

Nicolas Bouvier dans le monde : réceptions et traductions

Nicolas Bouvier est devenu, en quelques décennies, un auteur de tout premier plan, à la fois en Suisse et en France, puis en dehors de l’aire francophone. Ses récits de voyage ont connu une large diffusion grâce à de nombreuses traductions en Europe et en Asie, qui n’ont pourtant jamais été recensées ni étudiées de manière détaillée. Un colloque s’est tenu à l’ENS de Lyon en octobre 2022 pour combler cette lacune, au moins partiellement, et les actes en sont réunis dans les Colloques en ligne de Fabula.
Jusqu’où s’étend aujourd’hui l’aura internationale de Bouvier, et dans quelles proportions son œuvre culte, L’Usage du monde, s’est-elle diffusée ? Comment l’écrivain genevois est-il lu hors de France et de Suisse, dans des langues et des cultures éloignées du contexte bien particulier qui lui a donné la possibilité de partir à la découverte du monde ? Comment lit-on, notamment, L’Usage du monde en Iran, ou Chronique japonaise au Japon ?
L’étude de la presse, des circuits éditoriaux et des manifestations culturelles — festivals, émissions, prix, expositions, hommages, avant et après la mort de l’auteur — permet de retracer la trajectoire de Bouvier, de la reconnaissance à la consécration dans le monde littéraire francophone, mais aussi anglophone — dans une moindre mesure —, à partir des années 1980. Les témoignages des traductrices qui ont directement travaillé avec lui donnent une idée de la relation privilégiée qui a pu s’établir dans ce cadre, de l’importance qu’il accordait à la matérialité de la langue et des difficultés concrètement posées par les textes. La réception s’est déployée en deux temps : si les traductions allemande, anglaise et italienne — mais aussi une première traduction japonaise dès 1994 — ont ouvert la voie du vivant de l’auteur, il a fallu attendre les années 2000 pour que s’enrichisse progressivement le spectre des traductions, avec le polonais, l’espagnol, le grec moderne, le chinois, le coréen et le persan.
- Introduction
Liouba Bischoff et Sarga Moussa - Enjeux de réception et fabrique de la consécration
- Le lecteur caché dans L’Usage du monde
Sarga Moussa - La réception de Nicolas Bouvier en Suisse, 1950-1985
Daniel Maggetti - Autour et au-delà de Saint-Malo : présence de Nicolas Bouvier dans la littérature française contemporaine
Liouba Bischoff - « Une sorte de seconde vie » : réception anglophone et renaissance helvétique de Nicolas Bouvier
Raphaël Piguet - Traductions et réceptions du vivant de l’auteur
- L’Usage du monde en langue allemande : traduction et réception d’un récit de voyage multilingue
Frank Estelmann - Les mots, les images et la musique. Un témoignage
Barbara Erni - Faire connaissance avec Monsieur Bouvier
Robyn Marsack - Un culte secret et dispersé : Nicolas Bouvier en Italie
Anne Marie Jaton - Traductions et réceptions posthumes. I. En Europe et en Russie
- L’œuvre de Nicolas Bouvier en espagnol : un transfert partiel pour un dialogue fécond ?
Isabelle Bleton - Savoir « apprivoiser le monde » ou Nicolas Bouvier en Pologne
Małgorzata Sokołowicz - Poésie en mouvement : la traduction en grec des tableaux géographiques de Nicolas Bouvier
Vasiliki Tsaita-Tsilimeni - « J’avais oublié ma vie au profit de LA VIE » : les enjeux de la première traduction de Nicolas Bouvier en russe
Anastasia Gladoshchuk - Traductions et réceptions posthumes. II. En Asie
- Le dehors et le dedans et L’Usage du monde traduits en persan : enjeux esthétiques et considérations critiques sur les choix de traduction
Vajiheh Zarei - Réception japonaise de Nicolas Bouvier : du Japon à l’écrivain-voyageur, de l’écrivain-voyageur au monde
Naoko Tsuruki - Nicolas Bouvier en Chine : réception, traduction et transplantation
Jingjing Yang - « Un livre de la sagesse » et un idéal de liberté individuelle : la réception de Nicolas Bouvier en Corée du Sud
Halia Koo