
Colloque International
Signes et traces dans l'œuvre littéraire
Appel à communications
Association Européenne François Mauriac en collaboration avec Accademia Lucchese di Scienze, Lettere e Arti
5-6 septembre 2025 - Accademia Lucchese di Scienze, Lettere e Arti, Lucca, Italie
L’objet du colloque porte sur les catégories signes et traces dans l’œuvre littéraire. Signes naturels, linguistiques, traces biographiques et intertextuelles, relevé de stigmates historiques imprègnent le texte sous forme d’images poétiques et de références historiques. Complémentaires ou opposés, ils éclairent le parcours complexe de l'écrivain, du déchiffrement des signes naturels au souhait tardif de « ne pas laisser de traces », de la collecte de traces au tracé de l’écriture (et à son effacement) dans des textes lus comme des palimpsestes d’écrits antérieurs. Le rôle des signes et des traces dans les relations entre écriture et réalité exogène est examiné en croisant processus d’écriture et de réception des textes, celle-ci orientant à son tour les tracés littéraires ultérieurs. Le traitement des signes et traces est à la fois un acte de déchiffrement et l’esquisse d’un nouveau balisage poétique du langage et du réel. Cette approche éclaire le rapport problématique de l’ecrivain au réel, à la tradition lyrique et à l’histoire de son temps en situant l’œuvre litteraire au confluent de problématiques romantiques et de la situation historique.
Le rôle de traces dans le texte est d'établir le lien entre le visible et l’invisible, entre ce qui fut, ce qui est, ce qui peut être, ce qui pourrait être. La trace est hors du temps, libérée de lui, elle se situe entre le mot, le son, la couleur, le silence. Parfois on la respire : un effluve, un arôme, un fumet ; parfois elle est un air ancien qui hante une ruine de pierre, parfois une simple empreinte sur une écorce, un coquillage, une roche, un vieux papier jauni… On pourrait dire tant d’autres choses encore, mais nous laisserons l’essentiel à Shelomo Selinger, dans Nuit et Lumière :
« Je fais Trace. Trace de mon passage dans un lieu, un espace, dont je ne souhaite à personne de le vivre à jamais. Trace du malheur qu’a connu le peuple juif, le peuple élu dont on se disait dans les camps que Dieu devrait songer à en élire un autre. Ȇtre artiste a donné un sens à ma vie. Si je sculpte ou dessine ce n’est pas seulement pour me soulager de mon histoire, ce n’est pas seulement pour témoigner de ce que l’inimaginable a eu lieu — d’ombre et de lumière — c’est aussi pour en rendre compte dans le Temps ».
La trace évoque à la fois la présence et le manque : nécessairement partielle, «métonymique», en quelque sorte, elle peut faire revivre certains éléments, certaines personnes, tout en «creusant» le manque.
La trace renvoie toujours à autre chose : dans une dimension qu’on pourrait qualifier d'horizontale, une trace chasse l’autre, produisant un incessant mouvement de quête. Dans ce cas, la trace peut ouvrir sur l’avenir : alors, c’est un mouvement volontaire, optimiste, créateur : l’explorateur ouvre la route. Il «trace» son chemin sur une surface parfois vierge, il cherche des signes et laisse ses traces comme autant de victoires pour ceux qui lui succéderont.
Ainsi, la trace et les signes peuvent se révéler prophétiques, « appeler » des éléments non encore advenus.
Mais la trace réfère bien sûr aussi au passé. C’est le cas dans l’œuvre de Patrick Modiano, dans certains romans policiers, dans À la Recherche du temps perdu de Marcel Proust.
Dans certains cas également, la trace apparaît comme une blessure, un traumatisme causé par des chocs qui affectent la psyché : pour effacer cette trace, il faut donc entreprendre un processus de guérison.
Axes thématiques :
Les signes et les traces dans l’oeuvre autobiographique
Le rôle des traces dans le roman urbain et celui de voyage
Les signes et les traces dans le témoignages et le roman historique
Les traces et les signes - activateur de la mémoire et de la guérison psychique ou, au contraire, - accélérateurs de la trauma et des maladies mentales.
L'intertextualité et l'interpénétration culturelles des traces et des signes dans la littérature, les beaux arts, la musique, l'architecture, etc
Bibliographie :
Essais autobiographiques
Anne Dauphine-Julliand : Deux petits pas dans le sable mouillé, Paris, J’ai lu, 2013
Emmanuel Faber, Ouvrir une voie, Paris, Paulsen éditions, 2022
Fictions
Jeanne Benameur La Patience des Traces, Arles, Actes Sud, 2022
Christian Bobin, Pierre, Paris, Gallimard, Folio, 2021
Tous les romans de Patrick Modiano
Marcel Proust, À la Recherche du temps perdu
Philosophie
Paul Ricœur, La Mémoire, l’Histoire, l’oubli, Paris, Seuil, 2000
Timothy Secret, Anne Wilhelmi, Sur la nation de « trace » chez Derrida, Les Temps modernes, 2012/5 (n° 671), p. 64 à 82
Toute l’œuvre de Jacques Derrida
Art
Pierre Soulages, Outrenoir, entretiens avec Laurence Jaunin, Lausanne, éditions La Bibliothèque des arts, 2012
Shelomo Selinger (avec Laurence Nobécourt), Nuit et lumière, Paris, Albin Michel, 2021
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Les propositions, seront à envoyer accompagnées d’un bref CV pour le mardi 20 mai 2025, conjointement à :
Nina Nazarova - nnazarova276@gmail.com
Helga Zsak - helga9@gmail.com
Claude Hecham - claudehecham@hotmail.com
Les communications seront d’une durée maximale de 20 minutes. Les propositions de communication, d’une longueur d’environ 700 signes.
Calendrier
- 20 mai 2025 : date butoir pour soumettre des propositions de communication
- 20 juin 2025 : date limite pour la réponse du comité d’organisation.
- 1 juillet : envoi du programme aux participants
- 5 juillet : envoi du bulletin d'inscription avec les frais d’inscription
- 5 - 6 septembre 2025: Colloque a Lucca:, programme culturel - le 7 septembre.
- 2026: Publication des actes du colloque