même visibilité des traducteurs.
Au cœur des recherches centrées sur le traducteur, plusieurs concepts, tels que l’agentivité, la visibilité et l’(auto)représentation paratextuelle, ont été développés et mis en pratique. Loin d’être l’expression d’une action individuelle, l’« agentivité » a récemment été définie comme « un concept relationnel émergeant d’un ordre social, politique ou culturel plus large » (Allen & Patel 2023 ; Brown 2018). Quant à l’« (in)visibilité », Lawrence Venuti a introduit ce concept de manière marquante dans son ouvrage fondateur The Translator’s Invisibility (1995 [2008], 2019). Au cours des dernières décennies, ses propositions ont suscité des réponses critiques. Dans un élan historisant, Coldiron (2012) a, par exemple, souligné que la visibilité et l’invisibilité sont des concepts fortement marqués par leur contexte (historique). Plus récemment, Freeth a lancé un appel à développer et diversifier davantage les notions d’invisibilité et de visibilité, sur les plans théorique et analytique (2024). En outre, plusieurs chercheurs (Belle & Hosington 2018 ; Batchelor 2018 ; Hersant 2018) ont exploré les auto/hétéroreprésentations paratextuelles des traducteurs, à la fois dans le livre (péritexte) et au-delà du livre (épitexte).
Pour ce colloque, nous invitons des contributions portant sur l’(in)visibilité et les auto/hétéroreprésentations des traducteurs dans les traductions, avec une attention particulière pour leurs paratextes. Afin de favoriser les échanges entre les différentes interventions, nous nous limiterons aux traductions depuis et vers le français, de la période moderne à nos jours. Cette approche nous permettra de revisiter certaines hypothèses de longue date concernant la valeur historiquement fluctuante/variable de la langue française dans les processus transculturels de visibilité et de construction d’autorité, tant en France que dans le monde francophone.
Nous acceptons des études de cas mettant en lumière des contextes historiques et culturels spécifiques, ainsi que des contributions théoriques et/ou méthodologiques. Les sujets possibles incluent, sans s’y limiter, les axes de recherche suivants :
1. Dynamiques relationnelles. Étant donné que tout processus de construction identitaire est intrinsèquement relationnel, l’analyse des stratégies d’autoreprésentation devrait toujours être envisagée dans un cadre plus large, tenant compte de l’impact d’autres agents impliqués. Existe-t-il des con/divergences structurelles entre l’autoreprésentation et l’hétéroreprésentation des traducteurs ? Comment celles-ci s’expliquent-elles ? Dans quelle mesure des arguments culturels, politiques et/ou linguistiques s’entrelacent-ils avec la rhétorique de représentation adoptée ? Comment les (auto)représentations péritextuelles (préfaces, postfaces, notes, etc.) et épitextuelles (sites web de traducteurs, performances, témoignages, interviews, etc.) s’articulent-elles ? Se renforcent-elles ou peuvent-elles également se contredire ? Etc.
2. Dynamiques conceptuelles. Comment affiner la distinction a priori binaire entre visibilité et invisibilité des traducteurs, par exemple en discernant des étapes multiples (diachroniques) ou des manifestations variées (synchroniques) de l’(in)visibilité ? Comment les traducteurs du passé et du présent adoptent-ils (ou se voient-ils attribuer) différents « rôles » et « identités » (traducteur, critique, lecteur, auteur, spécialiste, etc.) à travers lesquels ils deviennent plus ou moins visibles en tant que traducteurs ? Dans les études littéraires, des concepts tels que l’« ethos » (Amossy 1999) et la « posture » (Meizoz 2007) se sont déjà révélés particulièrement utiles. Dans quelle mesure ces concepts peuvent-ils être appliqués à l’étude de l’agentivité des traducteurs ? D’autres concepts sont-ils nécessaires pour analyser les (auto)représentations des traducteurs ? Etc.
3. Dynamiques multimodales et multimediales. Les recherches sur les (auto)représentations des traducteurs se sont traditionnellement limitées au niveau textuel. Cependant, d’autres éléments multimodaux ne doivent pas être négligés. Par exemple, quel serait l’apport des modes visuels et tactiles : illustrations, mise en page des pages de titre, polices, type de papier, etc. ? Dans ce contexte, il convient également de considérer les évolutions technologiques et les transformations matérielles des (para)textes (typographie, format, reliure…), qui ont radicalement diversifié l’apparence des (para)textes littéraires contemporains.
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Le colloque aura lieu à l’Université de Gand (jour 1) et à l’Université de Louvain (jour 2). La veille du colloque, un événement destiné aux jeunes chercheuses et chercheurs (Early Career Researcher, ECR) sera organisé à l’Université de Gand, en présence des deux conférenciers principaux. Les contributions seront en anglais et/ou en français.
Nous invitons les contributrices et contributeurs à soumettre un résumé (en français ou en anglais) de 300 mots à francis.mus@ugent.be et beatrijs.vanacker@kuleuven.be. Veuillez inclure votre nom, votre affiliation, votre adresse e-mail et une courte biographie de maximum 100 mots avant le 31 mai 2025. Des frais d’inscription modestes seront demandés aux intervenants.
Ce colloque est organisé par l’Université de Gand (TRACE-CLIV), par la KU Leuven (section de littérature française) et par l’Université de Liège (CIRTI). Plus concrètement, il s’inscrit dans le cadre du projet de la KU Leuven « Found in Translation. Translators and the Construction of Literary Authority in the 18th-Century Low Countries » et du projet de l’Université de Gand « The discrete translator. Strategies of paratextual self-representation in literary French/Dutch translations ».
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Comité organisateur :
Francis Mus (Ghent University), Beatrijs Vanacker (KU Leuven), France Schils (Ghent University) Maud Gonne (Liège Université), Céline Letawe (Liège Université)
Comité scientifique :
Bram Lambrecht (Ghent University), Brecht de Groote (Ghent University), Kris Peeters (University of Antwerp), Sarah Neelsen (Université Sorbonne Nouvelle), Kathryn Batchelor (University College London), Amélie Jacques (KU Leuven), Lieke van Deinsen (KU Leuven)
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Call for Papers
Putting Translators on the Map
Literary (Self-)Representation in Translations from and into French
Historical and Contemporary Strategies
International conference
Ghent & Leuven – November 4-5, 2025
Keynote speakers
Marie-Alice Belle (Université de Montréal)
Patrick Hersant (Univeristé Paris 8)
This event is organized by the research groups French literature (Leuven), TRACE-CLIV (Ghent) and CIRTI (Liège).
In recent years, a multitude of initiatives to increase translator recognition have been launched across Europe. Examples include the online campaign #noemdevertaler in the Dutch-speaking region; Raus aus der Unsichtbarkeit! in Germany; and the Translators on the cover report (EU Work Plan for Culture 2019-2022). These calls to action stem from tangible commitments within the literary field itself and are rarely framed within the context of literary or translation scholarship. This is despite the increasing prominence of the translator’s agency in recent research, both as an individual (e.g. Kaindl et al 2021; Bergantino 2023) and in relation to other agents (e.g. Jansen & Wegener 2013; Brown 2018; Freeth 2024). The increasing focus on translator studies is invariably linked to broader historical (Belle & Hosington 1998), sociological (Freeth 2024), poetical (Hermans 1996, Munday 2012) and ethical (Venuti 1995, 2019) questions. Indeed, as Hermans already argued in 1996, the translator’s presence in a text extends far beyond the “names on the title page” and should thus be studied within a wider framework, analyzing, for instance, the power dynamics between the translator and other agents, or the strategic use of specific media. In this regard, one must also consider the considerable impact of technological developments. While these advances offer new opportunities for translators to gain visibility (e.g., via personal websites, promotional videos, online testimonials – see also Freeth 2024; Kotze 2024), the evolving interplay between technology and literary translation also brings pressure to bear on the visibility of translators.
Central to this research focus on the translator, several concepts, such as agency, visibility, and paratextual (self-)representation have been developed and operationalized. Rather than being the expression of individual action, “agency” has more recently been defined as “a relational concept emerging from the wider social, political, or cultural order” (Allen & Patel 2023; Brown 2018). As for “(in)visibility”, Lawrence Venuti notably introduced the concept in his seminal work on the Translator’s Invisibility (1995 [2008], 2019). Over the past decades, there have been critical responses to his propositions. From a historical perspective, Coldiron (2012) has, for instance, pointed out that visibility and invisibility are (historical) context-dependent concepts. More recently, Freeth has pointed at the “urgent need for further development and diversification of invisibility and its corollary visibility both as theoretical terms and operationalizable analytical tools” (2024). Also, several researchers (Belle & Hosington 2018; Batchelor 2018; Hersant 2018) have explored the paratextual auto/hetero-representations of translators, both within (peritext) and beyond the book (epitext).
For this conference, we invite contributions dealing with (in)visibility and auto/hetero-representations of translators in translations and their paratexts. To foster exchanges between the individual presentations, we will focus particularly on translations from and into French, from the early modern period to the present day. Through this approach, we aim to revisit some longstanding assumptions regarding the shifting value of French language in transcultural processes of visibility and authority construction, both in France and in the francophone world.
We welcome case studies highlighting specific historical and cultural contexts as well as theoretical and/or methodological contributions. Possible topics cover, but are not limited to, the following research axes:
1. Relational dynamics. Given that every process of identity construction is inherently relational, the analysis of strategies of self-representation should always be studied within a broader framework, considering the impact of other agents involved. Are there structural similarities and/or differences between the auto-representation and the hetero-representation of translators? How can these be explained? To what extent are cultural, political and/or linguistic arguments interwoven with their rhetoric of self-representation? How do peritextual (e.g. forewords, afterwords, notes, etc.) and epitextual (self-) representations (e.g. translator websites, performances, testimonies, interviews, etc.) relate? Do they reinforce or can they also contradict each other? Etc.
2. Conceptual dynamics. How can the binary distinction between visible and invisible be refined, for instance by discerning multiple stages (diachronically) or manifestations (synchronically) of (in)visibility? How do translators through history adopt (or are they attributed) different ‘roles’ and ‘identities’ (translator, critic, reader, author, specialist, etc.), through which they become more or less visible as translators? Are other concepts needed to analyse the (self-)representations of translators? Within literary studies, concepts as “ethos” (Amossy 1999) and “posture” (Meizoz 2007) have already proven to be particularly useful. To what extent can these concepts be applied to the study of translator’s agency? Which other concepts are appropriate? Etc.
3. Multimodal and multimedial dynamics. Research on translator’s (self-)representations has traditionally been confined to written language. However, other multimodal elements should not be overlooked. For instance, what is the role of visual and tactile modes: illustrations, lay-out of title pages, fonts, type of paper, etc.? In this context, one should also consider the technological developments and the material transformations of (para)texts (print type and format, binding…), which have radically diversified the look of contemporary literary (para)texts. Etc.
The conference will be organized at Ghent University (day 1) and Leuven University (day 2). Prior to the conference (on the 3rd of November), there will be an Early Career Researcher (ECR) event organized at Ghent University with both confirmed keynote speakers. Conference languages are English and French.
We invite contributors to submit an abstract of 300 words (in French or in English) to both francis.mus@ugent.be and beatrijs.vanacker@kuleuven.be. Please include your name, affiliation, e-mail address, and a short bio of no more than 100 words by the 31st of May 2025. There will be a modest registration fee for presenters.
This conference is organized by the universities of Ghent (research group TRACE-CLIV), Leuven (research group French literature) and Liège (research group CIRTI), and is part of the KU Leuven project “Found in Translation. Translators and the Construction of Literary Authority in the 18th-Century Low Countries” and the Ghent University project “The discrete translator. Strategies of paratextual self-representation in literary French/Dutch translations”.
Organizing Committee: Francis Mus (Ghent University), Beatrijs Vanacker (KU Leuven), France Schils (Ghent University), Maud Gonne (Liège Université), Céline Letawe (Liège Université)
Scientific Committee: Bram Lambrecht (Ghent University), Brecht de Groote (Ghent University), Kris Peeters (University of Antwerp), Sarah Neelsen (Université Sorbonne Nouvelle), Kathryn Batchelor (University College London), Merel Waeyaert (KU Leuven), Lieke van Deinsen (KU Leuven)