Archives : Éditos accueil

Nouvelles

De Robinson à Vendredi

Edito Accueil - Publié le 14 Janvier 2024 par Marc Escola

Grand classique de la littérature publié en 1719, Robinson Crusoé est l'un des premiers romans d’aventures, dont la postérité littéraire est si riche qu'il est devenu un mythe. Dans De Robinson à Vendredi (Les Belles Lettres), Alain Vergnioux s'attache à cette longue histoire, et montre ce qu'ont fait du et au roman de Daniel Defoe : Jean-Jacques Rousseau dans l’Émile (1762), J.H. Campe dans Le Nouveau Robinson, J.D. Wyss dans Le Robinson suisse mais encore Jules Verne, quand ils assument la transformation du mythe dans la modernité scientifique et technique. Que déconstruisent, au XXe siècle, en en subvertissant les valeurs initiales, Jean Giraudoux (Suzanne et le Pacifique), Michel Tournier (Vendredi ou les limbes du Pacifique), J.M. C...

Échouer mieux

Edito Accueil - Publié le 14 Janvier 2024 par Marc Escola

On n'y pense pas assez au moment de présenter ses vœux : la réussite n'est pas la mesure de l'existence. Seul l’exercice de l’échec permet d’élargir le champ des possibles. Claro en offre une démonstration quant à elle aboutie dans un essai intitulé L'échec. Comment échouer mieux (Autrement) : "si, comme le disait Beckett, il importe d’échouer mieux (fail better), c’est sans doute parce que créer ne veut pas dire réussir, mais plutôt soutirer à l’obscurité un aveu de lumière. Au risque, consenti, d’aboutir à une impasse – c’est là non une malédiction, mais une chance". En convoquant notamment Kafka, Pessoa, Cocteau et Hitchcock, Claro nous plonge dans les failles ouvertes par l’échec. Non sans humour et avec une grande sensibilité, allan...

Ivre de poésie et de liberté

Edito Accueil - Publié le 13 Janvier 2024 par Marc Escola

Le 21 février 2024, Missak et Mélinée Manouchian entreront au Panthéon, pour honorer la mémoire des vingt-trois résistants arméniens morts pour la France en février 1944 et dont les visages sont à jamais attachés à l'ignomieuse "affiche rouge", qui inspira à Aragon l'un de ses poèmes les plus bouleversants et à Léo Ferré l'une de ses plus poignantes interprétations. On ne savait pas que bien avant de prendre les armes pour défendre la liberté, Missak Manouchian (1906-1944) s’est armé de mots. Sa poésie dit la nostalgie de son pays meurtri, sa souffrance d’étranger apatride, son aspiration à un amour fraternel entre les hommes et sa colère contre les injustices. Préambule inédit à son engagement dans la Résistance, son œuvre poétique est ...

Littérature et révolution

Edito Accueil - Publié le 12 Janvier 2024 par Marc Escola

Tous les écrivains s’engagent. Certains s’engagent en faveur du monde tel qu’il est fait. D’autres s’engagent à le défaire – avec plus ou moins de résultats. Mais si l'on fait valoir que le tirage national moyen d’un livre est de 5 000 exemplaires, comment combattre en faveur d’un tout autre ordre social sans se raconter d’histoires  ? Telle est la question que se posent à haute voix Joseph Andras, écrivain, et Kaoutar Harchi, écrivaine et sociologue, dans Littérature et révolution (Divergences). La discussion, à la fois analytique et personnelle, s’ancre dans l’histoire de la littérature et des luttes. Aux côtés du lecteur, elle ébauche la possibilité d’une écriture attachée à la construction d’une société d'égales et d'égaux – une soci...

La passion de l'exactitude

Edito Accueil - Publié le 11 Janvier 2024 par Marc Escola

"Musil dit de la littérature qu'elle utilise des connaissances, mais n'en produit pas de spécifiques. Il admet en revanche que certaines philosophies réussissent à nous procurer une connaissance ; d'autres agissent sur l'esprit d'une façon qui ressemble davantage à celle de certaines œuvres littéraires." Pourquoi Jacques Bouveresse (1940-2021) s'est-il autant intéressé à Robert Musil (1880-1942), un écrivain bien éloigné de la philosophie traditionnelle ? Ils partageaient sans nul doute une grande indépendance, un attrait pour la philosophie des chemins de traverse, une profonde méfiance à l'égard des modes et une préoccupation pour les notions de vérité et de croyance. Jusqu'à la fin de sa vie, Bouveresse aura défendu...

Sur une page des Misérables

Edito Accueil - Publié le 11 Janvier 2024 par Marc Escola

"Ceux devant qui se sont dressés, sous l’éclatant ciel bleu de juin, ces deux effrayants chefs-d’œuvre de la guerre civile, ne les oublieront jamais" : tels sont les mots par lesquels Victor Hugo, dans un chapitre des Misérables, évoque les deux plus formidables barricades de l’insurrection parisienne de juin 1848, dont il fut un témoin et même un acteur. À la tête de l’une un "gamin tragique", ouvrier mécanicien, derrière l’autre un géant truculent, ex-officier de marine. Dans Jusqu'à ce que mort s'ensuive. Sur une page des Misérables (Gallimard), Olivier Rolin vient nous rappeler qu'Emmanuel Barthélemy, l’ouvrier, et Frédéric Cournet, le marin, ne sont pas des personnages de fiction, ils ont réellement existé : "Ils ont beau se battre...

Achever Sartre

Edito Accueil - Publié le 09 Janvier 2024 par Marc Escola

Si Sartre connut son lot de scandales, aucun ne fut comparable à celui qui éclata un mois avant sa mort. En cause, son ultime publication : L'Espoir maintenant. Une série d’entretiens sur ses engagements, la révolution, la violence, l'éthique, le messianisme juif et le destin de l'humanité, où son interlocuteur est soupçonné d’avoir commis un abus de faiblesse, autant dire un “détournement de vieillard”... Ces entretiens étaient en fait l'aboutissement de dix ans de travail et le fruit d'une amitié inattendue qui engendra une collaboration intellectuelle unique dans l'histoire de la pensée. Tout commença dans un café de St Germain, le jour où Sartre rencontra un jeune homme mystérieux de 25 ans, de quarante ans son cadet, doté d'un char...

Le goût des lettres

Edito Accueil - Publié le 08 Janvier 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

À l'ère du numérique, le courrier se fait de plus en plus rare, mais le texte épistolaire séduit encore. Que peut un livre empruntant la forme d’une lettre, exploitant des correspondances originales ou interpellant ouvertement la lectrice, le lecteur ? En quoi le geste d’écrire des lettres peut-il convenir aux écrivaines et aux intellectuelles en France aujourd’hui ? Que signifie de destiner à autrui chaque mot qu’elles tracent ? À qui s’adressent-elles ? Comment, et à quelles fins, sont-elles amenées à s’exprimer ainsi, que ce soit de façon directe ou par un personnage fictif ? Karin Schwerdtner s’est entretenue avec quinze femmes, écrivaines, chercheuses, intellectuelles, sur leurs projets, leurs initiatives, leur goût des (belles-)let...

Avec nos meilleurs vœux !

Edito Accueil - Publié le 06 Janvier 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Toute l'équipe Fabula souhaite à ses lecteurs une année 2024 riche en lectures et en idées, comme en recontres et en échanges, mais aussi en émotions intellectuelles (elles sont rares mais elles existent). Tout au long de sa vingt-cinquième année de plein exercice, le site poursuivra sa (lente) mue. Parmi les améliorations récemment apportées, rappelons la possibilité pour chacun d'annoncer puis gérer les annonces de ses événements et parutions, de créer un compte personnel pour optimiser son usage des différentes rubriques, s'abonner aux différents fils d'informations ou aux billets affichés sur les trois pages d'accueil que compte désormais le site, mais aussi de créer ses propres alertes, ainsi que le nouveau moteur de recherches qui ...

Défaire voir

Edito Accueil - Publié le 05 Janvier 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Après Le Ministères des contes publics (Verdier), Sandra Lucbert fait paraître Défaire voir. Littérature et politique aux éditions Amsterdam, qui propose de "mettre en œuvre et de théoriser une littérature politique qui tienne ensemble les deux termes littérature et politique, sans sacrifier l’un à l’autre. Où dispositif d’écriture et précision analytique soient indissociables". Une façon de rappeler que la littérature est un régime spécifique de la pensée. L'essai offre notamment un efficient dispositif littéraire, intitulé Manger les riches, une décomposition, qui prend pour départ le scandale des Ehpad Orpéa, pour dégager le "régime de pulsionnalité" du capitalisme financiarisé, mais aussi une inédite "théorie des figures", par laquel...

Rachilde parmi nos classiques

Edito Accueil - Publié le 04 Janvier 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

En 1884, paraissait sous le pseudonyme de Rachilde un roman érotique rédigé en collaboration avec un certain Francis Talman (encore non-identifié, et peut-être inexistant) par une jeune femme de vingt-quatre ans, Marguerite Eymery (1860-1953) : Monsieur Vénus fit aussitôt scandale et ses auteurs condamnés. En 1889, elle en proposait, sous son seul nom cette fois, une version révisée et définitive, quelque temps après lui avoir offert un pendant réaliste : Madame Adonis. Ces deux romans intègrent solidairement la collection Folio Classiques à l'initiative de Martine Reid, pendant qu'un troisième titre entre dans la collection L'Imaginaire : La Tour d'amour. Les deux premières fictions, dont Fabula vous invite à découvrir un extrait ont de...

Comment lire ?

Edito Accueil - Publié le 04 Janvier 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Des pans entiers de l’histoire littéraire semblent devoir provoquer désormais l’incompréhension, sinon la révolte. Peut-on entretenir avec les textes un rapport qui échappe à l’alternative simpliste de la condamnation indignée ou de l’approbation pleine et entière ? Dans son cours au Collège de France, du 9 janvier au 19 mars, Wiliam Marx se demandera comment lire, et s'il est possible de forger, en mobilisant la très longue histoire des pratiques d'interprétation, des modes de lecture vraiment émancipateurs : la catharsis, l’allégorie, la philologie, la bienveillance, l’admiration (Harold Bloom), l’épiphanie (Hans Ulrich Gumbrecht) ou bien le plaisir, au sens que lui donnait Roland Barthes. Le séminaire illustrera la réflexion menée dan...

Pascal Quignard refait l'amour

Edito Accueil - Publié le 04 Janvier 2024 par Marc Escola

"Qu'est-ce que les anciens Romains entendaient par enfance ? Pourquoi, chez les anciens Grecs, le premier des dieux est-il Chaos, avant même le ciel et la nuit ? Qu'est-ce que le sommeil ? Qu'est-ce qu'une énigme ? Que veut dire Tirésias dans sa réponse alambiquée sur l'immense plaisir que ressentent les femmes ? Quelle est l'origine du mot sex ? Qu'est-ce qu'un fantôme ? Une sirène ? La Lorelei ? Psychè ? Hérô ? Comment la vie intra-utérine se prolonge-t-elle dans la vie atmosphérique sans y trouver de fin ? Pourquoi l'expérience humaine serait-elle bornée par le langage alors qu'il lui a fallu l'apprendre ? En quoi son destin serait-il voué à la vie en société ?" Dans Compléments à la théorie sexuelle et sur l'amour qui paraît aux édit...

Se méfier de Kafka ? (Vraiment ?)

Edito Accueil - Publié le 02 Janvier 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

À travers des récits emblématiques comme Le Procès ou La Colonie pénitentiaire, Kafka a profondément marqué la représentation moderne de la Loi, de l’État et du pouvoir. Ses descriptions d’un pouvoir sans règle et sans lieu, et d’un sujet perdu dans ses filets, semblent dire quelque chose de notre condition politique, de la bureaucratie ou de la Justice. Les images terrifiantes d’une bureaucratie d’État au fonctionnement secret et imprévisible, d’un pouvoir policier arbitraire ou encore d’une Justice qui accuse des innocents nous inquiètent et nous fascinent. Mais nous aident-elles véritablement à comprendre la société dans laquelle nous vivons ? Geoffroy de Lagasnerie pose la question dans un essai qui paraît aux éditions Flammarion : ...

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