
Date : 2-3 juillet 2026
Lieu : Maison de l’université, salle de conférences, université de Rouen Normandie (Place Emile Blondel, 76 130 Mont-Saint-Aignan)
Organisateurs : Floriane Daguisé, Yohann Deguin, Nicolas Fréry, Tony Gheeraert, Laurence Macé.
Instances organisatrices et partenaires (à ce jour) : CEREdI / LISAA
Comité scientifique : Béatrice Guion (Université de Strasbourg), Antony McKenna (IHRIM), Claudine Poulouin (Université de Rouen Normandie), Gabrielle Radica (Université de Lille), Laurent Susini (Sorbonne Université), Laurent Thirouin (Université Lumière Lyon-II)
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« Chaque siècle a eu son Pascal » écrivait Carlo Ossola à l’occasion du quatrième centenaire de l’écrivain[1]. Au premier abord, le xviiie siècle n’est pas nécessairement le plus séduisant pour l’amateur des Pensées. « Le rationalisme des Lumières est [...] caractérisé comme anti-pascalien [...] ; tous les grands philosophes du dix-huitième siècle concevront leur anti-Pascal », écrit Antony McKenna[2]. Mais d’une certaine façon, n’est-il pas vrai aussi que les Philosophes eurent besoin de Pascal ? À la fois pour le combattre et pour l’exploiter, sinon le prolonger. Ne leur fallait-il pas construire leur Pascal, comme seul adversaire à leur mesure, et dont, pour certains, la défaite était indispensable à l’avancement de leur agenda ? Les Provinciales et surtout les Pensées cristallisèrent rapidement la méfiance des promoteurs de la raison et de la perfectibilité : Pascal mettrait en péril l’esprit dit des Lumières en réfutant, au nom de la raison même, les arguments des sceptiques et des rationalistes.
Pour esquiver la puissance destructrice de l’écrivain de Port-Royal, le xviiie siècle put le transformer en Janus bifrons : le scientifique d’un côté, universellement respecté, excepté les réticences de rares jésuites ; et l’auteur chrétien de l’autre, superstitieux, anti-humaniste, anéanti par les préjugés. Il fallait à Voltaire créer ce « misanthrope sublime », contre lequel prendre « le parti de l’humanité » (comme il faudra plus tard à Chateaubriand un « effrayant génie »). La xxve Lettre philosophique constitua de ce point de vue une étape essentielle dans la construction d’un « anti-Pascal », dont il convenait d’anéantir les thèses au profit d’un système hérité de Locke[3]. Dans ses propres Pensées philosophiques, Diderot admettait la sincérité de Pascal et reconnaissait son génie d’écrivain, mais regrettait qu’il se fût laissé inféoder à des directeurs sectaires qui contrôlaient son jugement : « Pascal avait de la droiture ; mais il était peureux et crédule. Élégant écrivain et raisonneur profond, il eût sans doute éclairé l’univers, si la Providence ne l’eût abandonné à des gens qui sacrifièrent ses talents à leurs haines. [...] Il fut assez bête pour croire qu’Arnaud, de Sacy et Nicole valaient mieux que lui[4] ». L’Encyclopédie manifeste de manière moins tranchée cette dichotomie, lui préférant une image plus marquetée, non sans tensions ironiques. Si les articles consacrés à l’arithmétique louent le géomètre, d’autres reconnaissent la puissance philosophique du moraliste chrétien (« En un mot, les grands philosophes peuvent être très-bons catholiques. Descartes, Gassendi, Varignon, Malebranche, Arnaud, & le célèbre Pascal, prouvent cette vérité mieux que toutes nos raisons[5]. »), lequel incarne néanmoins une « sévérité […] extrême, & parfois ridicule[6] » dans son refus d’exprimer sa subjectivité.
Le xviiie siècle fut ainsi cause d’une fragmentation durable de l’œuvre pascalienne. Pour mieux conserver le scientifique et condamner le dévot, les Philosophes favorisèrent l’éclosion de multiples anecdotes destinées à accréditer la thèse d’un basculement de Pascal dans la folie : il devenait alors possible de vénérer le savant mort jeune, sans conserver d’égards pour le théologien suspect qui lui avait survécu. C’est à cette époque et à cette fin que furent imaginées la légende du gouffre, ou encore celle de la chute depuis le pont de Neuilly, destinées à poser, non sans artifice, la séparation entre un Pascal fréquentable par les esprits éclairés, et un écrivain spirituel représentant l’état de l’âme ployant sous le joug d’une Église autoritaire[7].
Mais cette opposition entre un savant admiré et un dévot vilipendé ne saurait épuiser la richesse de la réception de Pascal au xviiie siècle. Bien des affinités entre l’écrivain de Port-Royal et les écrivains des Lumières existent. La critique de l’autorité, l’hostilité aux jésuites et l’humour corrosif de Voltaire puisent largement leur origine chez l’auteur des Petites Lettres. Après l’optimisme qui caractérisait Le Mondain, l’ermite de Ferney adopta une anthropologie plus désabusée, et les jansénistes persécutés eurent même sa sympathie à l’époque du Traité sur la Tolérance[8]. L’Ingénu met en scène un « janséniste » qui, comme Pascal, a « connu Arnauld et Nicole », et comme lui est à la fois théologien et géomètre. Plus généralement, la pensée augustinienne a entretenu avec l’esprit des Lumières des relations complexes qui ne sauraient se résumer à de purs liens d’opposition, comme l’a bien montré Monique Cottret : la façon dont « jansénismes » et « Lumières » s’ordonnent réciproquement nous invite à envisager un « autre xviiie siècle ». Diderot, ainsi, eut à dialoguer avec Pascal pour « concevoir un système [matérialiste] qui se place au-dessus du monde naturel[9] ». Rousseau fut plus intimement marqué encore par les « contrariétés » pascaliennes, « farouchement rationaliste d’une part [...] et [d’autre part] passionnément illuminé (il rêvera d’une religion du cœur) »[10] ; on sait que Jean-Jacques passa par Turin, cité influencée par le jansénisme et, de retour chez Madame de Warens, il « dévorait » les livres « de l’Oratoire et de Port-Royal »[11], sans manquer d’être marqué par Pascal[12] ; de façon plus générale « l’extraordinaire succès [des Pensées] a répandu chez tous les moralistes français du xviie et du xviiie siècle les thèmes de la grandeur et de la misère de l’homme, de sa vanité et de son néant »[13], ainsi chez Vauvenargues[14] ou l’abbé de Saint-Pierre[15], tandis que la question reste plus ouverte pour Chamfort.
Il est par ailleurs frappant que les Pensées de Pascal, où abondent les embryons de narration, les scènes dialoguées et les dispositifs expérimentaux, aient pu innerver la fiction des Lumières. Dans La Jeunesse du Commandeur de Prévost, les décevantes retrouvailles du narrateur avec Helena défigurée par la petite vérole mettent subtilement à l’épreuve la dialectique pascalienne du moi et des qualités[16]. Ce même fragment « Qu’est-ce que le moi ? » (amputé de son titre dans l’édition de Port-Royal) a connu des prolongements fictionnels dans La Vie de Marianne, dans un conte moral de Marmontel (Alcibiade ou le moi) ou à la fin du siècle dans une lettre de L’émigré de Sénac de Meilhan[17]. Au-delà de la fiction romanesque, la fiction dramatique est occasionnellement susceptible de recueillir l’héritage d’un auteur qui, malgré la défiance augustinienne pour le théâtre, ne répugne pas à la théâtralisation. Ainsi, si Marivaux réaménage – à la suite de ses amis Fontenelle et Anne-Thérèse de Lambert – les analyses des Discours sur la condition des Grands, c’est notamment en imaginant dans L’Île des Esclaves une expérience insulaire qui met au jour de façon éminemment pascalienne la contingence des prérogatives nobiliaires[18]. Le cas de Marivaux montre combien au xviiie siècle l’inspiration pascalienne peut être plurielle (pensée du style[19], ruses de l’amour-propre, connaissance par le cœur) et se manifester dans des genres variés : roman, théâtre et bien sûr journaux, Le Cabinet du Philosophe (1734) rendant hommage aux Pensées au moment même où Voltaire en entreprend la réfutation[20]. Cette postérité fictionnelle témoigne de la richesse des prolongements auxquels l’œuvre de Pascal se prête, la réflexion morale s’étendant au champ social et politique.
Pascal est donc loin d’être seulement traité avec défiance au Siècle des Lumières. Les adversaires des Philosophes, sans surprise, le révérèrent comme un maître : ainsi Louis Racine inscrivit-il son grand poème apologétique intitulé La Religion sous l’égide de Pascal, qu’il citait dans sa préface, et qu’il prenait pour guide dans une entreprise visant à rendre compatibles croyance religieuse et rationalité (« La raison dans mes vers conduit l’homme à la foi »[21]). Voltaire reprochera au fils du dramaturge de « toujours mettre en vers Pascal, saint Augustin, Arnauld[22] ».
Dans ce contexte fortement polémique, jeter un regard serein sur l’auteur des Provinciales et des Pensées était une tâche ardue, d’autant plus délicate qu’il n’existait pas d’édition scientifique de ses ouvrages et que les lecteurs, jusqu’à Condorcet (1776) et Bossut (1779), restaient tributaires de l’édition de Port-Royal des Pensées, c’est-à-dire d’un texte extrêmement remanié. Il arrive ainsi que Voltaire raille des formulations dont il ignore qu’elles ont été introduites par le comité de Port-Royal[23]. Inversement, certaines des pensées qui aujourd’hui se font le plus citer (« le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie » ; « que le cœur de l’homme est creux et plein d’ordure », « Justice, force », etc.) ne pouvaient être connues des lecteurs du xviiie siècle. Le Pascal avec lequel débattent les Lumières est un Pascal tronqué, dont on découvre néanmoins au fil du siècle des textes majeurs : De l’esprit géométrique, l’Entretien avec M. de Sacy et des fragments inédits des Pensées (tous parus en 1728 dans les Mémoires d’histoire et de littérature du père Desmolets), ou encore la Lettre à Christine de Suède, publiée en 1738 dans un Recueil de pièces d’histoire et de littérature. Il y aurait sur ce point encore à considérer un Pascal pluriel, peut-être moins morcelé ou écartelé que feuilleté, tant son approche semble être tributaire des effets éditoriaux entourant la postérité de son œuvre.
« Les hommes des Lumières furent embarrassés par Pascal », écrivait Antoine Compagnon[24]. Pour tout un siècle, de Bayle à Condorcet en passant par Voltaire, Pascal fut l’incarnation d’une énigme intellectuelle et spirituelle, un objet de fascination et d’inspiration autant que de répulsion. Il fut, au temps des Lumières, impossible de le considérer avec sérénité ou simplicité, tant son œuvre et sa pensée se tenaient à la croisée des chemins de la foi et de la raison, de la science et de la spiritualité. Envisager le Pascal du xviiie siècle, c’est considérer le miroir que tendait l’écrivain de Port-Royal aux lecteurs du prétendu « siècle de la raison », miroir dans lequel se reflétèrent en réalité les tensions de l’âge des Lumières et les questions laissées irrésolues concernant la société, la religion ou la politique.
Comment cette autorité, source et repoussoir, ou modèle et – ou donc – épouvantail, très éloignée de l’image que nous avons aujourd’hui de l’auteur des Provinciales et des Pensées, a-t-elle été forgée ? Comment Pascal a-t-il été compris ou récupéré ? Quels autres visages moins connus offre le Pascal des Lumières et des anti-Lumières ? Quels furent les usages de Pascal au xviiie siècle ? Telles sont quelques-unes des questions qui pourront être abordées lors du colloque. La place de Pascal dans l’apologétique chrétienne, sa folie présumée, la figure du scientifique, ou encore les efforts pour revendiquer son héritage et le faire perdurer, pourront aussi susciter des interrogations fructueuses, propres à nous faire mieux comprendre la nature et les enjeux du christianisme des Lumières.
Le colloque « Le Pascal des Lumières » s’inscrit dans un cycle de manifestations internationales organisées régulièrement par le CEREdI et consacrées à la réception d’auteurs ou d’événements du XVIIe siècle par les périodes ultérieures : « Le Pascal des Romantiques », « Le Corneille des Romantiques », « La Guerre civile anglaise des Romantiques », et en lien aussi avec le cycle des « Anniversaires raciniens ».
Les propositions de communication (environ 300 mots) devront parvenir, accompagnées d’un bref CV, à l’adresse : pascal.des.lumieres@listes.univ-rouen.fr avant le 15/12/2025.
Bibliographie indicative
Flora Champy, « Vérité du sens et liberté de la figure. Voltaire écrivain lecteur de Pascal », Courrier Blaise Pascal, n°46, 2024, p. 451-464.
Bernard Cottret, Le Christ des Lumières. Jésus de Newton à Voltaire, Paris, CNRS Éditions, 2011.
Monique Cottret, Jansénismes et Lumières. Pour un autre xviiie siècle, Paris, Albin Michel, 1998.
Jean Ehrard, « Pascal au siècle des Lumières », Pascal présent, 1662-1962, Clermont-Ferrand, G. de Bussac, 1962, p. 231-255.
Marc Escola, « ‘‘Une singularité d’esprit et conséquemment de style’’ : de Montaigne à La Bruyère et de Pascal à Marivaux », Littérature, vol. 137, n°1, 2005, p. 93-107.
Nicolas Fréry, « ‘‘Des titres que le hasard leur avait donnés ici-bas’’. Marivaux et les Discours sur la condition des Grands », Courrier Blaise Pascal, n°43, 2021, p. 44-67.
Béatrice Guion, « “Je ne vois qu’infini” : Baudelaire lecteur de Pascal », in Baudelaire et ses autres, textes réunis par Patrick Labarthe, Genève, Droz, 2023, p. 125-168.
Antony McKenna, De Pascal à Voltaire. Le rôle des « Pensées » de Pascal dans l’histoire des idées entre 1670 et 1734, Oxford, The Voltaire Foundation, 1990, deux volumes.
Jean Mesnard, « Voltaire et Pascal », La Culture du XVIIe siècle. Enquêtes et synthèses, Paris, PUF, 1992, p. 589-599.
Hélène Michon, « Voltaire, lecteur de Pascal, ou la question du langage équivoque », SVEC, n°10, 2006, p. 349-359.
Hisayasu Nakagawa, « Trois Pascal dans la pensée de Diderot », Des lumières et du comparatisme : un regard japonais sur le XVIIIe siècle, Paris, PUF, 1992, p. 35-64.
Isabelle Olivo-Poindron, « Du moi humain au moi commun : Rousseau lecteur de Pascal », Les Études philosophiques, vol. 95, no. 4, 2010, pp. 557-595.
Martine Pécharman, « L’anti-Pascal en filigrane de Voltaire », Historia Philosophica. An International Journal, vol. 5, 2007, p. 37-53.
Dinah Ribard, Raconter, vivre, penser. Histoires de philosophes 1650-1766, Vrin-EHESS, 2003.
Arnoux Straudo, La Fortune de Pascal en France au xviiie siècle, Oxford, Voltaire Foundation, Studies on Voltaire, vol. 351, 1997.
[1] Carlo Ossola, « Blaise Pascal, des ‘Pensées’ pour tous les siècles », in La Croix, 19 juin 2023.
[2]Antony McKenna, De Pascal à Voltaire. 1670-1734, Oxford, The Voltaire Foundation, 1990, t. 2, p. 913.
[3] Voir Martine Pécharman, « L’anti-Pascal en filigrane de Voltaire », Historia Philosophica. An International Journal, Vol. 5, 2007, p. 37-53.
[4] Denis Diderot, Pensées philosophiques, in Œuvres complètes, éd. J. Assézat, Paris, Garnier frères, 1875, tome premier, pensée XIV, p. 131.
[5] Encyclopédie, article « Aristotélisme ».
[6] Ibid., article « Égoïsme ».
[7] Sur les anecdotes forgées par les biographes des philosophes, voir Dinah Ribard, Raconter, vivre, penser. Histoires de philosophes 1650-1766, Vrin-EHESS, 2003. Sur la genèse et les conséquences des anecdotes pascaliennes, voir aussi Tony Gheeraert, « ‘Les accidents de la vie’. Maladie, traumatisme et création chez Blaise Pascal », Dix-septième siècle, 2012/2, n° 255, p. 285 à 308.
[8] Monique Cottret, Jansénismes et Lumières, Paris, Albin Michel, 1998, p. 37.
[9]Hisayasu Nakagawa, « Trois Pascal dans la pensée de Diderot », in Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, 7, 1989, p. 23-41.
[10] Jean Krynen, « L’idéologie des Lumières : religion et irréligion en France », La Mystique déracinée. Drame (moderne) de la théologie et de la théologie et de la philosophie chrétiennes (XIIIe-XXe siècles). Études d’histoire du droit et des idées politiques, Presses de l’Université Toulouse Capitole, 2016, p. 315-329.
[11] Monique Cottret, op. cit., p. 89.
[12] Voir Isabelle Olivo-Poindron, « Du moi humain au moi commun : Rousseau lecteur de Pascal », Les Études philosophiques, vol. 4, n° 95, 2010, p. 557 à 595.
[13]Ibid.
[14]Voir Laurent Bove, Vauvenargues ou le séditieux. Entre Pascal et Spinoza: une philosophie pour la seconde nature, Paris, Honoré Champion, Libre pensée et littérature clandestine, 44, 2010.
[15] Antony McKenna, « ‘Pascal Écrivain des plus eloquans’ un manuscrit inédit de l’Abbé de Saint-Pierre », Courrier du Centre international Blaise Pascal, 13, 1991, https://journals.openedition.org/ccibp/624.
[16] Voir Nicolas Fréry, « Ses yeux se détournèrent. L’expérience du désamour dans La Jeunesse du Commandeur de Prévost », Revue d’Histoire littéraire de la France, 2023, 123e année, n°1, « Varia », p. 25-37.
[17] Marivaux, La Vie de Marianne, éd. F. Deloffre, Paris, Classiques Garnier, 1982, p. 87 ; Marmontel, Alcibiade ou le moi. Les quatre flacons et autres contes, éd. P. Gallo, Paris, L’Harmattan, 2019 ; Sénac de Meilhan, L’émigré, éd. M. Delon, Paris, Gallimard, « Folio classique », 2004, lettre 94, p. 294.
[18] Nicolas Fréry, « ‘‘Des titres que le hasard leur avait donnés ici-bas’’. Marivaux et les Discours sur la condition des Grands », Courrier Blaise Pascal, n°43, 2021, p. 44-67.
[19] Voir Marc Escola, « ‘‘Une singularité d’esprit et conséquemment de style’’ : de Montaigne à La Bruyère et de Pascal à Marivaux », Littérature, vol. 137, n°1, 2005, p. 93-107.
[20] Voir Jean Sgard, « Trois philosophes de 1734, Marivaux, Prévost, Voltaire », Vingt études sur Prévost d’Exiles, Grenoble, Ellug, 1995, p. 31-38.
[21] Louis Racine, La Religion, Paris, Jean-Baptiste Coignard et Jean Desaint, 1742, chant I, v. 1.
[22] Voltaire, Conseils à M. Louis Racine sur son poème La Religion, dans Œuvres Complètes de Voltaire, t. 20, p. 416.
[23] Il peut s’agir d’interpolations (« nous ne voyons que nous », formule qui selon la remarque XXIII de Voltaire « ne forme aucun sens ») ou d’erreurs de lecture, comme la confusion entre deux mots (« le peuple a les opinions très saines, par exemple d’avoir choisi le divertissement et la chasse plutôt que la poésie » au lieu de « plutôt que la prise ») qui conduit Voltaire à écrire : « il semble que l’on ait proposé au peuple de jouer à la boule ou de faire des vers » (« Ajout à la lettre 25 », dans Lettres Philosophiques, Œuvres Complètes de Voltaire, t. 6B, éd. N. Cronk et N. Fréry, Oxford, Voltaire Foundation, 2000, p. 548).
[24] « D’une part, ils s’inclinaient devant le génie scientifique qui avait prouvé l’existence du vide et inventé le calcul des probabilités. D’autre part, ils condamnaient le dévot rétrograde qui avait cru aux miracles, théorisé la nécessité de la grâce efficace et défendu la morale rigoriste de Port-Royal. Ils s’en sortaient en faisant l’hypothèse qu’il était devenu fou. » (Antoine Compagnon, Un été avec Pascal, Equateurs, 2020, chap. 22).