Colloques en ligne

Pour une littérature du care

© Lydia Flem, Et cetera, 2013, courtesy Galerie Françoise Paviot.

Agent politique et opératrice de transformation sociale, la littérature l’est autant par son rôle dans les processus de saisie de soi et d’émancipation personnelles qu’en tant que forme de savoir et pratique attentionnelle. L’émergence des humanités médicales, l’invitation des écrivains dans les hôpitaux ou les maisons de retraite, les récits consacrés aux diverses formes de la vulnérabilité et d’invisibilité contemporaines sont autant de signes de ce tournant relationnel qui conduit à décrire un vaste pan de la littérature à travers le vocabulaire du care.

Car la littérature et les arts ont investi le terrain du care avant même sa théorisation. Nombre de créateur.rice.s contemporain.e.s ont souhaité faire des ateliers d’écriture, des résidences ou des rencontres avec leurs lecteurs dans des lieux où se produit du care à travers l’hypothèse d’une médiation réparatrice de la poésie et de la fiction. Le pouvoir de dévoilement ou de redescription de la littérature lorsqu‘elle s’intéresse aux minorisé.e.s ou aux invisibles est de plus en plus associé à l’idée d’un soin langagier, narratif ou symbolique. Or, si, d’un commun accord, on fait remonter la problématisation de la notion de care à l’étude séminale In a Different Voice (1982 ; trad. fr. Une voix différente, 1986 et 2008) de Carol Gilligan puis à son versant politique avec Joan Tronto (Moral Boundaries, 1993, trad. fr. Un monde vulnérable, 2009) ; si la pensée du care a rapidement essaimé quasi en même temps dans d’autres champs  – en philosophie, en études politiques, en sociologie et psychologie sociale, cette problématique reste émergente, voire négligée, en littérature et plus généralement en esthétique.

Issu du colloque Caring lit’ / Pour une littérature du care organisé du 25 au 27 octobre 2021 par Alexandre Gefen, Sandra Laugier et Andrea Oberhuber à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne, le présent sommaire s'attache à la fois aux œuvres abordant le care dans ses dimensions pratiques et affectives, y compris les œuvres des siècles précédents, aux dispositifs littéraires performant le care, comme aux approches théoriques rattachant la lecture et l’écriture aux processus de care.

Textes réunis par Alexandre Gefen (CNRS — Université Sorbonne nouvelle) et Andrea Oberhuber (Université de Montréal)

et mis en ligne par Antoine Poisson (Sorbonne nouvelle)

DOI : https://doi.org/10.58282/colloques.8205