Archives : Éditos accueil

Nouvelles

L'ordinaire de la littérature

Edito Accueil - Publié le 13 Avril 2024 par Marc Escola

Après Explore. Investigations littéraires dont Laurence Giavarini avait rendu compte pour Acta fabula ("La littérature mise en demeure (un cours de yoga wittgensteinien)", Florent Coste poursuit son effort de refondation de la théorie littéraire dans un nouvel essai intitulé L'ordinaire de la littérature et sous-titré Que peut (encore) la théorie littéraire ? (La Fabrique). Il montre que renouer avec la théorie littéraire constitue un acte de résistance, dès lors que le souci théorique se confond avec une attention au champ littéraire comme espace de pouvoir, et au geste d’écriture comme production d’affects, de figures, de symboles. F. Coste vient mettre en lumière une conflictualité imperceptible : "ou bien laisser le travail du rêve s...

Connaître une œuvre

Edito Accueil - Publié le 12 Avril 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Élève de Husserl, Roman Ingarden (1893-1970) a cherché à penser en phénomènologue la possibilité d’une théorie unifiée des arts. Inaugurée sur le terrain littéraire avec la publication en 1931 de L’Œuvre d’art littéraire, qui cherchait à mettre au jour la structure ontologique du texte littéraire, l'entreprise s'est tournée en 1937 vers le pôle de la réception des lecteurs pour analyser les différents actes intellectuels et imaginatifs qui permettent de prendre connaissance d’une œuvre littéraire. Ingardent entendait ainsi dévoiler la complexité insoupçonnée du rôle du lecteur. Ce texte décisif, qui a largement inspiré l’école de Constance et la théorie des actes de lecture dès sa publication en allemand en 1968, nous est auj...

Le cercle des amis de Calvino

Edito Accueil - Publié le 12 Avril 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Christophe Mileschi et Martin Rueff nous plongeaient l'an passé dans la Correspondance d'Italo Calvino sous le beau titre Le métier d’écrire (Gallimard). Ils sont aujourd'hui les maîtres d'œuvre du Cahier de l'Herne consacré au romancier italien. Le sommaire vient révéler l'extraordinaire diversité d'une œuvre qui couvre près d'un demi-siècle et des dizaines de milliers de page, Le volume vient offrir de nouveaux repères et propose des approches inédites susceptibles de renouveler le regard du public francophone. Il multiple aussi les témoignages d’amis (Pasolini, Ginzburg, Agamben), les analyses critiques de spécialistes français et italiens (Philippe Daros, Mario Barenghi, Luca Baranelli, Fabio Gambaro), les textes d’écrivains contempo...

Sur l'instant

Edito Accueil - Publié le 11 Avril 2024 par Marc Escola

La vie n’est pas un roman, plutôt une somme discontinue d’éveils. Dans Sur l’instant comme déjà dans Le lieu et le moment et  La Vie esthétique. Stases et flux (les trois titres chez Verdier), Laurent Jenny cherche à ressaisir ces "épiphanies", brèves et incertaines, rebelles à la cohérence des jours : scènes dans le Paris de l’enfance, visages croisés, visions hallucinées, dépaysements, génies des lieux qui se révèlent soudain, bonheurs sensibles, deuils, vertiges amoureux… Ces instants laissent des traces de ce qui pourtant semble n’avoir jamais existé comme tel, des éblouissements dont les phrases de Laurent Jenny dessinent le chemin, entre clarté des mots et incertitude du vécu. Fabula vous invite à lire les premières pages…

L'album de la fugitive

Edito Accueil - Publié le 10 Avril 2024 par Marc Escola

En 2022 s'est tenue au Crédac d'Ivry-sur-Seine une exposition rassemblant une quinzaine d’artistes autour de la fuyante Albertine, le personnage d'À la recherche du temps perdu ; les pratiques artistiques présentées participaient à la mise en lumière de l’histoire des personnes queer et proposaient ainsi une lecture polysémique des choses et du monde. Le catalogue de cette exposition pensée aussi comme un portrait de l'identité lesbienne paraît avec un retard  certain aux Presses du Réel ; il réunit notamment des textes inédits de Elisabeth Ladenson (autrice de Proust lesbien, 2009), ainsi que de Claire le Restif (directrice du Crédac) et de Ana Mendoza Aldana (commissaire d’exposition).

Le pouvoir de la littérature

Edito Accueil - Publié le 09 Avril 2024 par Marc Escola

Les éditions Gallimard publient Le Couteau, Réflexions suite à une tentative d’assassinat : pour la première fois, Salman Rushdie s’exprime sans concession sur l’attaque au couteau dont il a été victime le 12 août 2022 aux États-Unis, plus de trente ans après la fatwa prononcée contre lui. Le romancier lève le voile sur la longue et douloureuse traversée pour se reconstruire après un acte d’une telle violence ; jusqu’au miracle d’une seconde chance. Le Couteau se lit aussi comme une réflexion puissante, intime et finalement porteuse d’espoir sur la vie, l’amour et le pouvoir de la littérature. La collection Folio réédite dans le même temps le volume des Essais (1981-2002) déjà salué par Fabula. Le romancier a accordé une série d'entretie...

Journalistes de terrain

Edito Accueil - Publié le 08 Avril 2024 par Marc Escola

Armand Gatti a 22 ans lorsqu’il rejoint la rédaction du Parisien libéré, en janvier 1946, puis se lie d’amitié avec un autre jeune chroniqueur, Pierre Joffroy. Ensemble, ils vont bientôt signer leurs reportages à quatre mains : "Courrier du désespoir", "Donnez-leur encore une chance !", "Leur dernier quart d’heure", "À nous deux Paris", "Police des fantômes", avant que Gatti n’obtienne en 1954 le prix Albert-Londres pour sa périlleuse enquête sur les dompteurs de fauves. Le volume La voix qui nous parle n’a pas besoin de visage. Chroniques et reportages (1946-1957) préparé par Michel Séonnet pour Gallimard réunit cinquante-neuf articles écrits en duo ou en solo, et donne à lire un journalisme de terrain, qui éclaire l’envers du décor de ...

Une certaine gêne à l’égard du style

Edito Accueil - Publié le 05 Avril 2024 par Marc Escola

Après French style. L'accent français de la prose anglaise et Pourquoi le style change-t-il ?, Gilles Philippe fait paraître aux mêmes presses bruxelloises des Impressions Nouvelles un nouvel essai : Une certaine gêne à l'égard du style, qui se propose d’interroger les formes stylistiques à partir de leurs tensions et les discours sur le style à partir de leurs failles. Prenant ses premiers appuis sur une dizaine de cas en apparence fort singuliers (Bernanos, Camus, Duras, Ramuz, Sartre, Simenon, Valéry…), il suggère un principe de lecture et esquisse une typologie des contradictions. Mais il avance aussi deux thèses : la première veut que toute la prose du xxe siècle ait connu une certaine gêne à l’égard du style ; la seconde veut que l...

Trahir et venger : les récits de transfuges de classe

Edito Accueil - Publié le 04 Avril 2024 par Marc Escola

Peut-on à la fois trahir les siens, en changeant de classe, en adoptant d'autres valeurs, voire une autre identité, tout en prétendant les venger, en leur offrant un espace de représentation, en leur rendant une parole publique dont ils et elles sont privées ? Tel est le principal paradoxe du discours de transfuge, qui entend porter une parole populaire mais qui peut être accusé de la confisquer. En adoptant les outils de l'analyse du discours, le livre signé par Laélia Véron avec Karine Abiven sous le titre Trahir et venger. Paradoxes des récits de transfuges de classe (La Découverte) interroge les ambitions du récit de transfuge de classe. Est-il un contre-récit, qui s'oppose aux récits dominants, ou bien est-il devenu, malgré lui, un ...

La bonne moitié de Gary

Edito Accueil - Publié le 03 Avril 2024 par Marc Escola

Toute sa vie, Romain Gary s’est rêvé en homme de théâtre. Inspirée en partie de son roman Le Grand Vestiaire (1949), remaniée durant une trentaine d’années, La Bonne Moitié (1979) est pourtant l’une des deux seules pièces publiées de son vivant. Maxime Decout en donne aujourd'hui une nouvelle édition pour la collection Folio Théâtre. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, quatre adolescents orphelins ont été recueillis par un vieil homme engagé dans la Résistance. Mais quand ces derniers découvrent que leur protecteur est aussi un traître ayant collaboré avec la Gestapo, ils se trouvent confrontés à un dilemme : doivent-ils dénoncer le vieil homme ou l’aider à s’enfuir ? Puisqu’il a œuvré en partie pour la Résistance, sa « bonne moitié ...

Philosophie et poésie

Edito Accueil - Publié le 01 Avril 2024 par Marc Escola

Écrit en 1939 au Mexique où María Zambrano est alors en exil, Philosophie et poésie que rééditent courageusement les éditions Corti constitue une entrée idéale dans l’œuvre de la philosophe espagnole. Dans ce bref volume issue d'une série de conférence et de cours, elle analyse deux versants, non pas antinomiques mais complémentaires, de la pensée depuis les Grecs : "Aujourd’hui poésie et pensée nous apparaissent comme deux formes insuffisantes, nous semblent être deux moitiés de l’homme : le philosophe et le poète. L’homme entier n’est pas dans la philosophie ; la totalité de l’humain n’est pas dans la poésie". Fabula vous invite à lire les premières pages : "En guise de prologue"…

Histoires sans paroles

Edito Accueil - Publié le 01 Avril 2024 par Marc Escola

En 1918, après avoir illustré une presse hostile aux marchands de canons, Frans Masereel (1889-1972) publie 25 Images de la passion d’un homme. Si l’on y trouve déjà les thèmes de prédilection de l’artiste belge – la ville dévoreuse d’hommes ou la lutte des classes –, son originalité réside dans sa forme : un récit uniquement constitué de gravures. Le roman sans paroles vient de naître. De la Grande guerre à la guerre froide, Masereel en réalise une quinzaine, stigmatisant le capital et ses croupiers, la roue de l’infortune qui touche le prolétariat et cet instinct de mort qui a conduit l’Europe vers le chaos… Les romans en gravures de Masereel sont sans paroles mais non pas sans histoire, comme le montre Samuel Dégardin dans Histoires s...

Allez-y voir !

Edito Accueil - Publié le 30 Mars 2024 par Marc Escola

La peinture a très tôt retenu l’attention de Raymond Queneau, dès sa jeunesse où le dessin l’occupe. Et toute sa vie : il a connu des peintres, fréquenté les ventes publiques, les marchands de tableaux et les musées, et s'est fait, comme il le dit, "sa petite opinion". Le poète a progressivement élaboré une théorie du signe et de l’écriture ainsi qu’une dialectique du regard chez les peintres. Dans les Écrits sur la peinture qu'a réunis Stéphane Massonet pour "Les Cahiers de la NrF",  il nous convie aussi à nous rendre dans les expositions, ces fêtes du voir, en toute simplicité : "Allez-y voir". Des exercices d’admiration, où l'on retrouve ainsi la personnalité et le style de Raymond Queneau, son acuité, son esprit anti-sérieux, parfois...

Lire Proust par les films

Edito Accueil - Publié le 29 Mars 2024 par Marc Escola

Au centre de la signification d’À la recherche du temps perdu, le cinéma apparaît avec Le Temps retrouvé. Plus exactement, la nature du filmique s’y cache, bien malgré Proust qui le rejetait, au détour d’une image : la métaphore de la queue de paon. Celle-ci s’avère être un écran blanc sur lequel est projeté, en couleurs, un événement passé. Comme si l’on ne pouvait plus désormais, en ce début du XXe siècle, faire l’économie de la pellicule pour dire la mémoire. Sous le titre La Mémoire-cinéma. Lire Proust par les films (MF éd.), Marie Gil relit À la recherche du temps perdu à la lumière de six films intimement liés à la question mémorielle – de Sunset Boulevard de Billy Wilder à La Grotte des rêves perdus de Herzog, passant par une mémo...

La couleur de la vérité

Edito Accueil - Publié le 28 Mars 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Slogan des physiocrates, mot-clé des manuscrits d’Emmanuel-Joseph Sieyès comme des interventions polémiques de Louis-Sébastien Mercier à l’Institut, préoccupation récurrente des Notes philosophiques du jeune Balzac, l’évidence, que Joseph Joubert appelle en 1805 la "couleur de la vérité", est une notion centrale du "moment 1800". La nouvelle livraison de la revue Orage, résolument pluridisciplinaire, se propose de montrer que l'évidence constitue un lien entre plusieurs évolutions majeures qui se produisent dans les savoirs et la littérature entre 1760 et 1830, à l'initiative de Lucien Derainne et Jacob Lachat et sous le titre "La couleur de la vérité. L'évidence au tournant des Lumières". Les articles recueillis  s’intéressent tour à to...

Sur le fil

Edito Accueil - Publié le 27 Mars 2024 par Marc Escola

"Tu as craint longtemps que les baisers, même parcimonieux, que tu te résolvais toujours difficilement à leur donner, fussent des douceurs empoisonnées, ne continssent de la mort, une mort invisible que tu aurais inoculée sciemment". Alors que l’épidémie de sida fait des ravages, Christophe Bourdin apprend sa séropositivité. Il n’a pas encore trente ans. Étudiant en lettres, bientôt professeur, il est habité par le désir d’écrire. Dans le roman et les pages du journal, il raconte la crainte de la maladie, puis la maladie elle-même. L'auteur s’y donne tout entier, sans rien cacher. Le livre, l’un des premiers grands textes littéraires sur le sida, forme une prouesse d’écriture inouïe, dont la structure épouse le cours du temps. Celui des ...

Chercher Kafka

Edito Accueil - Publié le 26 Mars 2024 par Marc Escola

L'histoire des manuscrits de Kafka est connue dans ses grandes lignes. La police allemande a remis à Israël des milliers de documents ayant appartenu à Max Brod, confident et exécuteur testamentaire de Kafka décédé en 1968, au terme d'une histoire qu'on hésitera à qualifier de kafkaïenne : Max Brod a préservé les manuscrits de Kafka des autodafés nazis, il leur a fait quitter Prague pour rejoindre Tel-Aviv dans une simple valise, mais ils seront aussi cachés dans un appartement décati envahi par des chats errants, puis revendus clandestinement en Allemagne, avant de retrouver au cœur d’une saga judiciaire qui durera plus de quarante ans. Léa Veinstein a découvert cette histoire peu de temps avant le confinement. Dès la réouverture des fr...

Une aventure à chaque phrase

Edito Accueil - Publié le 26 Mars 2024 par Marc Escola

On doit se réjouir de l'apparition d'une nouvelle revue sous les livrées de Gallimard, même s'il n'est pas sûr qu'elle parvienne à nous faire pardonner de sitôt la liquidation des Temps modernes : placée sous le patronage de Flaubert, qui voulait que chaque phrase fût une aventure, et emmenée par Yannick Haenel, la revue Aventures a adressé pour son premier dossier à soixante-cinq écrivains cette question sans risque : "Écrivez-vous des scènes de sexe ?". Le sommaire accueille aussi des inédits de Rainer Maria Rilke et Frédéric Berthet, et quelques invités toujours bienvenus, à l'instar de Pierre Michon, Christophe Manon ou Amandine André. (Illustr. : Uma Thurman & John Malkovicth dans Les liaisons dangereuses de Stephen Frears, 1989)

Continuité de Du Bouchet

Edito Accueil - Publié le 25 Mars 2024 par Marc Escola

André du Bouchet a recueilli sous le titre L’incohérence des textes ayant fait l’objet de publications en revue, catalogue d’exposition et livre d’artiste. Les plus anciens datent de 1954 et ont été tellement retravaillés qu’ils sont presque méconnaissables. Le volume a été édité pour la première fois par Paul Otchakovsky-Laurens, chez Hachette, en 1979. En 1984, l’ouvrage est entré au catalogue de Fata Morgana. Épuisé depuis de nombreuses années, il fait l’objet, pour le 100e anniversaire de la naissance du poète, d’une réédition chez Gallimard respectant la mise en page d’origine, avec ses espacements typographiques, la multiplication des signes de ponctuation et les annotations dans les marges. Fabula vous invite à feuilleter l'ouvra...

Sur la carte

Edito Accueil - Publié le 23 Mars 2024 par Marc Escola

La collection Libre cours des Presses Universitaires de Vincennes consacre un volume aux relations entre Cartographie et littérature, signé par Laurence Dahan-Gaida. L’ouvrage interroge l’impulsion cartographique qui nous conduit à dessiner des cartes pour nous orienter dans l’espace et y projeter nos déplacements virtuels. Toute carte est une sorte de diagramme qui modélise l’espace grâce à une présentation spatiale et iconique de ses relations. Or le texte littéraire est aussi un dispositif de modélisation qui exploite les ressources du langage pour faire émerger un temps, un espace, un monde. Plutôt que d’opposer la cartographie des géographes à celle des écrivains, L. Dahan-Gaida propose de les aborder comme des dispositifs cognitif...

Les rêves de Jean Genet

Edito Accueil - Publié le 22 Mars 2024 par Marc Escola

Juin 1942. Jean Genet est incarcéré à la prison de Fresnes, condamné à huit mois de réclusion pour vol de livres. À trente et un ans, le détenu n’a encore rien publié ; mais la cellule est un lieu propice à l’éclosion de son talent littéraire. Il y écrit son premier roman, Notre-Dame-des-Fleurs, et le long poème Le Condamné à mort. L’attrait du théâtre se fait déjà sentir, comme en témoigne Héliogabale, ce drame à l’antique dont un manuscrit a été retrouvé à la Houghton Library. L’existence de cette pièce était attestée, Genet l’ayant fait lire à quelques proches et ayant exprimé le souhait qu’elle soit publiée et créée — avec Jean Marais dans le rôle-titre. Rien de cela n’eut lieu et l’écrivain n’y revint plus. Francois Rouget donne che...

Les poètes de métier

Edito Accueil - Publié le 21 Mars 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Du menuisier Adam Billaut, dont Dinah Ribard a récemment tracé le portrait, au boucher Joseph Ponthus, du dentiste Marmont au docteur Camuset, du cordonnier Magu à Cochon de Lapparent, nombreux sont les poètes qui ont évoqué leur profession dans leurs vers. Certains en ont fait des ouvrages didactiques, comme les enseignants de géographie, d’histoire ou de grammaire, d’autres de simples moments de plaisir partagé, comme le pharmacien Pascalon. Leurs œuvres sont tantôt ambitieuses, comme celle de l’avocat qui réécrit le Code civil en vers, tantôt émouvantes, comme les poèmes pacifistes d’un ancien officier. Tous ces écrivains, amateurs ou confirmés, ont cependant en commun d’être ceux qu'on pourrait désigner comme des "poe...

Le silence de la mer

Edito Accueil - Publié le 20 Mars 2024 par Marc Escola

Acte de résistance civile sous l'Occupation, la création des Éditions de Minuit par Pierre de Lescure et Jean Bruller a permis notamment la publication clandestine du Silence de la mer signé "Vercors", le pseudonyme de Jean Bruller. Une aventure risquée pour tous ceux qui ont participé à la fabrication et la distribution du livre, imprimeurs, brocheuses, intermédiaires nécessaires à la circulation du livre, dans un pays sous surveillance. Le documentaire Le Silence de la mer, une édition dans la Résistance signé par Nadine Lermite, diffusé sur France 5 le 22 mars, est accessible sur la plateforme France.tv : une "traversée de Paris" qui dresse un tableau peu connu du monde littéraire sous l'Occupation.

La poétique de García Márquez

Edito Accueil - Publié le 19 Mars 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Roman inédit de Gabriel García Márquez, Nous nous verrons en août paraît chez Grasset, une dizaine d’années après la disparition en 2014 de l’écrivain colombien, prix Nobel de littérature en 1982. Chaque seize août, Ana Magdalena Bach prend un ferry pour se rendre sur une île des Caraïbes où est enterrée sa mère. Malgré la splendeur d’une lagune peuplée de hérons bleus, elle se contente de déposer un bouquet de glaïeuls sur sa tombe, ne passe qu’une nuit dans le vieil Hotel del Senador et retourne chez elle avec le bac du lendemain. Mais l’été de ses quarante-six ans, ses habitudes sont bouleversées. Le soir du seize août, Ana Magdalena remarque un homme qui finit par lui offrir un verre sur un fond de boléro. Lorsqu’elle se retrouve ave...

Retrouver Éluard

Edito Accueil - Publié le 18 Mars 2024 par Marc Escola

Paul Éluard fait son entrée dans la GF-Flammarion, avec une édition établie et documentée par Olivier Belin de Capitale de la douleur suivi de Les Dessous d'une vie. Fruit de cinq années de production poétique, Capitale de la douleur (1926) est l’un des recueils les plus célèbres de Paul Éluard. S’y trouve retracé le parcours initiatique d’un jeune poète, qui exorcise son désespoir par la recherche d’un verbe pur, simple et enchanteur. La poésie qui en résulte est, pour André Breton, un "miracle", un "secret qui prend les couleurs de l’éternité". Publié la même année, Les Dessous d’une vie ou la Pyramide humaine achève de consacrer le poète comme étendard des avant-gardes littéraires du siècle. Rassemblant poèmes en prose, récits de rêve...

L'Oulipo par la bande

Edito Accueil - Publié le 18 Mars 2024 par Marc Escola

Itération iconique, algorithme de Mathews, zeugmes et acrostiches… Bienvenue dans l’univers aussi rigoureux que décalé, tant mathématique que littéraire de l’Oubapo, l’Ouvroir de bande dessinée potentielle, pendant dessiné de l’illustre Oulipo. Et cette fois-ci, c’est Étienne Lécroart, membre de l’Oulipo et de l’Oubapo, roi de la contrainte à double-sens et virtuose des exercices de style décapants, qui est de retour pour un nouvel o(u)pus. Du comptoir de bar à la plage en passant par le confessionnal, les personnages du dessinateur palabrent avec franchise dans des logo-rallyes alphabétiques ou les mots défilent à toute berzingue. Dans L'Oulipo par la bande (L'Association), es schémas succèdent aux cases tandis que Jacques Roubaud ou Ge...

Nadar résolument moderne

Edito Accueil - Publié le 16 Mars 2024 par Marc Escola

"Nadar". Derrière cette marque de fabrique se cachent en réalité plusieurs personnes  : Félix Tournachon (1820-1910), son frère Adrien Tournachon (1825-1903), le fils de Félix, Paul Tournachon (1856-1939), ainsi qu’une armée de collaborateurs anonymes qui, dans les ateliers photographiques, ont mis au point la très grande majorité des quelque 200 000 clichés qui constituent le fonds posthume. L’auteur à visages multiples qu’est "Nadar" aborde les phénomènes complexes que l’on observe durant le Long XIXe siècle dans des domaines aussi variés que les sciences et les expositions universelles, l’aviation et l’agriculture, l’haussmannisation et les hermaphrodites, le tourisme et le cirque – et les traduit en images, qu’il s’agisse de photogra...

Simenon à l'œuvre

Edito Accueil - Publié le 16 Mars 2024 par Marc Escola

Concevant l’écriture comme un artisanat, Simenon travaillait selon un rythme régulier et systématique, imposait à l’éditeur la fréquence des parutions, lui interdisait toute correction sur son tapuscrit et participait au choix de la couverture des 103 Maigret, 117 romans durs et 25 textes autobiographiques. L'exposition proposée par Sarah Radicchi et Natalia Granero à la Fondation Jan Michalski du 16 mars au 29 septembre nous offre de retrouver Simemon à travers ses confidences à la presse, des photographies de sa vie de famille et de ses lieux d’écriture, un choix de manuscrits, tapuscrits et premières éditions, ainsi qu’un cycle d’adaptations cinématographiques. Saluons aussi la parution de l'adaptation en bande-dessinée de La neige ét...

Le malheur d'Aymé

Edito Accueil - Publié le 16 Mars 2024 par Marc Escola

Après Les morts vivants : comment les auteurs du passé habitent la littérature présente et Éloge des ratés. Huit portraits de l'auteur francophone en encyclopédiste, Ninon Chavoz fait paraître L'Autre Marcel : le malheur d'Aymé dans la même collection "Fictions pensantes" animée par Franck Salaün aux éditions Hermann. Célébré de son vivant, Marcel Aymé a aujourd’hui mauvaise réputation : devenu persona non grata de la République des lettres, il encourt le risque d’être déclaré illisible. Les raisons de sa disgrâce ne sont pas uniquement politiques : dans notre histoire littéraire, Aymé reste l’autre Marcel, tenant d’une esthétique minoritaire, à condition d'aborder son oeuvre à rebours des idées reçues qu’il contribua lui-même à construi...

Le roman policier africain

Edito Accueil - Publié le 15 Mars 2024 par Marc Escola

Dans Le roman policier africain (Hermann), Jean-Paul Martin vient achever de faire la démonstration que le roman policier peut contribuer à l’analyse des sociétés contemporaines, en se livrant à une étude approfondie de cinquante trois fictions policières africaines, issues de vingt-quatre pays et représentant la plus grande partie du continent. Le contexte dans lequel ces écrivains situent leurs fictions romanesques est en effet celui de l’Afrique contemporaine qui fait face à la trahison des politiques ou à l’affrontement de la tradition et de la modernité… Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage… avec l'aimable autorisation des éditions Hermann.

Sur les lieux de Perec

Edito Accueil - Publié le 14 Mars 2024 par Marc Escola

Fabula avait salué en son temps la parution au Seuil de l’ultime inédit de Georges Perec, Lieux, sous la forme d’un volume de 612 pages (et 1,6 kg), illustré d’archives et de documents photographiques, accompagnée d'un site qui propose la version numérique du texte, en offrant un "parcours numérique augmenté" avec d'oulipiennes possibilités combinatoires, qui eussent enchanté l'auteur de La Vie mode d'emploi, et rappelé alors le documentaire de Robert Bober, En remontant la rue Vilin (1992), désormais en accès libre. Les éditions nantaises L'Œil ébloui inaugurent aujourd'hui la "collection Perec 53" : en référence à 53 jours, le titre du dernier roman inachevé de Georges Perec, la série comptera 53 livres de 53 pages par 53 artistes, do...

Flaubert personnage

Edito Accueil - Publié le 13 Mars 2024 par Marc Escola

Nous sommes au mitan du XIXᵉ siècle. L’homme est encore jeune. Il vit à la campagne avec sa mère et sa nièce. Il vient de rentrer d’Orient. Au cours des quelques années qui suivent, il renoue puis rompt avec Louise. Il perd deux dents, ses cheveux, prend de l’embonpoint et contracte au bordel une infection vénérienne. Il fait une crise d’épilepsie dans une chambre d’hôtel. Il manque de se faire tuer lors du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Il loue un appartement à Paris. Il se rend au bal Mabille, fréquente le salon de madame Sabatier. Il a pour amis Bouilhet et Du Camp. Il prend pour maîtresses Béatrix, puis Juliet. Il croise Gautier, Leconte de Lisle, Baudelaire, Musset, Lamartine, Janin… Il écrit aussi, surtout, Madame Bovary....

Le Centenaire Droz

Edito Accueil - Publié le 12 Mars 2024 par Marc Escola

Fondée à Paris en 1924 par une jeune femme au caractère bien trempé, Eugénie Droz (1893-1976), l’enseigne aux quatre putti est très vite devenue un gage de qualité pour les travaux universitaires, des "livres d’érudition", selon la formule de sa fondatrice : des livres au savoir sûr, choisis et édités avec exigence. Son héritage a perduré sous la direction éclairée d’Alain Dufour (1928-2017) puis de Max Engammare. Pour célébrer ce (premier) centenaire, la maison genevoise fait paraître aujourd’hui le livre Droz 1924-2024 : préfacé par Antoine Compagnon, il éclaire d’un lustre à plus de cent branches cette page singulière de l’histoire de l’édition. Max Engammare rétablit d’abord quelques vérités dans l’hommage rendu à ses deux prédécesse...

Les jeux olympiques de littérature

Edito Accueil - Publié le 09 Mars 2024 par Marc Escola

Qui sait encore que, de 1912 à 1948, les Jeux Olympiques comprenaient des épreuves d’art et de littérature ? Inspiré par l’Antiquité, Pierre de Coubertin croyait essentiel d’associer écrivains et artistes à sa nouvelle religion du sport. À l’olympiade parisienne de 1924, on recrute pour les lettres des jurés prestigieux  : les diplomates Jean Giraudoux et Paul Claudel, le pirate décadent Gabriele d’Annunzio, le poète Paul Valéry, la romancière Edith Wharton, les prix Nobel Maurice Maeterlinck et Selma Lagerlöf… Parmi les concurrents, on remarque les jeunes Henry de Montherlant et Robert Graves. Dans Les Jeux Olympiques de littérature (Grasset), Louis Chevaillier raconte ce concours et ses médailles, et nous plonge dans l’histoire du spor...

La tentation de l'Occident

Edito Accueil - Publié le 08 Mars 2024 par Marc Escola

Relire La Tentation de l’Occident, près d’un siècle après sa parution en 1926, c’est se confronter à l’éclat d’une écriture vive, qui fait de Malraux l’un des acteurs majeurs des débats sur la présence obsédante de "l’Orient " qui marquent les années vingt et trente. On a peut-être trop souvent réduit cet étrange essai à n’être qu’un avant-texte, en mineur, du roman Les Conquérants, publié en 1930. Les textes réunis par Hélène Baty-Delalande et Dominique Vaugeois dans Relire La Tentation de l'Occident (Hermann) proposent d’en déplier les singularités, en croisant les perspectives  : enjeux idéologiques d’époque, perspective générique, perspective comparatiste, réflexion esthétique, analyses formelles, dans les études critiques contempora...

L'art de faire des bulles

Edito Accueil - Publié le 07 Mars 2024 par Marc Escola

Tous les enfants aiment les bulles de savon, ce jeu qui assume le caractère transitoire de tout ce qui est beau et précieux. Les adultes ne devraient pas qu’en sourire, mais aussi s’en réjouir : elles font réapprendre à aimer ce qui brille sans lendemain. Dans Beautés de l'éphémère. Apologie des bulles de savon (Seuil), Pierre Zaoui propose un petit traité sur la vacuité de l’existence, nourri du regard des artistes qui se sont emparés du motif exprimant tantôt la nullité de toute chose ici bas, tantôt le sceau de l'éternelle souffrance. Loin de la Vanité à laquelle la tradition philosophique et théologique l’a souvent réduit, il voit dans cet objet parfait et éphémère, transparent et iridescent, la possibilité d’une très soutenable légè...

Chateaubriand en Italie

Edito Accueil - Publié le 06 Mars 2024 par Marc Escola

D’une grande liberté formelle, le Voyage en Italie de Chateaubriand que Jean-Marie Roulin réédite dans la collection Folio Classiques, se donne de prime abord comme recueil hétérogène de lettres, composé d’extraits de journal intime, de fragments et de citations rassemblés et publiés bien après le moment du séjour (1827). Pourtant, il trouve son unité en déployant une réflexion esthétique constante, portée par une langue qui s’exerce avec plaisir à une vaste palette stylistique. Les arts, les musées, les vers latins et les paysages, loin de représenter un enjeu purement pittoresque ou académique, sont au contraire le support privilégié de méditations poétiques et sensibles qui préfigurent le chef-d’œuvre que seront...

Paradoxes du comédien

Edito Accueil - Publié le 06 Mars 2024 par Marc Escola

Parfois considérés comme des artisans du mensonge, souvent comme de grands sensibles, les comédiens fascinent. Sur scène comme à l’écran, ils donnent à voir et à éprouver une large palette d’émotions. De nombreux penseurs ont tenté de déchiffrer le rapport qu’ils entretiennent avec leurs émotions afin de définir la méthode du grand acteur. Faut-il jouer avec raison et distanciation, comme le préconisaient Diderot, dans son Paradoxe sur le comédien, puis Brecht ? Ou puiser en soi pour atteindre l'authenticité des sentiments de son personnage, comme le recommandaient Horace ou Stanislavski ? Qui mieux que les comédiens eux-mêmes pour répondre ? Dans Les Paradoxes du comédien. Cinquante regards sur le métier d’acteur (Gallimard), Laurence M...

Le sens de la formule

Edito Accueil - Publié le 05 Mars 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Qu'est-ce donc qu'une formule ? Les neuf contributions réunies par Emilia Hilgert, Georges Kleiber, Silvia Palma sous le titre La notion de formule en linguistique (Lambert-Lucas) apportent à la question une réponse à la fois générale, particulière et historique. Générale en ceci qu’elles établissent toute une palette de conceptions métalinguistiques de la notion de formule en sciences du langage, points de vue multiples conduisant à diverses passerelles entre les unes et les autres, pas toujours compatibles. Particulière parce qu’elles analysent des formats et des marqueurs formulaires spécifiques. Historique enfin, parce qu’elles enquêtent sur l’histoire de la notion et du mot formule lui-même. Rappelons la récente livraison de Fabula-...

Le poème, en temps réel

Edito Accueil - Publié le 05 Mars 2024 par Marc Escola

Dans Temps réel qui paraît dans la collection "Fiction & Cie" des éditions du seuil, qui couvre les vingt-quatre  premières années de notre siècle, Jean-Christophe Bailly fait le pari de "constituer le poème comme une forme entière et autonome, à distance des marges et des formats où il est le plus souvent relégué". Pratiquant bien des formes d’écriture qui ne relèvent pas directement de ce qu’on associe à la poésie : notations, mode didactique ou narratif, journal de bord, chansons, légendes, réflexions sur le temps ou sur le langage, souvenirs, tout contribue à le relancer. L’idée est celle d’une "littérature générale" où le poème rejoindrait et concurrencerait le pari du roman : un poème discontinu, qui fait...

Fictions du collectif

Edito Accueil - Publié le 29 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Rassemblements populaires, mondialisation, réseaux numériques, communautés, pratiques collaboratives, participatives ou solidaires : autant de manières d’habiter le monde contemporain, et de décliner la question du collectif sous le signe de l’interdépendance, du réseau et de la relation. Supervisé par Anne Cousseau, le volume Fictions du collectif dans le récit français contemporain (Hermann) se demande dans quelle place la littérature contemporaine fait à cette sensibilité nouvelle au collectif chez des écrivains aussi divers que Maylis de Kerangal, Laurent Mauvignier, Yannick Haenel, Annie Ernaux, mais aussi François Taillandier, Virginie Despentes, Aurélien Bellanger, Éric Reinhardt, ou encore Pierre Ducrozet ou Charles Robinson. Fab...

Sodome & Gomorrhe III

Edito Accueil - Publié le 28 Février 2024 par Marc Escola

"Non, il ne faut pas donner actuellement un autre titre que Sodome et Gomorrhe III à mes prochains volumes", écrivait Marcel Proust quelques semaines avant sa disparition. Ses éditeurs posthumes allaient en décider autrement. À l'initiative de François Proulx et de l'équipe Proust de l'Item, une journée d'étude qui se tiendra le 8 mars prochain à l'École normale supérieure (Paris) se propose de revenir sur le destin de ce tome fantôme d’À la recherche du temps perdu qui devait regrouper notamment ce que nous connaissons sous le double titre de La Prisonnière et Albertine disparue. On constatera que la biographie d’Alfred Agostinelli permet de compléter, confirmer et renouveler la chronologie de son élaboration. L’étude des problèmes géné...

Mallarmé entre les arts

Edito Accueil - Publié le 26 Février 2024 par Marc Escola

Dans Mallarmé entre les arts (Presses Universitaires de Rennes), Jean-Nicolas Illouz se propose de faire dialoguer Mallarmé avec Édouard Manet, Berthe Morisot, Claude Monet, Jean-François Raffaëlli, Odilon Redon, Edgar Degas, Auguste Renoir, Édouard Vuillard, James MacNeill Whistler, Paul Gauguin ou Debussy, pour mesurer la place – à la fois centrale et invisible – que Mallarmé occupe dans le champ littéraire et artistique qui voit la naissance de l’Art moderne. Pour le poète, le Naturalisme, l’Impressionnisme, le Symbolisme doivent être rapportés à une crise plus générale qui ébranle les fondements mêmes de la représentation, que celle-ci soit esthétique, politique ou religieuse. À l’opposé de l’œuvre d’art totale de Wagner, le Poème se...

Inventaire Jouhandeau

Edito Accueil - Publié le 25 Février 2024 par Marc Escola

Écrivain bourgeois, antisémite et "collabo", sexiste, bêtement réactionnaire, égotiste ad nauseam : Marcel Jouhandeau nous a donné toutes les raisons de ne pas le lire, et même de l'oublier. Mais il nous a laissé aussi une œuvre abondante qui compte de véritables chefs-d'œuvre, grands ou petits. Avec Marcel Jouhandeau. Inventaire (Presses de l'Université de Limoges, François Lagarde offre une manière de dictionnaire, qui résume, analyse et critique tous les livres, soit plus d'une centaine, de ce graphomane de génie. Rappelons la publication en 2021 dans les "Cahiers de la NrF" de la Correspondance (1923-1977) entre Michel Leiris et Marcel Jouhandeau, dans une édition Denis Hollier et Louis Yvert, que Fabula vous propose encore de feuill...

Rabelais cartes sur tables

Edito Accueil - Publié le 24 Février 2024 par Marc Escola

Sous le texte de Rabelais, la carte. Une carte sous-jacente, lacunaire, subsistant par fragments sous toute l’étendue des pages. Une carte ou des cartes en rouleaux, que l’on emporte sur le terrain et que l’on déploie, dans le cas d’un procès entre voisins ou d’un litige sur le bornage d’un champ. Les notaires se déplacent, mesurent, chaînes d’arpenteur étirées sur le sol. Cartes et plans que Rabelais met en oeuvre, à chaque étape de sa geste romanesque, du Pantagruel au Cinquième Livre. Frank Lestringant nous invite à lire Rabelais cartes sur table (Les Belles Lettres). Fabula donne à lire lire un extrait de l'ouvrage…

Annie Ernaux et la photographie

Edito Accueil - Publié le 24 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Accueillie par la Maison Européenne de la Photographie à Paris du 28 février au 26 mai prochains, l'exposition Extérieurs — Annie Ernaux et la Photographie associe des textes tirés du livre d’Annie Ernaux Journal du dehors, 1993 – une retranscription de scènes de vie quotidienne dans les rues, les trains, les magasins entre Cergy-Pontoise et Paris de 1985 et 1992 – à des œuvres de la collection de la MEP. La sélection de 150 tirages réalisés par 29 photographes parmi lesquel·les Harry Callahan, Claude Dityvon, Dolorès Marat, Daido Moriyama, Janine Niepce, Issei Suda, Henry Wessel et Bernard Pierre Wolff, couvre la période de 1940 à 2010. L'exposition est le fruit d'une résidence menée par la commissaire et écrivaine Lou Stoppard en mai 2...

Portraits de pays

Edito Accueil - Publié le 22 Février 2024 par Marc Escola

Longtemps absent des nomenclatures génériques, le portrait de pays peut être considéré comme un genre à part entière, qui se donne pour finalité non pas de proposer le récit d'un voyage ou de fournir des indications pratiques comme celles que l'on trouve dans les guides, mais bien plutôt de décrire des contrées : pays, régions ou villes. L'une de ses déclinaisons conjugue texte et photographies, depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Sous le titre "Portraits phototextuels de pays (XIXe-XXIe siècle). Généalogie et mutations d’un genre polymorphe", le numéro en libre accès de Mémoires du livre/Studies in book Culture supervisé par David Martens au lendemain d'un colloque de Cerisy examine la généalogie et certaines des principales évolut...

Avec qui aller au lit (au Moyen Âge)

Edito Accueil - Publié le 21 Février 2024 par Marc Escola

Au Moyen Âge, le lit est un extraordinaire lieu de vie. On le trouve non seulement dans la traditionnelle chambre à coucher de tout un chacun, mais aussi dans quantité de lieux différents, prêt à accueillir des hommes et des femmes désireux de s’y reposer et de donner libre cours à leurs pensées et à leurs émotions. Symbole de reconnaissance sociale, refuge contre le froid et les vicissitudes de la nuit, le lit médiéval est la pièce maîtresse où l’on reçoit et s’entretient avec ses hôtes, où l’on prend ses repas, joue aux échecs ou tient des rendez-vous galants… Sous le titre Au lit, au Moyen Âge, comment et avec qui qui paraît aux Belles Lettres, Chiara Frugoni raconte cette histoire dans un album agrémenté d’illustrations somptueuses. ...

La manie épistolaire de Cioran

Edito Accueil - Publié le 20 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

"La lettre, conversation avec un absent, représente un événement majeur de la solitude. Cherchez la vérité sur un auteur plutôt dans sa correspondance que dans son œuvre. L’œuvre est le plus souvent un masque", soutenait Cioran dont Gallimard révélèle la Manie épistolaire avec un recueil de Lettres choisies,1930-1991 éditées par Nicolas Cavaillès : cent soixante lettres sélectionnées parmi plusieurs milliers dans les archives personnelles de l'auteur, pour la plupart inédites, adressées à sa famille et à ses amis, en Roumanie puis en France, à ses pairs et à ses lecteurs. On y croise notamment Aurel, son petit frère séminariste, Mircea Eliade, Carl Schmitt, Jean Paulhan, François Mauriac, María Zambrano, Samuel Beckett, Armel Guerne, Rol...

Les questions d'Eugène Ionesco

Edito Accueil - Publié le 19 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

En donnant corps au théâtre de l’absurde, aux côtés de Samuel Beckett, Eugène Ionesco (1909-1994) a bouleversé à jamais les fondements et les codes du théâtre européen. Défenseur d’un art irréaliste prenant à contre-pied la tradition, il prône la dérision, l’action minimaliste, la répétition incessante qui fait perdre au temps tout son sens, l’impossible communication et ses conséquences (quiproquos, non-sens). La présence discrète du dramaturge s’impose avec l’invention de Bérenger, double assumé et récurrent, qui donne à voir non seulement toutes les angoisses, la peur de la mort, les questions métaphysiques qui assaillent le dramaturge, mais aussi son engagement à dénoncer les totalitarismes et leur rapide propagation, la monstruosité...

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